Les changements climatiques ont des effets directs sur la santé. Devant le risque élevé de réémergence de maladies infectieuses à la faveur des catastrophes naturelles,l’Algérie doit s’y préparer.
Le Dr Elias Akhamoukh, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de Tamanrasset, invité ce mercredi de la Radio Chaîne III, a affirmé que de tels événements peuvent être des sources de maladies notamment le choléra qui se transmet par les cadavres en cas de grandes inondations. Selon lui, «aucun pays n’est à abri de ce que la Libye vit actuellement». Autrement dit, en cas de catastrophe, des actions doivent être prises en urgence pour éviter la propagation de maladies infectieuses.
Pour le praticien, l’Algérie doit dès lors renforcer la surveillance de ses frontières pour éviter la circulation de pathologies tropicales. Il est impératif d’associer «les personnes ressources» proches des pays voisins. «Notre pays fait face à l’émergence de maladies tropicales et le risque diffère d’une région à une autre, d’où l’urgence de revoir le système de formation», a-t-il fait remarquer. «La révision de la carte sanitaire nationale est une urgence pour se préparer à toute éventuelle catastrophe naturelle ou sanitaire», a-t-il recommandé. Et d’ajouter : «Le secteur de la santé doit s’inspirer de la Protection civile».
Pour prévenir les pandémies ou les épidémies, le dépistage reste le meilleur moyen pour éviter et lutter contre leur propagation. A cet effet, des professionnels doivent être formés sur les risques sanitaires en fonction des spécificités de chaque région. Ainsi, dans la région Nord, plus touchée par la fièvre méditerranéenne, et au Sahara où le risque de maladies tropicales est très important, les méthodes et les priorités doivent différer.
Interrogé sur le service civil, il a soutenu que les affectations de médecins doivent aussi tenir compte de ces facteurs. Dans le sud du pays, les structures de santé ont besoin de plus d’infectiologues, parasitologues et épidémiologues. «En cas d’inondation, le choléra risque de survenir, d’où l’importance de connaître et de comprendre cette maladie et de mobiliser les moyens de protection et de sa prise en charge», a-t-il expliqué.
L’ancienne génération de médecins connaît parfaitement toutes les maladies à transmission hydrique. «Avec l’amélioration de la couverture sanitaire et l’éradication de certaines maladies infectieuses par la vaccination, la nouvelle génération n’a pas suivi de formation notamment sur la poliomyélite», a-t-il regretté.
Le Dr Akhamoukh a évoqué également la formation des médecins et des paramédicaux qui doit s’adapter à tous ces changements et dangers sanitaires pour pouvoir agir rapidement. Il a mis par ailleurs l’accent sur la refonte urgente du système de santé qui doit tenir compte des besoins de la population. «Un patient à Tamanrasset ou à Adrar doit avoir les mêmes chances que celui d’Alger, de Constantine ou de Tizi Ouzou», a-t-il soutenu. Estimant que le service civil ne peut pas régler tous les problèmes, il a qualifié celui-ci de «solution d’urgence qui dure depuis 30 ans». «Nous sommes condamnés à doter ces structures en matériels, valoriser les professionnel de la santé», a-t-il conclu.
Samira Belabed