Voyage à bord du train Boughezoul-Laghouat: Un moyen plus rapide et moins cher

De notre envoyée spéciale : Samira Sidhoum
Une nouvelle desserte par train reliant Boughezoul à Laghouat a été inaugurée, dernièrement, par le président de la République. Elle connaît un engouement auprès des citoyens qui se rendent à Djelfa ou Laghouat.
Le train qui démarre à 5h15 parcourt 253 km pour atteindre sa destination finale, tout en marquant des arrêts dans cinq gares : Aïn Oussara, Hassi Bahbah, Djelfa, Sidi Makhlouf et Laghouat.
Voyageurs visiblement heureux
C’est sous un froid intense qu’on découvre l’immense gare de Boughezoul située en dehors de la ville. Chef-d’œuvre conçu selon une architecture moderne et raffinée, elle comporte divers équipements : salles d’attente, boutiques, ascenseurs, espaces verts et parking. Des guichets, des toilettes pour les personnes à besoins spécifiques ont été ouverts et des ascenseurs et couloirs facilitent le déplacement.
La Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) poursuit ses efforts de modernisation en s’alignant sur les standards internationaux s’agissant des équipements et du confort. Familles, personnes âgées, jeunes et étudiantes montent à bord des wagons visiblement heureux d’emprunter la nouvelle ligne. Ils se disent «surtout soulagés de rejoindre confortablement leur destination en un temps réduit». D’autres se félicitent des prix, moins élevés par rapport aux bus et taxis. Le prix du billet pour Djelfa est de 240 DA et pour Laghouat 330 DA.
«C’est un train moderne»
Après un retard de 30 minutes, le train finit par démarrer. Il s’agit du nouveau train «grande ligne» Coradia, bi-mode (diesel/ électrique 25 KV) avec une vitesse de 160 km/h. D’une longueur de 110 m et d’une capacité de 254 passagers dont 60 en première classe, il comporte 6 voitures bien chauffées. Adapté aux conditions climatiques (sable, températures élevées), il dispose d’un système de climatisation très performant et de commodités facilitant l’accès et le déplacement à bord, en particulier pour les personnes à mobilité réduite. Sur l’habillage extérieur, défilent paysages de différentes wilayas, comme pour promouvoir le tourisme local. «C’est un moderne et joli train», se réjouit un voyageur. Les sièges sont confortables, larges, bien rembourrés, moins fatigants et offrent plus d’espace pour les jambes. Mais durant le trajet, le train a dû s’arrêter à plusieurs reprises.. Hormis ces« arrêts techniques», selon l’équipage, le voyage se déroule sans incident et dure 2 heures et 35 minutes. «Djelfa», finit par annoncer la voix du chef de train qui signale notre arrivée. Certains voyageurs semblent embarrassés par l’absence de cafétéria, de restaurant et de wifi. Dans la voiture-bar, on ne sert pas de sandwichs, comme sur d’autres lignes.
Malgré ces récriminations, l’atmosphère reste bon enfant.
Dans le train, les voyageurs n’étaient pas nombreux. Djamila, femme au foyer, paraît fatiguée mais garde le sourire. Elle venait de passer une semaine agréable chez sa famille à Médéa. «En empruntant la nouvelle ligne, le déplacement m’est paru plus agréable», confie-t-elle. Karim, fonctionnaire dans une banque, vient aussi de Médéa et emprunte quotidiennement la ligne. «C’est plus qu’un soulagement. Je ne dormais presque pas à cause du transport. Aujourd’hui, grâce aux efforts de l’Etat, je gère mieux mon temps», affirme-t-il.
Son ami abonde dans le même sens :«Nous sommes reconnaissants aux autorités qui veillent à améliorer les services de transport.» Attia de Hassi Bahbah se dit «très satisfait». «Le personnel du train était à notre service. Le voyage s’est déroulé dans une bonne ambiance», se réjouit-il.
Pas de jets de pierres
Fouad Zitouni, le chef de train qui nous sert de guide,travaille pour la premièrefois sur cette nouvelle ligne. Il découvre les régions traversées etplusieurs villes. Parlant de sa tâche,il explique qu’il supervise le travail du personnel (équipe de locomotive et personnel de wagon), prend connaissance des horaires et d’autres indications et donne les instructions de départ et les renseignements relatifs aux divers services à bord du train. C’est lui aussi qui lance les ordres de manœuvre d’urgence ou de vérification de fonctionnement des équipements. Il fait respecter horaires et normes de sécurité pour un voyage agréable, confortable et sûr.
Interrogés sur le phénomène des jets de pierres, Zitouni et Lakhdar Ben Mouloud, contrôleur de billets, assurent que sur cette ligne ferroviaire, on ne connaît pas actuellement ce genre de phénomène. Ils indiquent qu’à chaque voyage, un élément de la police du patrimoine se déplace avec eux pour veiller à assurer la sécurité des voyageurs, les biens et les équipements. Ce personnel très professionnel affirme que leur équipe est dynamique et maîtrise toutes les situations.
Selon Farid Halliche, directeur central clientèle à la SNTF, «la nouvelle ligne constitue pour la SNTF un des axes de développement de son activité dans les zones intérieures du pays». «Elle traduit en effet la volonté des pouvoirs publics de renforcer et d’étendre le réseau ferroviaire dans une stratégie de développement global.
Arrivé en gare de Laghouat à 7h45, le train assure, dans l’intervalle du voyage aller-retour entre Boughezoul et Laghouat, deux navettes reliant Laghouat à Djelfa. C’est à 16h10 que s’annonce le retour sur Boughezoul où une correspondance avec le train assurant l’axe Tissemsilt-M’Sila-Bordj Bou Arréridj offre la possibilité aux usagers d’emprunter les trains de grande ligne vers Annaba, Touggourt, Tébessa et Batna.
Ce programme limité à un train par jour dans la phase de lancement pourrait connaître un élargissement au cas où le besoin se ferait sentir.
S’agissant du transport de marchandises dans cette zone agropastorale, celui-ci, dans un premier temps, concernera des produits de première nécessité :céréales, carburants, engrais destinés aux agriculteurs. Le fret ferroviaire élargira son offre aux opérateurs économiques de la région pour diversifier les moyens de transport. Au retour de Laghouat, dans l’après-midi, le même train ne fera pas mieux, il partira aussi avec 30 minutes de retard, à 16h40, au lieu de 16h10, pour arriver à la gare de Boughezoul à 19h20. Soit un retard d’une heure, due aux ralentissements, selon un contrôleur. Quand bien même ces trains ne sont pas ponctuels, le personnel se montre extrêmement accueillant et courtois avec les voyageurs.
S.S.