64e anniversaire de la création du GPRA : Un symbole de la renaissance de l’Etat algérien
La formation du GPRA (Gouvernement provisoire de la révolution algérienne) a été perçue, au lendemain même de l’annonce par Ferhat Abbas, son premier président, de sa mise en place au Caire comme un pas supplémentaire dans la longue marche du peuple algérien vers la reconquête de sa souveraineté.
Il était surtout le symbole de la gestation de l’Etat algérien qui allait renaître dans le concert des nations. Dans les forums, dans la presse ,la voix du FLN était certes déjà audible. L’Algérie en lutte avait sa troupe artistique, une équipe de football, mais un gouvernement avait plus de portée politique.
Bien avant l’indépendance, le pays avait un appareil dirigé par des ministres, une administration. Et dans beaucoup de cas, ce sont ceux-là mêmes qui ont dirigé ces ministères qui allaient se retrouver à la tête d’organismes algériens quand sonnera l’heure de la reconstruction du pays. De ce point de vue, si l’on songe au parcours d’un Benyahia, d’un Mehri et de nombreux techniciens, avocats et diplomates, c’est dans les «les laboratoires du GPRA» que de nombreux cadres ont été formés.
La naissance du GPRA était, pour les observateurs, une sorte de couronnement d’un processus qui vit les nationalistes algériens compter autant sur l’action armée que sur la bataille diplomatique. Beaucoup de textes doctrinaux, dont la plateforme de la Soummam, ont souligné l’importance de faire connaître la justesse et la légitimité d’un combat visant à consacrer des droits autrement que par le fracas des armes. Le FLN avait formé une armée de diplomates qui, de Bandung à New York, de Tunis à Accra, va mettre à rude épreuve les officiels français et battre en brèche leurs arguments. M’hamedYazid, Aït Ahmed, Fanon, Brahimi, Harbi…vont méthodiquement malmener les représentants de la France coloniale.
La mise en place du GPRA n’était pas une action née du hasard ou dans la précipitation. Dans les mémoires des dirigeants dont récemment ceux de Lakhdar Bentobbal, cette perspective était inscrite comme un projet qui donnera plus de visibilité et amplifiera la voix des militants qui savaient qu’une bataille dont on parlait dans les forums internationaux avait plus d’écho que celle qu’on remporte dans le djebel.
Les deux présidents du GPRA, Abbas et Ben Khedda, ont certes eu des destins contrariés par la marche de l’histoire. Toutefois, ils incarnent pour toujours ce rêve de restauration de l’Etat algérien dont le GPRA fut à la fois un étendard et un bouclier.
H. Rachid