Le Dr Lynda Oumnia-Idir assure gratuitement le suivi de patientes qui du cancer ayant subi une ablation du sein. Elle revient, dans cet entretien, sur la nécessité de suivre un bon régime alimentaire pour éviter cancers et pathologies chroniques et prodigue maints conseils.
La malbouffe est incriminée dans le déclenchement de plusieurs maladies, notamment le cancer. Les cancéreux doivent-ils suivre un régime spécifique ?
Une alimentation équilibrée peut prévenir les maladies, mais il n’y a pas pour un cancéreux un régime spécial qu’il doit suivre à la lettre. Le plus important est d’adopter une alimentation saine car fruits et légumes peuvent éviter tous les types de cancer. Il est important aussi de consommer des aliments de saison. Je conseille de prendre surtout des légumes verts riches en eau et pauvres en densité énergétique comme le chou, le chou-fleur et les brocolis. La fraise, le raisin, la pastèque, la pomme, la cerise, l’orange, le citron et le kiwi sont aussi riches en polyphénols et ont des propriétés antioxydantes. Plus le PH est élevé dans le corps, plus le risque de tomber malade augmente.
Le sucre raffiné, les farines blanches et les viandes rouges sont aussi déconseillés ?
Manger régulièrement des sucreries et des aliments ayant un index glycémique élevé, comme le pain blanc, les gâteaux, les pâtes, les céréales raffinées, augmente le risque d’avoir un cancer. En Algérie, le taux du sucre dans les yaourts dépasse de loin les normes internationales. Nos biscuits sont aussi très sucrés, gras et l’huile de palme est très mauvaise. Les boissons sont aussi riches en sucre, en colorants et conservateurs, connus pour être des perturbateurs endocriniens. Ces derniers sont mauvais pour le sein et la thyroïde, particulièrement chez la femme enceinte. En donnant à vos enfants une bouteille de limonade, vous êtes en train de l’exposer aux risques d’avoir un cancer. Boissons, viandes et tous les aliments riches en sucre et en gras sont des bombes à retardement. Ce sont des aliments pro-inflammatoires.
Qu’est-ce une alimentation anti-inflammatoire ?
On a commencé à parler d’un anti-inflammatoire à partir de 2015. Les études ont démontré que toutes les maladies ont un lien direct avec la maladie. Une alimentation anti-inflammatoire joue un rôle dans l’atténuation du processus inflammatoire et contribue à la réduction de poussées pour certaines maladies inflammatoires et chroniques. En nutrition, on va jouer sur ces paramètres qui accélèrent le processus inflammatoire. Il faut dès lors réduire la consommation des aliments riches en mauvais gras.
Vous avez publié un guide de la bonne alimentation destiné aux enfants et aux adolescents. Pourquoi avoir ciblé ces deux tranches d’âge ?
Vers la fin de l’année scolaire 2022-2023, j’ai fait une tournée dans quelques établissements scolaires privés pour inciter les écoliers à manger sainement. Mon objectif d’éviter à ces enfants d’être touchés par la pandémie mondiale qu’est l’obésité. Je profite de l’occasion pour lancer un appel au secteur de l’éducation nationale pour présenter ce guide à un maximum d’élèves.
Est-ce qu’une alimentation saine coûte cher ?
Pas forcément. Au contraire, les fruits et légumes de saison se vendent moins cher. Il faut aussi réduire la consommation de viande rouge et remplacer celle-ci par la sardine peu onéreuse.
Vous assurez un suivi gratuit de patientes, parlez-nous de cette initiative
Le suivi des malades, précisément les femmes atteintes du cancer, me tient beaucoup à cœur. On assure un suivi gratuit à celles qui ont subi une mastectomie pour les aider à mieux cicatriser et leur offrir un accompagnement nutritionnel. Tous les spécialistes disent que notre santé est dans notre assiette avant, pendant et après la découverte du cancer, en particulier du sein. Avoir une plaie mal cicatrisée peut avoir des effets sur le bien-être psychique de la malade. Dans le protocole de prise en charge, il ne faut pas oublier le côté esthétique qui compte beaucoup.
Entretien réalisé par Samira Belabed
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