Amir Noureddine, expert auprès de l’ONU, à propos du terrorisme : «L’Algérie a payé pour son opposition au colonialisme»

Dans une  déclaration, jeudi dernier, le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP) a affirmé que «le terrorisme est vaincu grâce aux enfants de l’Algérie». «Il n’y a aucun autre Etat qui nous a soutenus dans notre lutte contre le terrorisme. Cela, tout Algérien et les prochaines générations doivent en être fiers», a ajouté Saïd Chengriha dans une brève allocution prononcée devant les éléments de l’ANP à Skikda après une opération d’envergure de l’armée nationale qui a capturé 7 terroristes le 16 mars dernier.

«C’est une vérité que j’avais relevée en 1992, en tant que conseiller à l’ambassade d’Algérie à Rabat, où j’avais accusé la communauté internationale d’être absente et d’encourager le terrorisme», affirme Amir Noureddine, expert indépendant auprès de l’ONU.  «Il n’y a, aucun doute, on voulait s’attaquer à l’Algérie en mettant en avant la thèse du « qui tue qui ? », alors que le Maroc alimentait le GIA avec des armes», explique-t-il. « A cette époque, poursuit-il, nous avons attiré l’attention de la communauté internationale sur le fait que ce soutien aux groupes armées se retournerait, inévitablement, contre elle et qu’elle serait appelée à faire face aux attaques terroristes sur leur propre sol». Pour cet expert le terrorisme qu’ils ont créé ne pouvait pas s’arrêter en Algérie, il devait bien se développer pour se propager un peu partout.  Au sujet de la à la déclaration du chef d’état-major de l’ANP, Amir Noureddine  relève que celui-ci avait bien raison de rappeler que nous avons combattu tout seul « ce fléau qui a fait 200.000 morts». «Si la communauté internationale avait tourné le dos à l’Algérie pendant la décennie noire, c’est parce que nous avons toujours constitué une opposition fondamentale et structurelle contre tout ce qui avait un rapport avec le colonialisme», assène-t-il. Egalement professeur de droit, Amir rappelle à ce sujet que  le soutien de l’Algérie à l’autodétermination du peuple sahraoui et à la question palestinienne a fait d’elle un ennemi à abattre, soulignant que c’est grâce à l’ANP que nous avons décimé les groupes terroristes nonobstant la volonté de la communauté internationale à soutenir le terrorisme. Il recommande, toutefois, de «rester vigilant car il ya toujours des résidus qui peuvent à tout moment relancer leur activité le long des frontières avec le  Niger, le Mali et la Libye sans oublier la Tunisie et le Maroc». Dans ce sillage, il rappelle la difficulté  d’endiguer complètement cette menace  ou de croire à l’hermétisme de nos frontières longues de 6734 km. Il ne faut pas non plus, dit-il, «perdre de vue l’importance des réseaux sociaux et la guerre de communication entretenue par des médias occidentaux».
Diplomate de carrière, le professeur Amir a exercé dans plusieurs postes diplomatiques avant d’être élu, la première fois, en 2001 en qualité d’expert au Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD). A la question de savoir comment peut-on lutter contre les idées fanatiques et extrémistes, il estime qu’il n’y avait pas, jusqu’à présent, une stratégie à même d’inculquer aux générations postindépendance  l’importance de la question de la liberté, de la valeur de l’indépendance. « Elles n’ont pas été suffisamment informées sur les affres de la décennie noire». Selon lui, il est impératif de donner à nos jeunes la possibilité de rompre avec ce qui s’est passé durant les années 90, d’autant plus « qu’il existe des éléments qui peuvent participer à un retour réel des traditions culturelles algériennes».
Assia Boucetta