Prise en charge des maladies respiratoires chroniques : Ouverture prochaine d’un centre de réhabilitation 

 

 

 

Le premier centre national de réhabilitation des malades atteints de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) et de l’insuffisance respiratoire chronique (IRC) sera ouvert, dans quelques mois, au CHU Issad-Hassani de Beni Messous (Alger).

C’est ce qu’a annoncé, dimanche dernier, le Pr Assia  Kheliouen, cheffe du service pneumologie B du CHU lors d’une journée de formation, organisée par la Société algérienne de pneumologie (SAP), en collaboration avec le CHU de Beni Messous (Alger). D’autres centres seront également ouverts à l’est et à l’ouest du pays. Selon elle, la réhabilitation est une partie importante dans le suivi de ces malades. «Il ne peut pas y avoir une meilleure prise en charge des malades sans l’existence de ce genre de structures», a-t-elle ajouté.
«C’est un acquis majeur pour nos patients qui souffrent déjà des conséquences graves de la maladie», s’est-elle félicitée.

Pour elle, ce centre de référence va améliorer le quotidien des patients. Le Pr Kheliouen a regretté, toutefois, le fait que la maladie soit toujours sous-diagnostiquée en Algérie. «Elle est même inconnue chez certains professionnels», a-t-elle assené. Ses symptômes chez les fumeurs ne se manifestent pas tôt s’agissant d’une maladie asymétrique.
«Pour eux, tousser et cracher le matin est normal. Ils pensent qu’ils sont en train de dégager la fumée de la cigarette et ils prennent ces manifestations à la légère», a-t-elle fait remarquer.

Les patients arrivent dès lors dans des structures de santé avec des dyspnées ou sans pouvoir faire d’efforts physiques. Interrogée sur la situation épidémiologique de la PBCO, notre interlocutrice a fait savoir que sa prévalence est en nette augmentation. Elle touche de plus en plus des sujets jeunes. Une étude épidémiologique menée dans la wilaya d’Alger a révélé que sa prévalence est de 9,2% chez les personnes âgées de plus de 40 ans. Ce taux est plus important chez les fumeurs. Le tabagisme actif et passif est le premier responsable de cette tendance haussière.

Par contre, la cigarette électronique n’est pas encore identifiée comme un facteur de risque. «Malheureusement, la cigarette électronique est utilisée comme moyen de sevrage tabagique pour certains et une initiation à la cigarette pour d’autres», a-t-elle dit. Les pneumologues, a-t-elle poursuivi, ne doivent plus recommander la cigarette électronique pour arrêter le tabac.

A l’en croire, le diagnostic de la maladie est l’affaire aussi des médecins généralistes qui doivent bénéficier de formations médicales continues pour repérer tôt ces malades . La spécialiste a mis en garde les professionnels de la santé contre le recours systématique à la corticothérapie.

Dans sa communication, le Dr Azrou, microbiologie au laboratoire de biologie mère et enfant du CHU Beni Messous (Alger), a évoqué le rôle de la microbiologie dans le diagnostic des maladies respiratoires basses. Le but de ces bilans sera de réduire la consommation d’antibiotiques, l’émergence de mutants résistants et de limiter leurs effets indésirables. Pour le Dr Aït-Oukaci, pneumologue, le Global Initiative for Chronic Obstructive Lung Disease (GOLD)  2023 a aidé les praticiens à la classification des BPCO et ses facteurs de risque. Avec ces recommandations, le médecin va adopter une thérapie individualisée. A l’ère de la médecine de précision, ce système d’évaluation permet d’apporter  des ajustements sur le traitement de fond de la BPCO.

Samira Belabed 

De plus en plus de femmes touchées

La broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) ne touche pas exclusivement les hommes. Plusieurs études ont révélé qu’elle affecte de plus en plus de femmes. Le Pr Ahmed Kadi, spécialiste en pneumo-allergologie au niveau du CHU de Beni-Messous (Alger), a affirmé, lors d’une journée de formation médicale continue, que c’est à partir des années 2000 que «cette augmentation est devenue assez conséquente». «D’ici peu de temps, la prédominance de la BPCO chez l’homme va s’estomper ou disparaître dans certains pays», a-t-il ajouté. «Elle est plus précoce, plus grave et souvent sous-diagnostiqué chez la femme», a poursuivi le praticien. Ce dernier a expliqué que le tabagisme actif est le facteur de risque le plus significatif de la pathologie de par les inflammations persistantes des voies respiratoires qui entraînent un rétrécissement et une obstruction des bronches respiratoires, en plus de la destruction des tissus pulmonaires. Ces effets cumulant du tabagisme contribuent au développement progressif de la BPCO. Selon le professeur, des études ont démontré que les femmes et les hommes ne réagissent pas à la fumée de la cigarette pareillement. Les femmes sont plus sensibles. Cette vulnérabilité se traduit par une perte du volume expiratoire maximale par seconde par rapport aux hommes. Cela suggère une susceptibilité accrue des femmes à la fumée. Les œstrogènes peuvent également jouer un rôle dans la réponse des poumons aux substances nocives et les fluctuations hormonales chez les femmes peuvent affecter la réactivité bronchique et la fonction pulmonaire. Le Pr Kadi a fait état d’une étude scientifique publiée en 2014 qui prouve que l’exposition au tabac a un impact sur la survie de la fumeuse atteinte de cette maladie. Le risque de mortalité est de 53% comparativement à une femme atteinte de BPCO et qui ne fume pas. Cependant, d’autres facteurs qui aggravent les allergies et l’asthme jouent un rôle dans le développement de la pathologie, entre autres, l’exposition à long terme à des irritantes pulmonaires : pollution atmosphérique, vapeurs chimiques, eau de Javel et poussière industrielle. Le spécialiste a enfin évoqué l’impact psychologique de la maladie chez la femme. «Ce dysfonctionnent musculaire entraîne une diminution de la capacité d’effort de la patiente qui impacte sa qualité de vie et peut provoquer chez elle des troubles d’anxiété, voire une dépression», a-t-il conclu

Souha Bahamid  

 

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