Lhadj Meshoub, directeur de la  culture de la wilaya de Blida : «Nous manquons d’infrastructures»  

Lors d’une rencontre, le premier responsable de la culture établit un diagnostic du secteur. Il évoque la situation notamment des monuments historiques, des salles. S’il se montre quelque peu impuissant et ne cache nullement une volonté de mieux faire.

Des monuments historiques qui datent des 14 et 15es siècles, délaissés depuis des années, risquent de disparaître. Pourquoi cet abandon? 

Il est vrai que certains ont subi une dégradation pour de multiples raisons, mais, on est intervenu pour les préserver. On a aussi procédé à un inventaire de cette richesse culturelle.  Sept édifices sont répertoriés dans le registre des monuments historiques. Outre la mosquée Hanafite qui date de l’époque ottomane, la liste renferme la mosquée Ben Saâdoun Ben Baba Ali qui se dresse au cœur de Blida, le mausolée de Sidi Ahmed El-Kebir (1519-1568)restauré en 2009 et celui  de Sidi Yacoub Al Sharif qui date du 16e siècle où un processus de restauration a été enregistré, une étude a été achevée, mais les travaux sont restés suspendus en raison de l’exploitation du lieu par des familles. Le patrimoine est en état de dégradation avancée, comme le palais Aziza, un monument historique de la période ottomane. La structure de certaines de ses demeures a été modifiée. Notre intervention a , toutefois, sauvegarder le quartier El-Joune (XVIe siècle). Enfin, le dernier site historique est celui des Douirette (XVIe siècle) où certaines  demeures ont été également  modifiées

Est ce qu’une étude a été faite pour inscrire ces monuments au patrimoine culturel ?

 Les mosquées Ben Saâadounet Hanafite, les mausolées de Sidi Yacoub, Sidi El Kebir et Dar Aziza sont inscrits dans l’inventaire supplémentaire des biens immobiliers culturels de la wilaya afin de les classer sur la liste des biens culturels nationaux. Un dossier spécial a été élaboré pour classer la vieille-ville, quartier Al-Douirette, comme secteur préservé. Un processus spécial a également été enregistré pour élaborer un plan de protection de la ville, mais celui-ci a été gelé..

Mais pourquoi ce peu d’intérêt au secteur de la culture ? 

Pendant quatre ans,  aucune subvention n’a été octroyée à une wilaya qui a pourtant de grandes potentialités dans le domaine du patrimoine matériel et immatériel. Cependant, le secteur culturel a bénéficié de 32 opérations, dont l’étude et l’achèvement. Parmi celles-ci,10 sont en cours (9 opérations d’études et de suivi et 1 opération d’achèvement), 9 opérations d’études, 7 achevées et 2 sont  en cours de réalisation (la bibliothèque située au centre de la commune d’Ouled Yaich, un bibliothèque urbaine de la commune de Meftah), alors que l’opération 1 est en cours de réalisation. La réalisation concerne des travaux urgents de restauration de Dar Aziza.P our ce qui est des projets gérés par la Direction de la reconstruction, du bâtiment et de l’architecture, on cite l’exemple de la maison de la culture, que le ministère a refusé de réceptionner, car le projet non conforme au programme cadastral des maisons de la culture. Par contre, le processus d’études de différents projets de construction de bibliothèques affiliées au secteur culturel est terminé et ils sont les suivants :

– Un projet de bibliothèque dans un centre urbain huppé de la commune d’Ouled Yaïch

– Une bibliothèque dans un centre semi-urbain des communes de Chiffa et Oued Djer. -Une bibliothèque dans un centre urbain dans chacune des communes de Boufarik, Beni Merad, Bougara, Mouzaya et Meftah.

Parmi les bibliothèques sectorielles réceptionnées, il y a celle de la commune de Larbaa. Une structure équipée de plus de 3.300 titres dans tous les domaines, acquis au cours de cette année. Il y a également la bibliothèque de la commune de Bouinane qui a été réceptionnée et équipée de plus de 5.300 titres ont été acquis dans tous les domaines. Il est important de le citer, toutes ces bibliothèques n’ont pas une décision de création.

Blida manque tout de même de structures pour abriter des manifestations culturelles…

Absolument, c’est le maillon manquant de la chaîne.  Malheureusement, les projets de construction d’un théâtre  régional et d’un musée ont été  gelés. De manière générale, la wilaya  manque d’équipements culturels, ce qui nécessite une intervention pour lever le gel de certains projets afin de valoriser le patrimoine culturel et intellectuel de l’Etat.

 Pourquoi ne pas exploiter les salles de cinéma abandonnées depuis des années ?

Dommage que celles-ci soient gérées par les APC.  Blida compte 12 salles de cinéma, mais si certaines sont détruites, d’autres ont changé de vocation. Les travaux de réhabilitation de la salle de théâtre Mohamed-Touri, gérée par l’APC, lancés il y a plus de quatre années ne sont pas toujours terminés.  C’est le même constat s’agissant de la restauration de la salle de théâtre ex-Colisée de Boufarik .

 L’activité culturelle reste néanmoins timide… 

La wilaya enregistre une léthargie à cause surtout du manque de subventions  depuis plus de quatre années. De plus, aucun wali n’accordait un grand intérêt au secteur. J’espère que le nouveau va relancer l’activité culturelle dans la wilaya afin de combler le vide culturel dont beaucoup se plaignent depuis des années. Cela dit, même avec peu de moyens, on a maintenu, dans la majorité  des communes, des activités lors de la commémoration des  fêtes nationales, du mois du Patrimoine et pendant les nuits du Ramadhan.

Un riche programme culturel et artistique a été présenté pendant la saison estivale dans la majorité des communes, dont celle de Chréa où les familles veillent  tard la nuit. On a organisé aussi des journées de l’humour et du rire à Blida, du chant bédouin et de la poésie et  la première édition d’un festival de  la chanson engagée Abderrahmane Aziz. Une manifestation  nationale dédiée au monologue à laquelle ont participé des comédiens venus de18 wilayas s’est enfin déroulée  dans la commune de Meftah.

M. B.

 

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