Ahmed Tewfik El Madani : L’homme des œuvres impérissables
Ahmed Tewfik El Madani fait partie des personnalités éminentes de l’histoire de l’Algérie. Les historiens sont unanimes à reconnaître les efforts qu’il a consentis en faveur de la patrie avant et après son indépendance.
Abdelmadjid Chikhi, conseiller auprès du président de la République chargé des archives nationales et de la mémoire, le considère d’ailleurs comme «le phare qui a éclairé les consciences durant la colonisation». Ahmed Tewfik El Madani est né le 1er novembre 1898 à Tunis et a tiré sa révérence en Algérie le 18 octobre 1983. Il est issu de parents algériens ayant émigré en Tunisie à la suite de l’échec de la révolte d’El Mokrani en 1872. Exilé en Algérie en 1925, il participe à la création de l’Association des oulémas musulmans algériens sous la présidence de l’imam Abdelhamid Ben Badis. Devenu rédacteur politique de la revue Al shihab en 1931 et rédacteur en chef d’El Basa’ir, il est nommé secrétaire permanent du Front algérien pour la défense et le respect de la liberté en 1952. En 1956, il participe également à la création du GPRA sous la présidence de Ferhat Abbas. Il est nommé ensuite chef du bureau des affaires arabes du FLN au Caire.
El Madani poursuit son brillant parcours et devient ministre des Affaires culturelles dans le premier GPRA puis après l’indépendance en 1962, ministre des Habous sous la présidence d’Ahmed Ben Bella. Il a été ambassadeur en Irak, en Turquie et en Iran. L’homme politique occupe aussi un poste au sein de l’académie de langue arabe au Caire et il publie de nombreux ouvrages sur le Maghreb. Il rédige aussi ses mémoires et la pièce de théâtre«Hannibal », destinée à renforcer la fibre patriotique tunisienne. Ahmed Tewfik El Madani a consacré pratiquement toute sa vie à l’indépendance du pays et à son émancipation après le recouvrement de sa souveraineté. Il a œuvré à faire connaître l’Algérie sous tous ses aspects. Ce moudjahid visionnaire a été le premier à se consacrer aux archives en traduisant vers l’arabe des documents ramenés de Turquie au début de l’indépendance du pays. Sa rencontre avec Ibn Badis lui a permis de mieux saisir le pouls de la réalité politique algérienne.
En somme, El Madani est un grand témoin des réalisations nationales avant et après l’indépendance. Ses écrits confirment son engagement dans la bataille de l’édification du pays. Il est l’auteur de 22 ouvrages dont «Histoire de l’Afrique du Nord ou Carthage en quatre siècles, la géographie de l’Algérie et Ibn Khaldoun et l’Algérie». À travers ses travaux intellectuels, il a façonné une image authentique de la nation arabo-islamique et a montré la voie à une jeunesse pleine d’espoir et de rêves. El Madani fut un encyclopédiste éprouvée. Ibn Badis dira de lui que «c’est un homme doué pour les œuvres impérissables». L’historien et l’homme d’Etat algérien est une personnalité hors du commun qui a marqué l’histoire algérienne. Beaucoup d’édifices et d’institutions étatiques portent aujourd’hui son nom.