861 projets en exploitation effective : Un point positif, mais insuffisant

Des mécanismes sont à mettre en place afin que l’administration court après l’investisseur et non pas l’inverse, selon l’expert en économie et cadre dans une entreprise publique Toufik Hentabli. Le but étant que des projets d’investissement ne fassent plus l’objet de gel pour cause de bureaucratie.

Il est toujours bon pour l’économie nationale, selon cet expert, de libérer les projets d’investissement, créateurs de richesse et d’emplois, de l’étau bureaucratique, comme c’est le cas des 861 projets entrés récemment en exploitation effective, pourvoyant 34.614 postes de travail. Ceci dit, toujours selon lui, afin que des projets ne soient plus gelés pour des motifs purement bureaucratiques, il est nécessaire de mettre en place des mécanismes qui obligent l’administration à courir dernière l’investisseur et non pas l’inverse. «Faire en sorte que la Présidence, le Premier ministère ou l’administration centrale ne soient plus obligés d’intervenir à chaque fois pour débloquer des projets, gelés sous des prétextes bureaucratiques», souligne-t-il, en estimant que le nombre des projets en exploitation effective est appréciable, mais reste insuffisant par rapport aux besoins de l’économie nationale et du marché du travail. Il faut créer, selon lui, 100.000 PME par an au moins pour répondre à ces besoins, dans les secteurs les plus demandés, tels que les matières premières, la poudre de lait, le colza pour la production d’huile et la betterave pour la production de sucre.
«Il est préférable de créer des PME et des TPE que de grosses entreprises. Ainsi, en cas d’échec, le nombre de personnes mises au chômage ne sera pas trop important. De même que l’impact financier ne sera pas trop lourd. La bonne nouvelle concernant les 861 projets relancés, c’est que la plupart sont justement des PME et des TPE, et la rentabilité sera à court et non à long terme», signale-t-il. Plus ces entreprises sont productives, poursuit-il, plus c’est mieux pour l’économie nationale. Car il y aura de la valeur ajoutée pour satisfaire le marché local et un meilleur potentiel à l’export.
«Plus les investissements sont bien étudiés et ciblés, plus le marché du travail est renforcé en matière de nouveaux postes d’emploi. Grâce à ces investissements étudiés, d’autres besoins vont émerger et donc d’autres projets entrepreneuriaux verront le jour», explique-t-il, espérant que l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat se montre plus souple avec les jeunes dans certains projets que ce dispositif considère trop risqués. Cette Agence, constate-t-il, rejette dans certains cas des projets sans donner des arguments quantifiés, par manque de compétence parfois et parfois par bureaucratie. «Tout projet débloqué est certes un plus pour l’économie nationale. Mais il ne s’agit pas juste de débloquer, il s’agit surtout de booster, d’inciter à la création d’un maximum d’entreprises, tous secteurs confondus. Rassurer également les jeunes, les mettre en confiance afin qu’ils concrétisent leurs idées innovatrices et se lancent dans l’action entrepreneuriale», conclut-il.
Farida Belkhiri
Déblocage des projets d’investissement : Les économistes insistent sur les facilités bancaires
La levée des obstacles bureaucratiques sur les projets d’investissement a porté ses fruits en créant 34.614 emplois. Lors du dernier Conseil des ministres, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’est montré ferme sur la question de la levée des obstacles bureaucratiques, appelant même à la révision des textes de loi régissant l’investissement local.
Selon l’expert économiste, Nabil Djemaâ, si le chef de l’Etat affiche son intransigeance, c’est pour dégripper la machine économique face à une bureaucratie entravant toute velléité d’investissement. «Depuis la rencontre nationale sur la relance de l’investissement, le président de la République ne cesse d’insister sur le déblocage des projets d’investissement gelés. « Cette fois il a réitéré son appel à lever ces obstacles et réviser la loi sur l’investissement local, afin d’attirer le maximum de capitaux», note  Djemaâ. Et d’ajouter : «A mon avis, le président de la République est clair dans son message relatif à la question de l’investissement et la révision de la loi. Il veut en finir avec le diktat imposé par ces commissions de wilaya ou de daïra qui traitent les dossiers d’investissement avec cette ambition de blocage», estime l’économiste. Selon Djemaâ, le président de la République, « contraint de jouer le rôle à la place du guichet unique »,  devra s’attaquer en alternance à la révision de la loi sur la monnaie et le crédit. Il explique que plusieurs autres investissements n’ont pas pu être réalisés a cause de l’accès aux crédits bancaires. Il cite l’exemple des investisseurs ayant bénéficié de centaines d’hectares de terrains pour se lancer dans l’agriculture, notamment les céréales, et qui sont bloqués par la banque qui exige l’hypothèque des terrains. «Des centaines d’investisseurs dans la PME-PMI sont également bloqués à cause de l’hypothèque. A mon avis, il faut trouver des mécanismes juridiques qui débloquent l’investissement et qui assurent en même temps le remboursement du crédit à la banque», souligne-t-il, avant d’insister sur la révision de la loi sur la monnaie et le crédit qui, selon lui, constitue l’autre blocage majeur de l’investissement.
Pour l’économiste  M’hamed Hamidouche, le problème de la levée des obstacles sur les projets d’investissement demeurera si l’Etat n’agira pas avec fermeté et pragmatisme. Il donne l’exemple de l’inactivité du guichet unique qui est censé résoudre les problèmes auxquels font face les investisseurs. A ce sujet, il estime que la révision de la loi sur l’investissement doit prendre en charge tous les obstacles bureaucratiques que rencontrent les investisseurs en matière de crédits bancaires et de foncier industriel. «A mon avis, il faut changer l’appellation de la loi sur l’investissement par l’initiative sur l’investissement qui devra englober tout le processus de l’investissement étranger et national», préconise-t-il, appelant les hautes autorités de faire preuve de pragmatisme dans la prise de décision économique. Il donne l’exemple de certains pays scandinaves où l’acte de l’investissement se fait dans un cabinet de notaire ou d’un avocat.
M. Benkeddada