Benhamza Nahdi, gérant de la SARL Panneaux d’Algérie : «La seule entreprise dans l’exploitation forestière en Algérie»

Dans cet entretien, le gérant de la Sarl Panneaux d’Algérie, Benhamza Nahdi, assure que cette entreprise, créée il y a plus de deux ans, est la seule en Algérie et en Afrique spécialisée dans l’exploitation forestière et pas seulement dans la transformation du bois. Étant forestier de formation, il ambitionne, à travers son entreprise, d’être partie prenante de la mise en valeur des périmètres forestiers pour booster la production de la matière première et réduire ainsi le volume des importations dans l’industrie du bois.

Entretien réalisé par F. B.

Les professionnels de l’industrie du bois déplorent le déficit en matières premières…

Effectivement. C’est ce qui m’a motivé, d’ailleurs, pour créer la Sarl Panneaux d’Algérie, une entreprise nationale qui fait justement dans l’exploitation forestière en plus de la transformation du bois en MDF. C’est la seule qui est spécialisée dans cette activité à l’échelle nationale et même en Afrique. Il existe une entreprise de transformation du bois en Afrique du Sud sans pour autant verser dans l’exploitation forestière. Notre usine, implantée à El-Tarf, utilise des équipements de pointe, très sophistiqués et automatisés, importés d’Allemagne et de Turquie. Nos cadres sont formés à l’étranger. Nous comptons une équipe de 350 employés entre cadres et agents de métier au niveau de notre unité de transformation du bois en MDF et une centaine entre cadres et ouvriers au niveau de nos chantiers d’exploitation de bois. Avant la création de cette entreprise, nous avions en préalable effectué une étude de marché pour recenser les besoins ainsi que des études d’impact et de faisabilité. C’est ainsi que nous avions découvert que la wilaya d’El-Tarf dispose de 180.000 ha de forêts exploitables. Comme il s’agit d’espaces forestiers aménagés, ils sont appuyés par des plans de gestion dans le domaine de l’exploitation. Nous avons donc entrepris des démarches auprès du ministère de l’Agriculture et du Développement rural et de la Direction générale des forêts, grâce auxquelles nous avons réussi à acquérir 16.000 m3 de bois d’eucalyptus. Nos équipes ont gagné en savoir-faire en matière d’exploitation forestière grâce à l’accompagnement de la DGF, en collaboration avec le parc national d’El-Tarf et l’Institut national de recherche forestière. Nos ouvriers sont qualifiés dans ce domaine, opérant dans le respect total des écosystèmes et de l’environnement. Nous avons donc commencé par obtenir, au cours de cette année, une adjudication de 16.000 m3 de bois et nous nous approvisionnons aussi auprès de petites exploitations privées de bois dont les quantités ne sont pas très importantes, mais qui sont un plus pour nous. Nous avons signé des conventions avec ces petites entreprises pour exploiter leurs matières premières dans la transformation. Pour résumer, nous avons établi un partenariat avec les hautes autorités et locales pour renforcer la disponibilité des matières premières dans l’industrie du bois et contribuer ainsi à réduire la facture des importations dans ce domaine.

Comptez-Vous exploiter d’autres périmètres forestiers dans d’autres wilayas ?

C’est notre ambition, en effet. Il faut savoir, toutefois, que sur les 4,1 millions d’hectares forestiers, 1 million seulement est productif de matières premières. D’où notre appel aux autorités de valoriser les périmètres forestiers par la plantation notamment du paulownia. C’est une essence forestière à croissance très rapide, comme l’eucalyptus et le peuplier. Nous pouvons, à partir de cette espèce d’arbres, produire de grandes quantités en bois en l’espace de cinq ans. Nous sollicitons l’État pour qu’il nous octroie des périmètres d’usage pour introduire cette essence qui est originaire de l’Asie et dont la culture dans notre pays a donné de très bons résultats, atteignant les 4 m en l’espace de deux ans. D’autant que l’État s’emploie à augmenter les périmètres forestiers à production de bois et de matières premières. Nous espérons ainsi utiliser nos ressources naturelles dans un proche avenir et stopper ainsi les importations de matière premières dont la facture est une véritable saignée pour l’économie nationale. Notre pays dispose d’un énorme potentiel en termes de superficies qu’il s’agit de mettre en valeur. Les périmètres d’usage donc que nous sollicitons, c’est pour la mise en valeur de ces espaces. Je tiens à signaler, par ailleurs, que sur le marché, nous sommes sollicités par l’ensemble des producteurs dans l’industrie du bois. Les fabricants de mobiliers, les transformateurs de matières premières…

Qu’en est-il de la formation ?

Comme je l’ai déjà expliqué, pour ce qui est de l’exploitation du bois, nos équipes sont formées sur le tas par la DGF. Elles sont assistées et contrôlées durant toutes les opérations d’exploitation par cette dernière et par l’administration forestière locale. Pour ce qui est de la partie transformation, nos équipes sont formées par les entreprises allemandes et turques auprès desquelles nous avons acquis nos machines. Nous pouvons dire donc qu’il y a un transfert de savoir-faire. Voici comment nous procédons : au niveau de nos chantiers dans les forêts, nos équipes s’occupent de l’exploitation, du débardage et du transport du bois vers notre usine. Au niveau de cette dernière, une autre équipe se charge du tri et ne sélectionne que le bois sain, qui n’est pas touché par les parasites ou les incendies. La qualité est au-dessus de tout. Pour l’instant, le marché national est notre principale préoccupation. Je tiens à précise, à ce propos, que contrairement à ce que l’on croit, le bois n’est pas importé à 100%. Il existe sur le marché national des produits locaux à 100%. Notre taux d’intégration dans l’industrie du bois dépasse même les 25%. Dans le futur, lorsque nos capacités en termes de production seront augmentées et le marché national approvisionné, nous nous orienterons vers les exportations.

F. B

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