Promotion du rôle économique des collectivités locales : Le management, un défi majeur

Selon l’article 17 de la Constitution, les collectivités locales de l’Etat sont la commune et la wilaya. Il est dit aussi que la commune est la collectivité de base. L’article 19 stipule que l’assemblée élue constitue l’assise de la décentralisation et le lieu de la participation des citoyens à la gestion des affaires publiques. Ainsi la commune représente l’échelle de base parce qu’elle est un espace privilégié de concertation, d’animation socioéconomique et d’exercice de la démocratie.

Mobiliser les énergies en son sein reste un facteur indispensable au développement du pays, notamment en menant des politiques publiques bien établies afin d’influer sur le vécu du citoyen. Pour se distinguer au niveau national sur le plan économique, les communes s’appliquent peu à peu à rentabiliser des investissements pour assurer un développement à la hauteur des défis de l’heure. Si des leviers juridiques ne manquent pas pour tracer une perspective économique locale, les leviers managériaux, eux, sont moins présents pour ne pas dire inexistants, disent certains élus.

De l’avis de plusieurs experts en développement local, le défi majeur qui s’impose aux communes tient à leur capacité à « porter un projet de société politiquement mûr et économiquement réfléchi » pour créer de la valeur dans leur territoire. Pour d’autres économistes, les capacités techniques et managériales des communes sont à promouvoir. Et d’estimer qu’il y a urgence de renforcer les prérogatives des élus locaux dans le domaine économique pour faire de cette entité le maillon fort de l’économie nationale.

Interrogé récemment par des députés sur le rôle économique des communes, le ministre de l’Intérieur, Brahim Merad, a souligné que la loi communale en vigueur permet aux élus locaux de procéder à la création des établissements économiques, notamment des établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) pour booster leur économie et s’affranchir progressivement des subventions de l’Etat. Et d’ajouter que pareille démarche demeure l’objectif des autorités publiques au regard des riches potentialités locales méritant une exploitation optimale, a-t-il rappelé.

« Le problème n’est pas d’ordre juridique il tient particulièrement au manque d’esprit créatif au niveau de certaines communes», signale le P/APC de Chorfa (W. Bouira), Chemlal Dai.  Et même si des initiatives économiques sont prises par certains élus, le maire affirme qu’elles butent malheureusement sur le manque de soutien. « Cela explique dans une large mesure les hésitations constatées parmi les élus locaux sur le plan économique », soutient-il.

Autrement, la commune doit surpasser la mission classique qui lui est assignée, consistant en particulier à s’occuper de la voirie et des réseaux ainsi que de la prise en charge des écoles, estimant que « le rôle économique lui est consubstantiel ».  Le P/APC de Chorfa note une dfférence entre certaines communes riches et celles en manque de ressources, expliquant que le développement d’une commune repose essentiellement sur une vision économique qu’il va falloir instituer au niveau de chaque APC. « La perspective économique que j’ai portée depuis mon installation tenait à sortir cette collectivité de ses missions traditionnelles en travaillant à l’amélioration des opportunités économiques  pour lui garantir une bonne relance », fait-il savoir.

Un développement  sous certaines conditions

« La commune peut travailler à la création de la richesse et d’emploi sous certaines conditions », dit le même édile, citant en premier lieu l’accompagnement des élus par tous les niveaux de responsabilité à l’échelle locale, chose qui permettra à la commune de s’engager dans une véritable dynamique économique qui profitera à tous les citoyens et investissements en matière d’emploi et d’économie locale. Et de revenir sur l’importance de promouvoir un cadre intercommunal pour lancer certains projets communs, notamment au niveau des axes frontaliers où des potentialités importantes peuvent être cogérées, s’est-il expliqué.

Autre élément à pendre en compte, selon le président de cette APC, il s’agit d’élaborer un plan de développement local qui devra reposer sur une approche participative impliquant une variété d’acteurs et d’experts au niveau local, en insistant sur la promotion de la culture d’investissement et la vision économique, jugées moins visibles, parmi les exécutifs communaux. Pour cet élu, tout projet d’investissement doit bénéficier d’une adhésion de la société pour pouvoir le mener à son terme.

La commune de Chorfa voulait initier certains projets écologiques dont l’aboutissement a beaucoup tardé, faute de volonté d’action, a-t-il relevé. Pour relancer cette collectivité, il a plaidé pour une solution adaptée à la nature géographique de cette région, constituée de terrains agricoles pour réaliser des investissements productifs en fonction de ces spécificités. L’enjeu réside aussi, vu le manque de sites disponibles, dans la réalisation de nouveaux équipements publics au profit du citoyen, a-t-il rappelé.

Outre les facteurs censés encourager l’action des élus à l’instar de leur couverture juridique, la valorisation de la ressource humaine qualifiée à l’échelle communale, il a indiqué que les élus doivent mener un autre combat sur plusieurs fronts, notamment contre la bureaucratie, les résistances humaines et les partisans du blocage pour faire les choses convenablement sur le plan économique », reconnaît le P/APC de Chorfa. En dépit de son classement parmi les petites communes de la wilaya, les ambitions de cette collectivité restent, cependant, grandes, d’autant plus qu’elle vient d’arracher un projet de création d’une zone d’activités.

« Les responsables locaux doivent se poser en fins connaisseurs de leur territoire » afin de concevoir des plans de développement nécessaires à la promotion du cadre de vie du citoyen, précisant que chaque collectivité dispose de ses propres atouts économiques, touristiques et agricoles. Questionné sur les chantiers à venir dans cette commune, il a affirmé après avoir salué le fait que Chorfa est parvenue à tenir son équilibre financier, que le développement des investissements dans les secteurs de l’huile d’olive et des fruits secs reste une priorité pour la commune.

Pour y parvenir, aux dires de l’élu, les gens ne doivent pas être moins chauds dans le travail, alors que le pilotage des projets au niveau local implique une flexibilité et adaptabilité aux enjeux de développement, notamment entre les élus et les gestionnaires administratifs. En outre, il a relevé que les obstacles se dressant devant les élus actifs doivent être levés pour asseoir un climat favorable à la prise d’initiatives économiques à l’échelle communale.

Pour une instance locale de gestion des cas complexes

Dans bien de cas, les élus se trouvent confrontés à certaines réserves et parfois à des interprétations différentes d’une même réglementation, d’où la nécessité, recommande-t-il, d’envisager la création d’une instance locale pour trancher sur certains cas souffrant d’approbation à l’échelle locale. Ceci contribuera, selon le P/APC, à accélérer les projets et éviter le recours à l’intervention des autorités centrales dont le traitement prend beaucoup de temps, soutient-il.

Par ailleurs, Chemlal Dai se dit optimiste quant à l’avenir économique de sa commune. Une fois la zone d’activités mise en service, il trouve que son exploitation effective pourra stimuler l’emploi dans la région où plus de 4000 postes directs et indirects devront se créer. Et de faire remarquer que depuis l’établissement de l’arrêté instituant cette zone, l’APC n’a pas cessé de recevoir une réaction importante d’investisseurs issus de plusieurs wilayas pour d’éventuels projets d’investissement dans la région, d’autant que, rappelle-t-il, ladite zone jouit d’une position géographique attractive. Force est de constater que cette remise au premier plan du rôle économique des collectivités locales, notamment les communes a constitué un axe central dans la démarche prônée par le président de la République pour revitaliser l’économie locale.  Rappelant la nouvelle vision des pouvoirs publics consistant à soutenir la création de la richesse à l’échelle locale, le ministre de l’Intérieur a indiqué que près de 142 mini-zones d’activités de 433 ha devraient booster prochainement la rentabilité économique des communes.

Merad n’a pas manqué de souligner qu’il est souhaitable aussi que les communes puissent œuvrer à la réalisation des projets générateurs de richesse par leurs propres moyens financiers. « Nous encourageons cette démarche et rappelons incessamment aux élus locaux les facilitations engagées dans ce sens pour promouvoir ces initiatives économiques », a-t-il affirmé. Dans la même optique, la commune s’attèle à relever constamment les défis de la mobilisation des compétences, l’écoute des citoyens et experts, la numérisation des processus de gestion et des services publics pour se constituer en véritable locomotive du développement.

Hanny T.

Bouton retour en haut de la page