Ali Daoudi, agroéconomiste à propos du blé : «Nécessité de se doter de moyens de stockage importants»
Renforcer principalement la production céréalière doit être une option stratégique. Mais l’un des leviers est de se doter de moyens de stockage importants, a souligné, ce dimanche, Ali Daoudi, agroéconomiste, enseignant chercheur à l’Ecole nationale supérieure d’agronomie.
«Nous avons une capacité de l’ordre de 6 mois de consommation. C’est déjà énorme. Pour beaucoup de pays, la moyenne mondiale se situe entre25 à 30% de la consommation annuelle. La Chine a atteint les 100%. L’Algérie doit aller au-delà de ces six mois. Il faudrait atteindre, pour les blés, au mois 80% de nos besoins pour pouvoir assurer la sécurité alimentaire dans l’environnement actuel qui est de plus en plus incertain», a précisé l’expert sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, mettant en avant la nécessité de renforcer les capacités de stockage, notamment des produits stratégiques tel le blé. Il a fait savoir que durant ces 20 dernières années, un grand programme de construction de silos a été lancé, sauf qu’il reste insuffisant. Il ne s’agit pas seulement, de son point de vue, de construire des silos, mais surtout de maîtriser techniquement leur gestion. L’agroéconomiste préconise de mettre en place des unités de stockage stratégique de l’orge. «L’économie nationale est structurée par deux grandes filières, les céréales et la viande ovine. Cette dernière est de plus en plus dépendante de l’orge, d’où la nécessité d’avoir ce stock stratégique pour éviter que cette filière soit aussi soumise à des risques très élevés», a-t-il préconisé. Pour cet expert, il est impératif de définir ce qui est produit stratégique. «Nous n’avons pas cette définition», a-t-il relevé, soulignant que de son point de vue, sont considérés comme produits stratégiques les blés (l’orge, céréale et probablement le maïs, dans une certaine mesure, parce qu’ils déterminent toute la filière de la production animale) et la pomme de terre vu qu’elle constitue un composant important de la consommation des ménages.
Extension des exploitations agricoles
Au sujet de l’Agence nationale de la sécurité alimentaire, Ali Daoudi a indiqué que celle-ci devra définir ce qui est stratégique pour l’Algérie, en tenant compte du modèle de consommation actuel mais aussi de son évolution possible et souhaitée. Elle devra aussi se doter d’un instrument d’aide à la décision qui n’obéirait pas aux injonctions à court terme comme le ferait un gouvernement. L’idée est de mettre en place une structure pérenne qui produirait de la connaissance et des indicateurs de la sécurité alimentaire qui permettraient d’aider les gouvernements à mieux cibler les politiques agricoles. Il a observé que l’Algérie ne dispose pas de véritable politique de sécurité alimentaire, en raison, entre autres, de l’instabilité au niveau du secteur de l’agriculture. Etant au cœur de la sécurité alimentaire, l’agriculture devra être développée. Pour ce faire, il va falloir agir sur un triptyque : extension des exploitations agricoles, amélioration des conditions socioprofessionnelles des agriculteurs et développement des territoires ruraux mettant au point de mire la préservation des ressources. «Cette Agence viendrait créer un espace multisectoriel pour produire la stratégie alimentaire en Algérie et les outils permettant le suivi de sa mise en œuvre.»
Au sujet des subventions, Daoudi a indiqué que «c’est un dossier dont on parle depuis un moment, mais comme nous passons par une période assez difficile, il serait de mon point de vue inapproprié de parler de réforme des subventions dans un contexte marqué par une augmentation très importante des prix des produits alimentaires sur le marché national».