Lutte contre la criminalité financière : Les commissaires aux comptes en première ligne

Le rôle du commissaire aux comptes dans la préservation et la lutte contre la criminalité financière, le blanchiment d’argent et la révélation des faits délictueux au procureur de la République a été au centre du débat de la première édition de la Conférence nationale des commissaires aux comptes organisée, mardi à Alger, par la Chambre nationale des commissaires aux comptes (CNCC).

Plus de 600 commissaires aux comptes et cadres du ministère de la Justice ont participé à cette rencontre, dont l’objectif est de lever les incompréhensions en lançant un débat approfondi sur la criminalité financière. Il s’agit également pour les organisateurs de mettre en relief les missions des commissaires aux comptes dans le cadre de cette lutte, mais aussi leurs attentes par rapport aux responsabilités qui leur incombent. «La participation de magistrats, cadres du ministère de la Justice, commissaires aux comptes, experts professionnels et législateurs souligne l’importance de ce rendez-vous. Ensemble, les participants aspirent à contribuer à la création d’un avenir où la criminalité financière est minimisée, assurant la stabilité économique et la confiance du public», a souligné le président du Conseil national de la Chambre nationale des commissaires aux comptes, le Dr Merhoum Mohamed El Habib. Il a fait savoir que cette rencontre devra être couronnée par des recommandations à même de renforcer le rôle des commissaires aux comptes.

«Nous espérons durant cette rencontre sortir avec des recommandations concernant surtout l’accompagnement du commissaire aux comptes avec des textes réglementaires et des procédures pour lui permettre d’exercer ses fonctions et d’assurer cette noble tâche d’une manière efficace», a-t-il dit avant d’ajouter que la CNCC est entièrement consciente de la responsabilité qui incombe à la Chambre, d’abord, et au commissaire aux comptes pour jouer ce rôle qui consiste, a-t-il précisé, à participer à la transparence de l’économie nationale. Il a souligné, toutefois, que l’environnement n’est pas favorable et nécessite d’être amélioré pour que les commissaires aux comptes accomplissent pleinement leurs missions sans craintes.

Délimiter la responsabilité

 «Nous réclamons la révision des textes réglementaires régissant le rôle du commissaire aux comptes,  à l’exception des textes prévus par le code du commerce, la loi 10-01 régissant la profession comptable, notamment le commissaire aux comptes. Nous espérons appuyer ces textes par des procédures étoffées et efficaces et des textes réglementaires pour délimiter la responsabilité du commissaire aux comptes et œuvrer pour sa protection pour qu’il puisse jouer son rôle convenablement», a-t-il déclaré à la presse tout en mettant en relief l’importance de la formation en tenant compte des normes internationales. Il a fait observer que le commissaire aux comptes rencontre des difficultés dans l’exercice de son activité. Il a expliqué que le commissaire aux comptes est une personne physique et n’a pas de statut de police judiciaire.

Sa mission est d’effectuer des audits des états financiers des sociétés commerciales et d’apporter toutes les diligences prévues parles normes régissant son métier. «Dans le cas de fait délictueux, le commissaire aux comptes  contacte directement le procureur de la République. Lorsqu’il s’agit, par ailleurs, de fait qualifié de blanchiment d’argent et de financement de terrorisme, ce dernier devra contacter directement la cellule de traitement des renseignements financière», a-t-il expliqué.

Le Dr Merhoum a fait savoir, sans pour autant verser dans les détails, que la CNCC a effectué des révélations sur plusieurs cas enregistrés cette année. Prenant la parole, le secrétaire général du ministère de la Justice, Mohamed Rekkaz, a appelé «à mettre en œuvre une politique nationale efficace et inclusive de lutte contre les phénomènes liés aux crimes financiers adaptée aux normes internationales», a-t-il dit, soulignant la nécessité d’unifier les concepts afin de renforcer la compréhension par rapport à la lutte contre ces formes de criminalité. «La Chambre a un rôle important pour la consolidation du système national de lutte contre les crimes financiers», a-t-il dit, tout en appelant à renforcer la coopération.

Wassila Ould Hamouda

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