Rentrée scolaire- Syndicats : Mobiliser tous les moyens

Comment se présente la rentrée scolaire ? Qu’en est-il de l’attractivité du métier d’enseignant ? Peut-on s’attendre à une année sans mouvement et performance plus importante ? Le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, a estimé que tout dépend de la volonté du ministère de l’Education nationale à prendre en charge les revendications socioprofessionnelles des travailleurs. «Il n y a toujours pas de statut particulier.
Et aussi, il y a une érosion flagrante du pouvoir d’achat, avec l’augmentation vertigineuse des prix de tous les produits et services. Les spéculateurs ont sucé le sang des Algériens et l’Etat doit intervenir pour mettre un terme à leur diktat», dit-il.
Selon lui, les performances passent impérativement par une refonte radicale du système éducatif algérien. «Pour avoir des performances plus grandes, il faut mettre tous les moyens nécessaires pour aller vers une école publique de qualité», souligner-t-il.
Et d’ajouter que de nombreux défis attendent l’école publique, à l’instar de la réalisation de nouveaux établissements, de cantines scolaires, d’assurer le transport scolaire et surtout la concurrence des écoles privées qui pullulent, qui «ne respectent» pas le cahier des charges. «Ceci va créer deux classes d’Algériens, ce qui va générer un conflit entre ceux qui ont suivi l’école publique et ceux qui ont fait l’école privée», fait-il observer.
Et pas que. «Des cours payants dispensés dans des garages et des cages d’escalier, cela est inadmissible et criminel. L’Etat doit sévir et mettre un terme à cette maffia sans foi ni loi», relève-t-il. A cet effet, le syndicaliste estime nécessaire de procéder à la mise à plat des savoirs.
«Elle est plus que nécessaire. Elle est indispensable, si nous voulons être au diapason des systèmes éducatifs et aux normes internationales. Nous devons aller vers une refonte radicale du système éducatif.
Les taux de réussite aux examens officiels est un indice révélateur pour réformer l’école.» Et pour y arriver, «il faut abandonner les réformettes et aller plus profondément dans la réforme des rythmes scolaires, l’enseignement moyen et secondaire, les différents examens officiels, la révision de la méthode de recrutement des enseignants et revenir aux écoles normales. L’Etat doit mettre tous les moyens nécessaires afin d’aller vers une école publique de qualité.
Il faut encourager l’enseignement des mathématiques, la recherche opérationnelle et réintroduire la dictée au cycle primaire et la logique au cycle secondaire. Nous sommes à l’ère de l’intelligence artificielle et l’Algérie ne doit pas rater ce virage», recommande-t-il.
Pour lui, «il n’est pas enseignant qui veut, c’est un métier noble». Amoura regrette que le métier d’enseignant soit devenu juste un gagne-pain. «Les gens vont au métier d’enseignant comme va un ouvrier au chantier. L’enseignant est très mal payé. Il faut l’améliorer pour stimuler les enseignants et les pousser à abandonner les cours payants. Est-il concevable que le coût de l’heure supplémentaire soit toujours maintenu à 130 DA au primaire et 220 DA au lycée ? Il faut les valoriser et revoir aussi le régime indemnitaire du secteur de l’éducation», insite-t-il.
«Sinon, c’est une année scolaire comme toutes les autres. Elles se ressemblent.
C’est une année avec tous les problèmes, de faux problèmes, qui se posent chaque saison. Une année scolaire se prépare dès le mois de janvier. Il ne faut pas attendre le mois d’août pour essayer de colmater les brèches.
Ce sont des problèmes récurrents et cela est inadmissible.» Et de conclure : «Quand on parle de rentrée sociale, la rentrée scolaire se taille la part de lion, car ce sont plus de onze millions d’élèves, plus de 800.000 fonctionnaires et plus de 30.000 établissements scolaires. Certains responsables ont failli à leur mission et doivent être sanctionnés. On ne joue pas avec l’avenir du pays.»
A. H.