Abdelhakim Bettache à Horizons : «Le P/APC disposera de plus de prérogatives»

Le président de l’assemblée populaire communale d’Alger-Centre, Abdelhakim Bettache, affirme, dans cet entretien, que les «maires» ont malheureusement les mains liées et des prérogatives très limitées. Toutefois, il rappelle que la Constitution renferme des «nouveautés» susceptibles de renforcer le rôle des présidents des communes dans l’amélioration de la gestion de la cité.

Quelles sont les contraintes du P/APC ?
On se réjouit d’avoir une Constitution qui accorde de plus amples prérogatives aux élus et aux présidents des communes. Il sera question, selon les bruits de coulisses, d’instaurer un maire pour Alger et d’autres villes du pays. Il va regrouper à lui seul 37 communes. Je pense qu’à l’avenir, le maire pourra assumer pleinement sa mission sans tabous ni inconvénients. Par le passé, le président d’une commune n’a pas de prérogatives. Toutes les grandes décisions sont prises par l’administration. Même les délibérations concernant les projets locaux doivent passer par l’approbation de la tutelle. Ce qui n’est pas du tout normal. La tutelle est garante de la loi. Elle doit juste se contenter d’accompagner la gestion locale. Avant, le président d’une APC est limité dans toutes les actions qu’il mène. Il n’est qu’une boîte aux lettres. Je suis convaincu qu’avec la nouvelle Constitution, le président de la commune aura ses prérogatives et son mot à dire.
Il sera également question d’une complémentarité territoriale. Votre avis ?
Les nouveautés contenues dans la Loi fondamentale du pays concernent tous les volets se rapportant à la gestion locale. Les prérogatives impliqueront les questions économiques et sociales. Lesquelles faciliteront la réalisation de l’ensemble des projets communaux. La plupart des APC n’ont aucune ressource. Certes, elles ont des taxes, mais elles sont détenues par les receveurs qui sont rattachés au ministère des Finances. On n’a pas de pouvoir sur eux. J’estime que les prochains élus auront les mains libres et pourront intervenir à n’importe quel moment et dans tous les volets. Malheureusement, les P/APC n’ont pas bien assimilé le contenu du code communal. Ils ne savent pas qu’ils ont le pouvoir de revoir la fiscalité locale. Laquelle n’est pas arrêtée par un décret ministériel ou présidentiel. Donc toutes les taxes peuvent être révisées au niveau local. A l’avenir, il faut miser tout d’abord sur la formation des élus locaux. C’est la priorité des priorités. Le président d’une commune doit être un manager. Il doit travailler avec l’administration et non la subir. Il ne doit pas aussi politiser cette administration qui a pour rôle d’accompagner le maire dans la réalisation de ses projets.
Comment expliquer la faillite de nombreuses communes ?
Cela relève strictement de la mauvaise gestion. De plus, il n’est pas possible de mettre toutes les communes sur un même pied d’égalité. Il n’y a pas d’équité sur ce plan. Par exemple, Alger-Centre qui regroupe 130.000 habitants ne doit pas avoir un quota de logements similaire à d’autres communes ayant une population inférieure. Ce qui fausse totalement les statistiques locales. Dans la nouvelle Constitution, il y aura une équité dans le financement des communes. Les prochains maires doivent réfléchir à des programmes quinquennaux pour leurs communes. L’avenir ne sera pas facile pour eux certes, mais il faudra s’affranchir du populisme qui a durement affecté la gestion locale.
Etes-vous satisfait de vos mandats ?
Cette question doit être posée de préférence aux citoyens. J’estime que j’ai assumé des mandats positifs et incessamment je vais décliner à mes concitoyens les projets que j’ai réalisés et toutes les actions que j’ai initiées au profit de ma commune. A ce moment-là, la population tranchera et s’il faut que je me représente lors des prochaines élections locales, je le ferais pour le bien de ma patrie. La chaise n’est pas éternelle.
Entretien réalisé par Karima Alloun