Hommage : Hasna El-Bacharia, une icône de la musique Diwane

Hasna El-Bacharia, célèbre interprète du chant et musique Diwane décédée mercredi à Béchar à l’âge de 74 ans, est considérée dans le milieu artistique et par ses admirateurs d’ici et d’ailleurs, comme une icône qui aura marqué, durant près d’un demi-siècle, ce style musical du Sud-Ouest algérien.

Cette célébrité lui vient du fait qu’elle soit la première femme de toute l’histoire de la musique Diwane à jouer avec perfection du Goumbri, cet instrument de musique ancestral à cordes réservé jusque-là aux hommes, appelés précisément « Maâlims » (Maîtres), selon les propos d’Abdelmadjid Ziane, musicien au groupe Diwane El-Waha.

Maitrisant également à la perfection d’autres instruments de musique comme la guitare, le luth, la mandole et l’harmonica, la défunte artiste a laissé derrière elle un riche répertoire de chants et de musique, reflétant la richesse du patrimoine culturel de la Saoura, a indiqué, pour sa part, Noureddine Rahou, président de l’Association culturelle et artistique saharienne.

Native de Béchar en 1950, la défunte a durant toute sa carrière artistique, pris une part très importante dans la mise au-devant de la musique Diwane, de même qu’elle a contribué à travers ses œuvres à préserver un pan du patrimoine culturel du pays en l’occurrence la musique Diwane, ont-ils souligné.

Rendue célèbre localement, durant les années 70, à travers son animation des mariages et autres fêtes familiales à Béchar et à travers aussi d’autres villes du Sud et du Nord du pays, Hasna El-Bacharia a rejoint Paris (France) dans les années 90, où elle s’est fait connaître au large public via son tube « Djazaïr Johara » (L’Algérie, la perle).

Cet album a permis son lancement sur la scène nationale et internationale où elle donnera plusieurs représentations en Europe notamment en France, Italie, Portugal, de même qu’au Canada et en Egypte où a elle a fait connaître davantage la musique Diwane au féminin, au grand public.

L’artiste a aussi contribué avec l’autre chanteuse phare de Béchar Souad Asla, à la création et aux tournées nationales et internationales du groupe féminin « Lemma », de chant et musique de la Saoura, et ce, dans le but de mettre en exergue le patrimoine musical féminin de cette région du Sud-ouest du pays.

Grâce à sa dextérité dans le jeu du Goumbri et son long parcours artistique, la réalisatrice algéro-canadienne Sara Nacer, lui a consacré un film-documentaire intitulé « La Rockeuse du Désert », d’une durée d’1h15 min, tourné et réalisé sur une période de presque dix (10) ans, qui constitue un portrait intime et profond de Hasna El-Bacharia.

Sorti en 2022, ce film qui se veut un hommage a la défunte artiste a décroché plusieurs prix et récompenses internationales notamment le prix du meilleur long métrage documentaire catégorie « Regards d’ici » au Festival international « Vues d’Afrique de Montréal (Canada) en 2022, prix du meilleur long métrage documentaire au San Francisco (USA) Arab film-festival en 2022. Il a également reçu le prix du meilleur film réalisé par une femme au Swedish International film festival (Suède) en plus du grand prix du jury du film-documentaire (Bantu du Jury) au Festival international de films africains et afro-descendants « Bangui : Fait son Cinéma », (République centrafricaine).

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