Rentrée scolaire : Enjeu économique

En plus d’être un évènement social majeur, la rentrée scolaire est considérée pour certains comme un véritable enjeu économique. Comment ? Professeur à la faculté des sciences économiques de l’Université Aboubakr-Belkaïd de Tlemcen, Chaïb Baghdad estime que la rentrée scolaire est une dépense supplémentaire pour le consommateur, du moment que l’on procède à l’achat de fournitures scolaires, après les dépenses des vacances d’été, ce qui constitue un autre fardeau financier pour les ménages, mais aussi pour les communes de préparer les salles et les écoles pour une bonne scolarisation, sans oublier les primes accordées pour les plus démunis, la répartition des livres, la disponibilité du transport et autres. «Tout cela est considéré comme un véritable enjeu économique pour le gouvernement», dit-il.

Selon lui, toute rentrée scolaire est une opportunité et une occasion pour les producteurs dans ce créneau de doubler leurs ventes et ainsi augmenter les profits. Mais«cela dépend de deux paramètres importants: Une production de qualité et une stratégie des prix qui soient raisonnables et abordables pour les consommateurs, sinon, le recours à l’importation sera fatal pour eux», fait-il remarquer.

Même s’il n’existe pas réellement une relation entre la rentrée scolaire et l’économie, «l’école est devenue un enjeu qu’il faut bien considérer du moment que c’est un assemblage entre plusieurs parties, entreautres, les élèves, les enseignants, les parents d’élèves, le staff administratif, qui sont considérés comme des consommateurs dans l’attente d’une offre et d’une disponibilité et d’autres partenaires, à savoir les producteurs, les transporteurs, les fournisseurs des services (cantines, santé et autres), donc une autre confrontation entre offre et la demande», a-t-il expliqué.

Dans ce cadre, le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, TayebZitouni, a rassuré, dernièrement, que tout est mis en œuvre pour garantir la disponibilité des différentes fournitures scolaires à des prix abordables. Il avait fait état de «la mobilisation de 59 opérateurs locaux spécialisés dans la production des fournitures scolaires au niveau de 17 wilayas, outre le recensement de 137 sociétés ayant importé ces produits à un montant qui s’élève à 88,6 millions de dollars en 2023».

Concernant la commercialisation, le ministre a fait état du lancement de 72 expositions à travers 58 wilayas, dédiées à la vente des fournitures scolaires, en sus de 3 grandes expositions régionales à Oran, Alger et Constantine. Le président de l’Association nationale des commerçants et artisans algériens (ANCA), Hadj Tahar Boulenouar, a qualifié d’«important» et de rentablele marché des articles scolaires, même si ces dernières années, en raison de la crise sanitaire, il a connu un léger recul en termes de chiffre d’affaires et que des commerçants ont mis la clé sous le paillasson. «Incontestablement, c’est un marché juteux avec plus de 11 millions d’élèves à équiper en trousseaux scolaires. A cela s’ajoute plus de un million d’universitaires ainsi que les besoins des administrations en fournitures de bureau», a-t-il souligné.

Et d’indiquer que 60% de fournitures scolaire sont distribuées à la rentrée. Notre interlocuteur a relevé le faible niveau de la production nationale qui ne dépasse pas les 20% du marché. «La production nationale est très faible dans son ensemble et ne concerne que certains produits comme les cahiers et les stylos. Elle est incapable de satisfaire la demande nationale. 80% des articles scolaires sont importés», affirme-t-il, rappelant l’existence d’environ140 sociétés activant dans l’importation. Le nombre d’unités de production nationale ne dépasse pas les 60. A l’en l’on croire, l’Algérie importe plus de 150 millions de dollars chaque année en articles scolaires. Sur la question des prix, Boulenouar écarte toute éventuelle augmentation. «Après les perturbations liées à laCovid-19, la production mondiale a repris normalement.

L’organisation des expositions-ventes aura pour effet de contribuer à la stabilité des prix», a-t-il indiqué. Le secrétaire national chargé des finances à l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Abdelkader Boucherit, a mis en avant l’intérêt du gouvernement à lancer la production nationale et donner un nouveau souffle à l’industrie du papier en encourageant les fabricants de la papeterie et du bureau. «Il est temps pour notre pays de se lancer dans la production d’articles scolaires, sachant que c’est très faisable et surtout sa portée pour peu qu’il ait une volonté de le faire.

Cela aura pour effet de baisser les prix. La majorité des articles sont importés. Tout l’intérêt de la démarche est là : réduire la facture des importations», a-t-il dit. Il a soutenu que les prix ne dépendent pas des commerçants mais des importateurs. Il a ajouté que le recul du pouvoir d’achat a fait que certains parents trouvent toutes les peines du monde à pouvoir remplir le cartable. Il a indiqué que le gouvernement se doit de procéder à l’augmentation de la prime de scolarité à 10.000 DA au lieu de 5.000 DA actuellement pour aider les familles à faible revenu à faire face aux dépenses de la rentrée scolaire. «La rentrée scolaire coûte désormais très cher aux familles qui font grise mine, face à la flambée de la facture », a conclu Abdelkader Boucherit.

A. H

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