4e anniversaire de la disparition d’Idir : Chasseur des mélodies

Quatre années après de sa disparition le 02 mai 2020 à l’âge de 74 ans, Idir, de son vrai nom Hamid Chériet,  l’icône de la chanson algérienne d’expression kabyle, est toujours vivant dans le cœur et la mémoire de ses fans mais aussi du monde artistique et culturel.

Pour commémorer sa mémoire et le 4ème anniversaire de sa disparition, un riche programme a été concocté à cet effet par  l’APC de Beni-Yenni, sa région natale, l’APW et la direction de la culture de la wilaya. Un programme qui s’étale sur trois jours.  Pour la première journée, celle du jeudi, 2 mai 2024, elle a été marquée dans la matinée par l’inauguration à l’effigie de l’artiste à l’entrée de son village natal, Aït-Lahcène. Et ce en présence du  président de l’APW, Mohamed Klalèche, de la directrice de la culture de la wilaya, Mme Nabila Gouméziane, du président de l’APC d’Ath-Yenni, Abdellah Djenane  et du chef de daïra, ainsi que de très nombreux fans de l’artiste.

Cette statue à la couleur platinée a été financée par l’APW de Tizi-Ouzou à raison de 500 millions de centimes. Selon de nombreux avis, cette effigie représentant l’auteur de Vava Inouva, est d’une grande dimension artistique. Il faut rappeler par ailleurs  que cette journée de jeudi dernier a été marquée dans l’après-midi par la tenue d’une rencontre  organisée au petit théâtre de la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou autour du thème intitulée : « Idir : entre l’écriture poétique et le chant ». Rencontre littéraire animée par trois universitaires, spécialistes de la vie et l’œuvre artistique du disparu, en l’occurrence. Ainsi les professeurs Laceb Djamel, Hacène Helouane et Moussa Imarazène ont chacun de son côté présenté  des communications qui ont été suivies avec beaucoup d’attention tant, elles ont été de haute facture.

L’intervention de Moussa Imarazène qui avait porté sur la signification de la chanson « A vava Inouva » a  révélé que cette célèbre chanson, dont l’écriture revient à Ben Mohamed, est tirée d’un conte de la mythologie kabyles. Toutefois, il précisera que seul le premier couplet de cette chanson est puisé de ce conte «  sinon le reste des paroles  est l’œuvre de Ben Mohamed » dira-t-il, non sans préciser  que « c’est Idir qui  a mis la  musique et chanté le texte au début des années 1970 ».

Tout au long de son intervention le conférencier avait abordé les côtés mythologique, mystique,  philosophique, sociologique de la chanson. Quant à la complainte de la jeune fille appelant « A vava inouva », « ce n’est autre que la complainte de tamazight. Autrement dit, ce besoin de revaloriser la langue et la culture amazighes » ajoutera-t-il.  De son côté, le Pr Djamel Laceb a mis un accent particulier sur la quête et la recherche méthodique d’Idir d’une part  et la profondeur et l’ancienneté de la mythologie kabyles d’autre part.  Ainsi, il soulignera que « la mythologie kabyle fait partie des anciennes sinon la plus ancienne mythologie de toutes les mythologies existantes, pour ne pas dire à l’aube de l’humanité ».

Quant au Pr Hacène Melouane, il  s’est lancé dans la comparaison entre  Idir et Mouloud Mammeri,  notamment leur points commun. « Tous deux sont natifs et originaires de Beni-Yenni. Ils sont morts à peu près au même âge, 72 ans pour le premier et 74 ans  pour le second. Ils  avaient la même passion  celle de la recherche des racines et de l’identité Amazigh », a t-il indiqué.  Autres points communs relevés par le conférencier se trouve dans la pensée des deux hommes disparus.« Si le style de la recherche n’est pas le même, les motivations de deux hommes sont les mêmes » dira-t-il, en évoquant les travaux littéraires de Mouloud Mammeri, et les  textes poétiques du chanteur Idir.

 Le Pr Hacène Helouane  a, également, évoqué l’arrivée d’Idir à Alger en ce début de la décennie 1970. « A son arrivée dans la capitale, il commencera à fréquenter les milieux intellectuels. C’est dans ces cercles intellectuels qu’il découvrira la dimension  de la revendication amazighe en se rendant compte  qu’il n’était pas le seul à militer pour la cause amazighe ».

Outre l’érection d’une nouvelle statue, la tenue de la rencontre littéraire et d’une exposition retraçant la vie et l’œuvre du défunt artiste, ce quatrième anniversaire a été aussi marqué par des représentations artistiques au niveau de Beni-Yenni avec des chorales et des soirées  musicales placées sous le thème «  Yidir Ad Yidir (Idir vivra) » et à la maison de la culture Mouloud Mammeri et son annexe d’Azazga. Il reste que  cette célébration s’est achevée en apothéose au niveau de la grande salle  de spectacles de maison  de la culture Mouloud Mammeri dans l’après-midi de samedi avec un spectacle polyphonique  offert par des chorales qui ont  repris des chansons du défunt artiste. Chorales au nombre de cinq qui se sont succédé sur la scène.

  Le clou de ce spectacle aura été la prestation de la chorale féminine  Ranim d’Alger. Une chorale  habillée d’un blanc immaculé composée essentiellement de femmes à la retraite venues d’horizons diverses au nombre de 14 choristes . Des seniors voire des mamies qui se sont données à fond et surtout à cœur joie pour leur plaisir et faire plaisir aux autres. Et ce en reprenant  en entame de  leur belle prestation le titre intemporel de esseendou.

Notons enfin que cette célébration, organisée sous l’égide du wali, est à mettre à l’actif de la direction de la culture et des arts de la wilaya, de l’ APC  d’Ath-Yenni, du comité  communal des fêtes d’Ath Yenni, avec le soutien de l’APW de Tizi-Ouzou, de la DJS, de la direction de l’éducation, de l’association relais Solidarité d’Ath Yenni et l’ensemble des comités de villages de la commune d’Ath Yenni.

Rachid Hammoutène     

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