Industrie du bois: Un grand potentiel à l’export

De l’avis des professionnels de l’industrie du bois, cette dernière pourrait devenir une mine d’or pour l’économie nationale pour peu que la matière première et la machinerie soient produites localement. Si ces deux conditions sont remplies, assurent-ils, la production couvrira non seulement les besoins nationaux, mais pourra se tailler une part appréciable sur le marché extérieur. D’autant que, dans le marché mobilier surtout, les produits sont conformes aux standards internationaux.

Les professionnels de l’industrie du bois sont unanimes à affirmer, en marge de la deuxième édition du Salon international du bois, menuiserie, équipements et technologies Algeria Woodtech, clôturée jeudi dernier au Palais des expositions de la Safex (Alger), que le secteur souffre d’un grand manque en matières premières et en machinerie, et dont les importations coûtent très cher à l’État comme aux entreprises. Une raison pour laquelle ces dernières n’arrivent pas à augmenter leurs capacités de production pour alimenter le marché local d’abord, et envisager, ensuite, des opérations à l’export. La bonne nouvelle, assurent-ils, c’est que, grâce aux restrictions imposées par les pouvoirs publics dans le secteur du mobilier, ce dernier a pris son envol, permettant aux fabricants locaux de se placer en première ligne. «Le marché du mobilier connaît une évolution très rapide depuis la restriction des importations imposée dans ce domaine. La concurrence locale est aujourd’hui des plus rudes, nous poussant à améliorer nos produits en permanence et à nous mettre aux standards internationaux», confie Fodil Salhi, gérant de l’entreprise SM Salhi, spécialisée dans la fabrication du mobilier de bureau. Ce marché est en pleine expansion, poursuit-il, avec comme mots d’ordre : qualité et innovation en matière de design. «Pour atteindre ces deux objectifs, nos équipes suivent des formations en continu en Algérie et à l’étranger. Nous utilisons les technologies les plus innovantes et des logiciels de dernière génération que nous importons de la Turquie, de la Chine, de l’Italie, du Portugal…», souligne-t-il. Le marché mobilier national, fait-il remarquer, se distingue par une forte demande locale de la part des consommateurs nationaux qui exigent de la solidité avant tout. «D’une façon générale, les Algériens sont plus préoccupés, dans le choix de leur mobilier, par la solidité que par le côté esthétique. Nous essayons de leur garantir les deux. Certains de nos produits dépassent même ceux issus de l’importation en termes de qualité. Les prix du mobilier local, de plus, sont hyper-compétitifs et il y en a pour toutes les bourses», renchérit notre interlocuteur.

Qualité et prix compétitifs

Le responsable commercial de l’entreprise de fabrication de mobilier Tohfa indique, toujours dans ce contexte, que le mobilier est conçu en fonction du budget de chaque client. «Nous accordons une attention particulière à la situation financière de nos clients en prenant en compte leurs moyens respectifs. Nous proposons des cuisines, par exemple, à 70.000 DA comme nous en proposons à 600.000 DA. C’est en fonction de la demande et nous faisons en sorte de proposer des produits de meilleure qualité possible pour ceux dont les revenus sont limités», explique-t-il. Pour ce qui est de la main-d’œuvre, il certifiera que l’entreprise emploie une équipe d’architectes et de designers qualifiés, chargés de la création de nouveaux modèles. Le premier responsable de SM Salhi Mobilier précise, à ce propos, que la formation préliminaire de la main-d’œuvre est effectuée au niveau des centres de formation professionnelle. «Une fois à notre niveau, elle suit une formation plus détaillée. Quant à nos architectes et designers, ils sont également issus de nos écoles, mais dont la formation est renforcée à l’étranger. De même que nos ingénieurs et techniciens qui doivent maîtriser les équipements et les machines qui sont importées», rapporte-t-il. Une machine dans ce domaine, signale-t-il, peut coûter jusqu’à 4 milliards de centimes. «Nous avons besoin de machines automatisées et numérisées. C’est la tendance. Nous n’en fabriquons pas actuellement dans notre pays. Chose que nous déplorons. Les machines nous coûtent excessivement cher», poursuit-il. Certains importateurs de machines, présents à Algeria Woodtech, révèlent vouloir se convertir en producteurs locaux de ce type d’équipements.

Fabrication locale de machines envisagée

«Nous sommes conscients que les besoins en machines par l’industrie du bois sont énormes. Nous sommes en train de monter un projet pour y répondre, et ce, en nous orientons vers la production que vers les importations. Mais ce n’est pas facile. Les démarches pour la concrétisation de ce projet sont très complexes», avise Daoud Rekioua, gérant de l’enterprise Infinity pub, versée dans l’importation de machines de l’industrie du bois. Le savoir-faire ne pose pas de problème, selon lui. «Depuis le temps que nous importons des machines, nos ingénieurs ont acquis un savoir-faire considérable dans ce domaine. Le problème se pose au niveau de l’administration et des financements. Nous avons besoin de facilités financières et administratives pour conclure des partenariats avec des entreprises étrangères et créer ainsi des usines de fabrication de machines», indique-t-il. D’autant, fait-il observer, que la main- d’œuvre existe ainsi que l’énergie et les matières premières nécessaires et à des coûts très abordables. «C’est dire que nous avons tout ce qu’il faut pour produire des machines 100% algériennes. Nous avons juste besoin d’une expertise étrangère pour démarrer avant de voler de nos propres ailes. Nous pourrons même fabriquer les pièces de rechange», fait-il savoir. Pour ce qui est de la matière première, le gérant de SM Salhi Mobilier espère que des entreprises dans l’exploitation du bois seront créées en force dans notre pays. «Nous avons découvert grâce au salon Algeria Woodtech qu’il existe, dans notre pays, une grande entreprise spécialisée dans ce domaine, à savoir Panneaux Algérie. Grâce à cette dernière, nous allons réduire nos importations en matière de bois. Mais l’idéal, c’est que le nombre de ce genre d’entreprises soit multiplié pour notre bénéfice et celui de l’économie nationale.» Panneaux Algérie est, pour l’instant, la seule entreprise d’envergure qui fait dans l’exploitation du bois dans notre pays. «Nos potentialités dans ce domaine sont grandes, il suffit de les valoriser. Nous pourrons satisfaire la demande nationale en bois sans recourir aux importations si nous arrivons à développer et à valoriser notre patrimoine forestier destiné à la production. De même que nous pourrons développer la subericulture. À El-Tarf, nous recensions 60.000 ha d’arbres de liège avec une capacité de production de 30.000 q/an. Mais la production du liège a connu une baisse de près de 50% à cause des incendies», souligne le gérant de Panneaux Algérie, Benhamza Nahdi, jugeant nécessaire la mise en place de plans de mise en valeur de la subericulture. L’Algérie dispose de toutes les potentialités nécessaires pour se convertir, selon lui, en pays exportateur de bois au lieu d’en être un simple importateur, et ce, pour peu que toutes les conditions soient réunies. De même que dans le domaine mobilier, selon les producteurs. «Les produits locaux dans le domaine du mobilier sont tout à fait exportables vers l’Afrique et même l’Europe, y compris vers les pays d’où nous en importions d’habitude. Mais pour cela, les capacités de production doivent être augmentées», estime Mohamed Amine Bekkouche, l’organisateur du salon Algeria Woodtech, notant de grandes avancées dans le design également. C’est ce qu’affirme le gérant d’une entreprise de décoration intérieure, Benhamza Boualam. «Nous avons créé une entreprise de design en partenariat avec un Syrien, un connaisseur en matière de design. Nous sommes la seule entreprise qui propose des décors en bois et non en PVC. Seulement, nos prix sont chers. Les décorations en bois ne sont pas à la portée de tous», prévient-il. La formation dans le design, remarque le partenaire syrien de cette entreprise, Hamoud Habou, est en amélioration continue au cours de ces dernières années. «Il y a une dizaine d’années, le marché algérien était marqué par une certaine stagnation en matière de design. Mais les choses ont évolué depuis et la concurrence dans ce domaine commence à être rude. De nouveaux modèles envahissent le marché», constate-t-il. Il confiera, concernant la décoration en bois, que cette dernière commence à susciter de l’intérêt de la part des entreprises spécialisées dans la décoration. «Nous avons été contactés par une entreprise de décoration afin de bénéficier d’une formation dans nos ateliers dans ce domaine. Nous sommes tout à fait pour, car cela va renforcer la concurrence d’une part et contribuer ainsi à une baisse des prix et boostera, d’autre part, la demande sur les décors naturels et non en plastique», conclut-il.

F. B.

Le MDF, c’est quoi ?

Le MDF est le type de bois le plus utilisé sur le marché national, dans différents secteurs. C’est l’abréviation du mot anglais Medium Density Fiberboard qui signifie panneaux de fibre à densité moyenne. D’après le gérant de l’entreprise Panneaux Algérie, Benhamza Nahdi, la densité de ce type de bois varie entre 650 et 1.000 kg/m3, avec un taux d’humidité de fibre de bois de 8%. Les panneaux MDF sont fabriqués avec du bois à 100% naturel, mélangé à de la colle résine, au durcisseur, à la paraffine et à des auditifs. La fabrication de ces panneaux passe par le déchiquetage d’un mélange de grumes de bois dures et tendres pour obtenir des copeaux de différentes dimensions, transformés, par la suite, en une pâte en fibre de bois. C’est à partir de cette pâte que des panneaux sont fabriqués, utilisés dans la menuiserie, l’ameublement et la construction, entre autres.

F. B.

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