La demande sur les appareils électroménagers est en baisse constante. Machine à laver, réfrigérateur, cuisinière, micro-ondes, four électrique, téléviseur …sont devenus hors de portée des ménages. Les prix de ces produits ayant connu une hausse de plus de 30% depuis le début de l’année en cours, les familles aux petits revenus sont contraintes de garder encore pour quelque temps leur vieux équipement en attendant des jours meilleurs.
Lors d’une tournée dans les magasins d’électroménager à El Hamiz, à l’est de la capitale, les commerçants tentent tant bien que mal de s’en sortir et de maintenir leur business. Les vendeurs sont oisifs, conséquence directe de l’absence de clients. «J’ouvre tôt le matin pour faire le ménage et dépoussiérer la marchandise. Durant des heures, le local est déserté et je m’ennuie. A peine si je fais une vente tous les 2 ou 3 jours », estime Souheib, qui est dans le domaine depuis plus de 10 ans.
Dans son échoppe comprenant un rez-de-chaussée et un étage, il nous annonce les anciens prix et ceux des deux dernières années en soulignant la hausse. «Je m’approvisionne chez les fabricants qui se plaignent également de la situation. La cherté des produits est due, selon leurs explications, au manque de kits sur le marché mondial. S’y ajoute l’augmentation du fret maritime. Des frais qui se sont accumulés et qui multiplient le coût de la production. Nous sommes impactés par le marché mondial du moment que toutes les pièces sont importées et les fabricants font dans le montage de kits chèrement acquis», a-t-il expliqué.
Sur la même ruelle, dans un local plein de marchandises, on entend les mouches voler. Le propriétaire, assis sur une chaise, surfant sur son téléphone mobile, impute l’état lamentable de ce créneau à la hausse de l’énergie. «Des bateaux de transport maritime sont carrément à l’arrêt. Pour ceux qui sont en service, les armateurs doublent, voire triplent, les coûts de transport pour entrer dans leurs frais. A la fin de l’année dernière, nous avons grand espoir que la situation s’améliore suite au repli de la pandémie à l’échelle mondiale et la reprise des activités commerciales, mais la guerre en Ukraine a plombé la relance économique due à la hausse vertigineuse des cours du pétrole», a-t-il fait remarquer.
Les commerçants d’El Hamiz, qui vendent, comparativement à d’autres, à des prix convenables, ne voient pas le bout du tunnel. Selon les vendeurs interrogés, le marché local des appareils électroménagers est influencé directement par le commerce international. «Nous ne vivons pas sur une île isolée», a lancé un autre commerçant, lassé par cette situation.
Au niveau local, la flambée des prix et l’érosion du pouvoir d’achat poussent les ménages à l’austérité, réservant leur revenu aux achats urgents et essentiels. Hadj Lakhdar, un propriétaire de plusieurs locaux commerciaux spécialisés dans l’électroménager, l’un des pionniers de ce commerce, confie que «les consommateurs sont préoccupés par les besoins élémentaires comme la nourriture, les soins et les crédits de logement ou de véhicule qu’ils ont contactés. Renouveler leur équipement de cuisine ou leurs appareils électroménagers n’est pas prioritaire. Toutefois, pour les commerçants, c’est une question de survie», a-t-il reconnu. En attendant une amélioration de la situation, certains commerçants résistent, d’autres mettent la clé sous le paillasson.