Abdelhamid Ben Badis: Combat contre l’ignorance et l’aliénation

Le nom de l’imam Abdelhamid BenBadis (1889 -1940)est apparu au grand jour à un moment où la France coloniale, qui venait de célébrer, avec faste, le centenaire de la colonisation, croyait que rien ne pouvait ébranler sa présence en Algérie.

La création de l’Association des oulémas musulmans en 1931 était  un refus d’une politique bâtie sur l’expropriation et le séquestre des terres, la violation des droits les plus élémentaires des Algériens, réduits au statut infamant d’indigènes.

La majorité, qui était privée d’instruction, subissait l’arbitraire de l’administration.

Après la disparition de Ben Badis, le 16 avril 1940, l’association sera dirigée par Cheikh BachirEl Ibrahimi et jusqu’ à ce qu’elle  intègre les rangs du FLN en 1956  sera un acteur important sur la scène politique et culturelle.

Aux côtes du PPA-MTLD et de la Fédération des élus qui deviendra l’UDMA du parti communiste algérien elle   sera un des courants du nationalisme algérien qui défend les idéaux de liberté et de justice. Toutes ses actions portent sur l’amélioration du sort des Algériens et le respect de leur culture qui, pour l’essentiel, repose sur l’Islam.

Beaucoup d’historiens ont écrit sur l’apport des oulémas qui, sans être toujours en confrontation directe avec les autorités coloniales, ont permis à de nombreux jeunes de prendre conscience de leur différence et de s’armer de la foi et du savoir qui nourriront chez eux le refus de l’ordre colonial.

Beaucoup d’élèves qui sont passés par les medersas libres de l’association deviendront des militants du FLN et payeront de leur vie,à l’instar de Cheikh Larbi Tebessi et l’écrivain Rédha Houhou cet engagement patriotique.

Le choix de la dénomination libre pour les 150 écoles des oulema s’explique par une volonté de se démarquer des établissements gérés par les autorités coloniales. Certaines comme Dar El Hadith de Tlemcen seront, comme le rappelle Ahmed Taleb Ibrahimi dans ses mémoires,«de véritables complexes religieux et culturels».

On ne se contentait pas d’enseigner la langue arabe, on y encourageait les activités culturelles et l’instruction des filles dont certaines comme Zhor Ounissi seront très connues. L’action des oulémas se menait sur le front de l’information car des publications comme Echihab ou El Bassair ont été lancées dans un contexte où l ‘arabe était considé comme langue étrangère. Ben Badis a très tôt pris conscience que l’instruction est la seule lumière qui peut dissiper les ténèbres de la nuit coloniale pour reprendre Ferhat Abbas. C’est en réponse à celui-ci qu’il écrivit son célèbre poème«ChaâbEl Djazaïrmouslimoun» où il proclama son refus de l’assimilation. Depuis, son nom reste lié à la quête du savoir qui, pour reprendre un célèbre hadith, débute dans le berceau pour s’achever dans le tombeau.

 

Samira Belabed

 

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