M’hammed Bouheddadj est artiste peintre, sculpteur et graveur. Originaire de Tlemcen, il expose à la galerie Baya, du palais de la culture Moufdi Zakaria à Alger, jusqu’au 14 octobre. Son œuvre s’inspire principalement d’un héritage pictural gravé dans la roche du massif du Tassili.
Interrogé sur les sources de son inspiration, il explique que pour son travail s’inspire énormément des gravures rupestres du Tassili. Il revendique fortement cette culture figée dans la roche et dans le temps et qui date de plus de 8000 ans . C’est à la fois dit-il « la source principale de notre culture artistique et la preuve indélébile de notre appartenance africaine « . Pour autant, il ne tourne pas le dos à la contemporanéité, l’époque à laquelle il appartient avec tout ce qu’elle charrie comme joies et angoisses. D’ailleurs, ses peintures sont plutôt variées et il n’y a pas chez lui de style déterminé. Le figuratif côtoie le semi abstrait et d’autres styles, car il ne se revendique d’aucune école et peint selon l’inspiration du moment. Il ressemble dira t- on à une abeille qui butine plusieurs sortes de fleurs. Pour lui, un artiste ne doit pas se figer dans une seule école. Autrement dit, il risque de se bloquer dans sa démarche artistique.
Parlant de ses procédés, il fait remonter des souvenirs d’enfance. Écolier, il se rappelle que ses camardes et lui se serviraient d’une plume et de l’encre. Il arrivait parfois qu’une goutte d’encre tombe sur sa feuille. Il s’amusait alors à la transformer en dessin, pour échapper aux remontrances de l’instituteur. Selon ce qu’elle m’inspire, elle pouvait devenir un arbre, une fleur ou un rocher. Visiblement, il a gardé cette façon de faire. Il met plusieurs taches de différentes couleurs sur sa toile et laisse tout sécher.

A l’en croire, c’est la tache elle-même qui lui parle et lui dicte les formes qu’elle souhaite prendre. « C’est une matière que j’ai créée moi-même par le mélange de divers produits. Il m’a fallu deux années pour trouver la matière idéale pour mon travail », explique t-il. Pour la sculpture, il commence par une armature en métal qu’il enduite ensuite de cette matière qui donne une texture particulière, proche du bois.
Bouheddadj se dit autodidacte. Il a découvert sa passion alors qu’il était gamin dans sa ville natale. « J’ai vu des femmes kabyles fabriquer des poteries, devant notre maison. J’étais fasciné par leur travail et je restais là à les observer », confie t-il. Il se souvient encore de l’une d’entre elles qui lui avait donné une motte de terre qu’il a commencé à façonner. La découverte du plâtre fut une autre étape dans son cheminement. « Mon père m’achetait lui-même du plâtre. Il préférait me voir modeler mes sculptures que d’aller trainer dehors », raconte t-il en souriant. Il a ensuite exposé à la maison de l’artisanat de Tlemcen. Puis avec le temps il a pris de l’assurance et maitrisait mieux son art. Depuis, il a exposé à plusieurs reprises en Algérie et à l’étranger. Ce qu’il montre à voir à Alger vaut le détour.
Hakim Metref
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