Accidents de la route : Une recrudescence due à des facteurs aggravants

Les accidents de la route connaissent, en ce mois de Ramadhan, une hausse remarquable causant des pertes humaines et matérielles non négligeables. La Protection civile a ainsi effectué 2001 interventions liées aux accidents de la route et enregistré 67 morts et 2.382 blessés durant les 13 premiers jours du mois de Ramadhan.

Le bilan le plus macabre reste celui enregistré entre le 21 et 23 mars 2024 avec 16 morts et 416 blessés dans des accidents de la route survenus dans différentes wilayas, a précisé le capitaine Zouhir Benamzal, chargé de communication au niveau de la direction générale de la Protection civile. Ainsi, l’hécatombe qu’a connue, jeudi matin, la commune d’Amalou dans la wilaya de Bejaïa a fait, à elle seule, 8 morts, à savoir 7 hommes et une femme. Ce drame a eu lieu suite à un violent heurt d’un véhicule (taxi assurant la ligne Alger-Jijel) contre un camion qui était en panne sur la bande d’urgence de la nouvelle pénétrante.

Il convient de rappeler que la semaine dernière a connu aussi des accidents mortels dans les wilayas de Djelfa et de Tamanrasset (2 morts dans chaque wilaya). Quant à Bouira, Tiaret, et Tindouf,  l’on  fait état d’un décès dans chaque wilaya. À ce propos, le capitaine Benamzal tient à expliquer qu’au 7e jour du mois de Ramadhan, les services de la Protection civile n’ont enregistré aucun décès. «C’est dire que l’évolution de ce phénomène est liée à plusieurs facteurs, notamment les facteurs aggravants», a-t-il indiqué.

Pour ce qui est des causes de ces accidents, le responsable cite le comportement irresponsable de certains conducteurs et l’excès de vitesse, particulièrement avant l’Iftar.  «La fatigue entraînée par le jeûne et le manque de concentration lors de la conduite sont parmi les motifs provoquant les accidents. Et ces facteurs deviennent plus aggravants pour les transporteurs de longs trajets», a-t-il souligné.  Et pour endiguer ces fléaux, la DGPC intensifie ses campagnes de sensibilisation durant le mois de Ramadhan, en ciblant surtout les fidèles dans les mosquées.

La prudence est de mise

Pour sa part, l’expert international en sécurité routière, M’hamed Kouache, rappelle que les accidents de la route connaissent, comme chaque année, des pics durant le mois sacré. «Parmi les motifs à l’origine des accidents routiers, l’intensité de l’activité commerciale et la mobilité des personnes et des marchandises. Ce qui pourrait impacter l’état psychologique des conducteurs à même d’adopter des comportements imprudents, notamment en fin de journée», a-t-il expliqué.  Selon l’expert, les capacités physiques du conducteur se réduisent lors du jeûne, ce qui pourrait entraîner un surmenage, un stress et donc un manque de concentration durant la conduite. «L’hypoglycémie provoque le stress et la fatigue, d’où les accidents de la route très fréquents en fin de journée», a-t-il précisé.

Aussi, Kouache relève que les drames de la route sont dus, en grande partie, à l’excès de vitesse et aux manœuvres dangereuses, notamment aux dernières minutes avant la rupture du jeûne. «Le manque de sommeil peut également être une raison principale de ces accidents mortels, suite au cumul de plusieurs jours de carême», a-t-il poursuivi.

 «Je précise que l’insomnie durant plus 17 heures peut entraîner une hausse du taux d’alcool dans le sang à 0,5g/l, et il peut atteindre 1g/l, si la personne ne dort pas durant 24 heures, alors que le taux ordinaire est de 0,2g/l. Et dans ce cas, le conducteur est presque en état d’ébriété». Dans le même sillage, l’expert fait remarquer que la conduite après l’Iftar est dangereuse dans la mesure où l’organisme est concentré sur la digestion et nécessite beaucoup d’énergie.

  En ce sens, il met en garde contre une éventuelle recrudescence des accidents de la route les jours à venir, suite à la densité continue de la mobilité des usagers de la route (vacances scolaires, préparatifs de l’Aïd, activité commerciale). S’ajoutent à cela les conditions météorologiques peu favorables, selon l’annonce faite par les services compétents. Et pour réduire, un tant soit peu, les conséquences dramatiques de l’hécatombe routière, l’expert préconise la sensibilisation au niveau des routes et des mosquées afin que les conducteurs soient plus vigilants pendant la conduite.

A. Mehdid

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