Au cœur du Centre d’échange news et programmes de l’ASBU : Une valeur sûre dans le monde du multimédia
Le Centre arabe d’échanges news et programmes est une valeur ajoutée sûre et fiable pour l’ensemble des télévisions et radios arabes, mais également européennes, asiatiques et africaines.
Le projet de réalisation d’un siège propre au Centre arabe d’échanges news et programmes de l’ASBU, à Alger, date de plus de 30 ans. Le directeur de cet organisme, Mohcine Slimani, rappelle que le gouvernement avait inscrit, dans les années 1990, le projet de construction du siège. La direction était installée au niveau de la Télédiffusion d’Algérie (TDA) et l’équipe technique au Centre téléport de Bouchaoui. «Les conditions de travail étaient très difficiles pour l’équipe technique et les moyens réduits. Pour cette raison, la réalisation d’un siège était une urgence. Notre pays a bataillé pour qu’Alger l’abrite. Mais vu le contexte difficile, leprojet a été reporté à plusieurs reprises», rapporte-t-il. En 2017, après son élection à la tête du Centre par les membres de l’ASBU, il a fait appel aux autorités pour relancer le projet. Durant cette année-là, la TDA a été chargée du suivi de l’étude jusqu’à sa réalisation. «Le site, qui abrite le siège, réceptionné en juillet 2022, appartient à la TDA qui dispose d’un terrain de plusieurs hectares destiné à recevoir le projet de média city», précise-t-il.
Depuis que le Centre occupe ses nouveaux quartiers, il s’est doté de moyens les plus modernes. «C’est une valeur sûre pour l’ensemble des 22 pays arabes membres de l’ASBU, mais d’une façon particulière pour l’Algérie. Plus ce Centre se développe et devient performant, plus il rehausse l’image de notre pays à l’international dans le secteur audiovisuel, car cela signifie que nos contenus sont compétitifs et de bonne qualité», affirme-t-il. Le Centre est opérationnel 20h/24h et 7j/7. Toutefois, il ambitionne d’élargir ses horaires pour atteindre les 24 heures.
«Il y a le paramètre du décalage horaire entre les pays arabes à prendre en considération. D’où la nécessité de le rendre opérationnel 24h/24. Mais là n’est pas l’unique raison. Si nous voulons rendre ce Centre le plus performant, il faut qu’il soit capable de fournir les matières au moment où les télévisions et les radios en ont besoin, ne rater aucune news, aucun événement», estime-t-il. Deux brigades, poursuit-il, seront nécessaires pour assurer ce service 24h/24. «Nous allons donc devoir encore batailler au niveau de la commission financière de l’ASBU pour renforcer les effectifs. Il faut savoir que les membres de l’ASBU ne paient rien pour les matières multimédias qu’ils exploitent. La seule condition pour avoir accès aux services du Centre est d’être membre de l’ASBU et d’honorer les cotisations annuelles qui ne dépassent pas 11.000 dollars», révèle notre interlocuteur. Le montant de ces cotisations est insuffisant pour assurer les salaires, la mise à niveau des équipements, le développement des services…
«La commission financière de l’ASBU est très active et a réussi à faire des placements bancaires et à réaliser des investissements dans pratiquement tous les pays arabes. L’ASBU est même propriétaire d’un hôtel. C’est cela qui lui permet de financer ses activités et tous les projets techniques, notamment du Centre d’échanges news et programmes», explique Slimani. Les échanges de contenus avec Euronews, Asia News et Africa news ne sont pas payants non plus. «Nous avons un accord de coopération avec ces chaînes. C’est donnant-donnant. Elles nous fournissent de la matière sur les événements auxquels nos reporters n’ont pas accès, et nous faisons de même. Nous ne commercialisons nos contenus qu’aux pays qui ne sont pas membres de l’ASBU et les pays avec lesquels nous n’avons pas d’accord de coopération», précise-t-il. Il assure, enfin, que le Centre est une aubaine pour les médias arabes et européens et asiatiques, sans lequel ils auraient déboursé des sommes faramineuses.
Farida Belkhiri
Échange des news et programmes : Technicité et organisation
Le Centre arabe d’échanges news et programmes a tout ce qu’il y a de moderne. Dans l’organisation, la technicité, l’architecture imprégnée, par endroit, par le style mauresque.
Elégant. C’est le moins qu’on puisse dire de l’édifice qui abrite le Centre arabe d’échanges news et programmes de l’Asbu (Union de radiodiffusion des États arabes). Tout en étant moderne, avec ses parois en verre et ses poutres en aluminium, il affiche fièrement son appartenance à la culture arabo-musulmane, exhibant des broderies en bois sous forme d’arabesques. Bien qu’elles soient très discrètes, les touches mauresques ne manquent pas d’attirer le regard. D’ailleurs, l’architecte a pris le soin de les mettre en valeur en ornant l’immense entrée de l’édifice, sous forme d’arcade, de motifs géométriques qui font penser à des petits soleils. Le reste de l’édifice est plutôt carré, sauf les parois en verre en forme de lune au-dessus de l’entrée. Sous le soleil, les parois dégagent des reflets bleutés, contrastant avec la céramique dorée couvrant les façades pour des raisons esthétiques et pratiques.
La céramique est connue, en effet, pour ses propriétés thermiques et pour sa grande résistance aux feux. Une fois les portes, en verre, franchies, on se retrouve aussitôt dans un grand hall, spacieux, aéré, frais et baigné de lumière. Des fauteuils sont installés ici et là pour accueillir les visiteurs. Le mobilier est sobre. La seule touche de couleurs provient des grandes affiches de l’ASBU qui font face à l’entrée. Le hall, du côté droit, s’ouvre sur un couloir qui conduit vers deux salles de travail et quelques bureaux de techniciens. L’une des salles, dont le décor est tout aussi sobre que celui du hall, est occupée, depuis quelques jours, par le coordinateur du Centre chargé de former une douzaine d’ingénieurs et de techniciens de différentes télévisions arabes sur le système satellitaire Menos plus. Le premier étage est dédié à la partie technique. Outre les bureaux de l’équipe, l’étage compte une immense pièce qui abrite le matériel de transmission, les stations, la plateforme Cloud…
Exigences dans les qualifications
De l’une des fenêtres, on peut apercevoir une vingtaine d’antennes paraboles, en grands et petits formats, les têtes tournées vers le ciel. «C’est dans ces pièces que sont gérées ces antennes par nos ingénieurs. Les techniciens, eux, se chargent surtout de la transmission», explique le directeur général du Centre, Mohcene Slimani.
L’équipe technique et leur responsable travaillent côte à côte et en harmonie comme en témoigne l’ingénieur soudanais en technologie de l’information, Hamza Sulaiman. «Cela fait une année que je travaille au Centre. Lorsque je suis arrivé ici, j’ai été surpris non seulement par la haute performance des équipements et du matériel, mais surtout par l’organisation. Je me suis intégré très facilement, et l’équipe est tellement communicative et qualifiée que je ne me sens pas dépaysé. J’ai l’impression d’être chez moi au point où j’ai décidé de m’installer en Algérie définitivement avec ma famille», confie-t-il.
Le deuxième étage est réservé à la direction du Centre et à celle des contenus télévisions et radios. De là, la vue sur l’extérieur est grandiose. La lumière entre en flots de partout grâce aux parois en verre. Pas besoin d’ouvrir les fenêtres pour admirer l’architecture originale de l’Opéra d’Alger qui se dresse juste en face etla bâtisse de l’Agence spatiale algérienne. On peut parcourir aussi du regard l’étendue du foncier devant accueillir le projet de la ville médiatique «Dzaïr Média City». Les opérations de terrassement sont en cours. Les bureaux sont tout aussi spacieux que le reste des salles de l’édifice, point chargé d’ornements inutiles. «Cet édifice est idéal pour travailler, car il nous change des anciens locaux qui n’étaient pas confortables, éclairés et spacieux. C’est tellement agréable que ne nous voyons pas le temps passer et ne ressentons pas la charge du travail», confient les coordinateurs.
La charge de travail, pourtant, ne manque pas pour la vingtaine d’employés, entre coordinateurs, techniciens et ingénieurs. Chacun d’eux assume plusieurs tâches qui ne semblent pas pesantes. Passionnés, ils donnent le maximum. «Le recrutement passe par l’ASBU qui assure les salaires. L’Union est très exigeante en matière de qualification. Chaque pays membre propose ses ingénieurs, ses techniciens et ses coordinateurs qui doivent tous être diplômés dans leurs branches. Ils passent un concours, et c’est le pus performant qui décroche le poste», explique Slimani pour qui la compétence, la maîtrise des langues et le diplôme sont les trois critères exigés dans les concours. La majorité des employés du Centre sont Algériens.
Une tâche ardue
L’équipe compte, néanmoins, des coordinateurs, ingénieurs et techniciens de différentes nationalités, égyptienne, jordanienne et soudanaise. Chaque matin, le coordinateur principal, Laârbi Megri, tient un briefing avec les coordinateurs des télévisons de chaque pays membre de l’ASBU. «Je commence tôt à cause des décalages horaires. J’ai accès à toutes les agences de presse arabes. Je parcours l’actualité dans chaque agence et je rédige mon premier outlook sur les événements les plus importants. Des prévisions que je transmets à l’ensemble des télévisions arabes à 9h. A 10h, j’anime une réunion par vidéoconférence avec les différents coordinateurs pour débattre des sujets et réceptionner les news proposées par chacun d’eux», détaille-t-il. Par la suite, il recense tous les sujets demandés avant de recueillir et d’envoyer la matière brute, des images accompagnées d’un petit résumé. «Je traduis, ensuite, ces résumés en anglais pour les transmettre à Eurovision, Asiavision et Afrivison. Les contenus échangés ne sont pas tous retenus. Parfois, le nombre de sujets exploités ne dépasse pas les 30 par jour. C’est une tâche très ardue, mais je me suis habitué au rythme», dit-il. Les images partagées sont réceptionnées, précise Slimani, sans le logo des télévisions. «Les images les plus demandées sont celles qui sont accompagnées par le son international (déclarations des officiels, cris de manifestants, bruits d’explosion…). Des images les plus vivantes possibles. De la Télévision algérienne, les coordinateurs arabes prennent surtout des contenus sur le pétrole, les visites d’étrangers, des événements comme le Sommet arabe. A ce propos, c’est l’ASBU qui a pris en charge le côté médiatique. «L’Etat a mis à notre disposition des moyens exceptionnels», affirme Slimani. Les mêmes procédés sont suivis par les coordinateurs des radios. Seulement, comme les interventions des journalistes dans les radios sont des prises de position de chaque pays, le Centre ne prend que les déclarations des officiels. «Chaque radio fait sa propre lecture de ces déclarations. Ainsi, nous évitons tout amalgame. Entre radios, ce sont surtout les programmes qui sont échangés. Que ce soit pour les radios ou pour les télévisions, nous n’acceptons pas les contenus dans lesquels un pays arabe critique un autre. Le Centre est professionnel et veille à le rester et nous écartons tous les risques qui pourraient amener à son blocage», soutient-il, avant de citer le cas de la Syrie.
De l’ambition
Quand la Syrie a quitté la Ligue arabe, le Centre a continué d’échanger des contenus avec la télévision et la radio syriennes. «La télévision syrienne est la seule qui pouvait nous fournir de la matière sur la guerre dans ce pays, les discours de Bachar El Assad, très demandés. Si le Centre avait coupé les ponts, l’ASBU n’aurait pas eu accès à ces news et des télévisons européennes ou asiatiques auraient traité directement avec la télévision syrienne et l’ASBU aurait été obligée de leur racheter la matière au prix fort», fait-il savoir avant de signaler que le troisième étage de l’édifice est occupé par le Centre des échanges africains indépendant de l’ASBU. «Nous comptons renforcer notre coopération avec ce Centre en l’aidant à offrir de services aux normes. Nous lui avons proposé des programmes de formation dans ce but», rapporte Slimani, signalant que les échanges avec ce Centre ne sont pas au niveau souhaité, car les contenus sont encore en deçà des attentes. Se développer davantage est le but principal du Centre arabe des échanges news et programmes. Dans cinq ans, il doit être plus performant techniquement parlant et en termes de ressources humaines. «Le Centre est le poumon de l’ASBU. Nous avons besoin davantage de cadres, de matériels et nous allons batailler pour les avoir. Quand média city deviendra réalité, le Centre sera une véritable valeur ajoutée et contribuera au développement audiovisuel dans notre pays. Les équipements mis en place et les matériels technologiques nous permettrons de mieux nous positionner au niveau international», estime t-il.
Farida Belkhiri
Le bâti et les équipements : Un coût avoisinant les 10 millions de dollars
La conception de l’étude et les travaux de construction de l’édifice du Centre arabe d’échanges news et programmes réalisés par l’Algérie a coûté 5 millions de dollars environ, d’après son directeur, Mohcene Slimani. Quant aux équipements et matériels techniques et technologiques de pointe, il a coûté 5 millions de dollars également à l’ASBU. «Actuellement, la commission financière de l’ASBU étudie un projet d’échanges à travers les réseaux sociaux. Nous ne pouvons plus nous contenter des échanges dans la limite du Centre. Les réseaux sociaux sont une mine d’or en termes de contenus et d’échanges. C’est un service très développé dans les pays européens où des rédactions de 8 membres au minimum sont créées pour l’échange des contenus récoltés dans les réseaux sociaux. Ces rédactions sont renforcées par des bureaux ouverts dans les pays étrangers», fait-il savoir.
Grâce à cela, elles récoltent des images et des vidéos réelles auxquelles les journalistes et les professionnels audiovisuels n’ont pas accès. «Ces rédactions sont en contact avec des citoyens doués pour capter les images, sur des événements comme les manifestations, les catastrophes naturelles…Ces contenus sont vérifiés avant de faire l’objet d’échanges. Ces rédactions ont pour mission de collecter la matière sur les réseaux sociaux et en faire des sujets d’échanges. Des témoignages vivants d’un séisme, par exemple, ou des manifestations à el Qods», dit-il. Comme ces contenus proviennent des réseaux sociaux, confie-t-il, les membres de la commission financière de l’ASBU sont réticents à donner le feu vert.
«Nous ne maîtrisons pas encore ce type de réseautage et nous devons faire appel à des Européens pour lancer ce service, car ils ont une longueur d’avance sur nous dans ce domaine. D’ailleurs, lors de la dernière réunion annuelle de l’ASBU à Alger, nous avons invité un expert européen dans ce domaine afin que les membres aient une idée de quoi il s’agit. Il a même animé un workshop au profit des coordinateurs», poursuit-il, signalant que les échanges via les réseaux sociaux exigent une préparation de terrain et l’acquisition de matériel et d’équipements. Les télévisions des pays membres sont appelées à diversifier leurs services dans les échanges et dans la coordination internationale, dont la plateforme réseaux sociaux, en s’équipant en matériel et en effectifs. «Nous leur avons demandé de désigner au moins un coordinateur qui se chargera de la récolte des matières susceptibles d’êtres échangées sur les réseaux sociaux. La Télévision algérienne est dotée de ce type de service bien qu’il ne soit pas très développé. Les contenus récoltés des réseaux sociaux ne sont pas échangés sans qu’ils ne soient contrôlés et autorisés par leurs auteurs. C’est pour cette raison qu’il sera nécessaire de développer un réseautage avec les citoyens qui sont très actifs et qui partagent des contenus réels et crédibles. ON les appelle d’ailleurs «les citoyens journalistes», conclut-il.
F. B.
Contenus audiovisuels : 70% des contenus radiophoniques et 50% télévisés exploités
Plus de 70% des matières radiophoniques échangées entre membres de l’ASBU sont exploitées dans les grilles des programmes des radios des pays arabes, indique le directeur- général du Centre arabe d’échanges news et programmes.
Selon lui, le Centre comptabilise 6.600 heures de diffusion news et programmes par an. Pour ce qui est des télévisions, sur 14.000 news et 600 programmes échangés annuellement45% à 50% sont exploités.