Noureddine Saoudi: Un concert à plusieurs escales

«Eternelle Algérie», un concert de musique célébrant la patrie et essentiellement conçu dans le genre andaloua été animé, vendredi dernier, à la salle Ibn-Zeydoun de l’Office Riadh El Feth (Oref, Alger) par Noureddine Saoudi.
Le ténor de l’école sanâa, devant un public relativement nombreux et soutenu par une douzaine d’instrumentistes de l’Orchestre de la Radio nationale algérienne sous la direction du maestro Sid Ahmed Fellah, a embarqué le public dans un voyage onirique à plusieurs escales.
Durant près de deux heures, l’artiste, à la voix présente et étoffée, a étalé une quinzaine de pièces de sa composition pour la plupart, dont celles de la nouba dziriya, rendue en plusieurs parties, dans des modes et des rythmes différents :sehli, ghrib, zidène, rumba et valse notamment.
Parmi les pièces qui ont orné le silence de la salle, «Rahatichorb el okkar», «Soltane el hawa» et «Zada fikoumtawalloâï» dans le mode sehli. Dans celui du ghrib, Saoudi a rendu, entre autres, «Achisebbarqalbi» et
«Laqitouha fi tawafitesâa».
Avec une voix à la tessiture large et un vibrato qui y coule sans efforts, le chercheur dans le patrimoine de la chanson andalouse a poursuivi avec «Yaqalbikhelli el hal» majestueusement montée sur l’air de la célèbre Valse no 2 du grand compositeur russe, Dmitri Chostakovitch (1906-1975) puis«Harramtoubik nouâssi» pour conclure cette partie à trois temps, avec «Tafaddali ya anissa», en hommage à Mustapha Zmirli (1939-2022).
Sur la même tonalité, l’artiste est passé du mode mineur du ghrib à celui majeur du «Zidène» pour interpréter notamment, «Hobbilik ma ândouh’doud», «At’gherrab’twem’chit», «Lil’lahwakkeltamri» et «Selli Houmoumek» , devant une assistance conquise quireprenait les refrains dans une atmosphère empreinte de convivialité.
Brillants de maîtrise et de virtuosité, les musiciens de l’Orchestre de la Radio, dont, Abdelkader Azizi au oud, Hichem Maâti, Abdelghani Mokhtari et Réda Tabti aux violons, Riad Haddad à la mandoline, Sid Ali Kriou au piano, Mohamed Ouazza à la basse, Samir Bouzid à la derbouka et Khaled Ammoura à la percussion, ont fait montre de toute l’étendue de leurstalents d’artistes chevronnés. La conteuse et poétesse Aouaoueche Bensaid avait ouvert le spectacle avec de belles déclamations de poésies dédiées à la célébration et la sublimation de la patrie. Le public a savouré tous les moments du récital.
Elève des derniers grands maîtres de l’école algéroise, Saoudi, ténor de la douceur, a obtenu en 1974, le 1er prix au Conservatoire d’Alger où il fut nommé professeur quatre années plus tard. Membre fondateur de plusieurs associations de musique andalouse, à l’instar d’El Fakhardjiaet Essendoussia, Saoudi œuvre à la préservation et à la socialisation de la mémoire culturelle et musicale andalouse. Il a enregistré plusieurs noubas et dirigé l’Opéra d’Alger Boualem-Bessaïh à son ouverture.