Banques algériennes à l’étranger : Grandes ambitions

Notre pays ne cache plus son ambition de conquérir des marchés extérieurs, notamment  en Afrique. Nos produits alimentaires mais aussi le ciment ou les médicaments, à la faveur de foires ou d’opérations d’exportation, sont de plus en plus visibles. Avec l’instauration du «marché commun africain», les perspectives sont encourageantes. Mais l’exportation nécessite, en plus d’une chaîne logistique, un accompagnement des banques. Les pouvoirs publics ont pris la décision d’ouvrir des succursales à l’étranger qui se mettront au service des opérateurs. C’est l’un des aspects de cette diplomatie économique qui défriche le terrain.
Le dernier Conseil des ministres a inscrit ce point à l’ordre du jour. Nos collaborateurs expliquent ce qu’il faut en attendre. Ils ont interrogé des experts et des opérateurs qui évoquent l’importance de la mesure et leurs espoirs de voir s’aplanir des embûches liées aux opérations de transfert de fonds jusque-là ardues et complexes.

Ça se concrétise

Les banques nationales sont appelées à ouvrir, certes, des agences à l’international, mais surtout de qualité et aux normes internationales pour soutenir la concurrence face aux institutions financières étrangères installées
dans les pays africains.

Depuis le temps qu’on en parle, l’ouverture d’agences des banques algériennes à l’international, en Afrique notamment, est enfin devenue une réalité, et ce, après que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a donné son feu vert pour le lancement de cette opération. Trois banques sont concernées par ce projet d’ouverture d’agences dans les pays africains, initié par le gouvernement, à savoir la Banque nationale d’Algérie (BNA), le Crédit populaire d’Algérie (CPA) et la Banque extérieure d’Algérie (BEA). Une démarche fortement revendiquée depuis quelques années déjà par les opérateurs économiques nationaux, dont les activités sont surtout concentrées dans l’export. Après l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), l’ouverture de ces agences bancaires est devenue une nécessité.
«L’ouverture de filiales de nos banques au niveau du continent africain facilitera le transfert de la devise des pays africains vers l’Algérie et vice-versa. C’est une excellente initiative qui vient à point nommé et coïncide avec le lancement du nouveau code des investissements dont l’un des objectifs principaux est d’attirer le maximum d’investisseurs étrangers», soutient l’expert en économie, Mourad Kouachi, assurant que cette initiative encouragera les investisseurs africains à investir dans le marché national. D’ailleurs, note-t-il, les investisseurs du continent noir s’intéressent de plus en plus au marché algérien. L’ouverture de ces banques, poursuit-il, facilitera également la tâche aux investisseurs nationaux qui ambitionnent de se positionner sur le marché africain, en Mauritanie, au Mali et au Niger notamment. «Cela favorisera aussi les échanges intrarégionaux, surtout si cette initiative est appuyée par l’ouverture de zones de transit au niveau des wilayas frontalières, à Tamanrasset, entre autres, pour faciliter le commerce avec les régions du Sahel», dit-il. Pour lui, l’Algérie n’a d’autre choix que d’ouvrir ces agences bancaires en Afrique. Ces dernières doivent en plus, selon lui, fournir des services de qualité, aux normes internationales.
«Beaucoup de marchés africains se sont développés au cours des dernières années et se sont ouverts aux banques internationales. Pour cette raison, nos banques, concernées par l’ouverture d’agences, sont appelées à se mettre au même niveau que les institutions bancaires internationales. Au Sénégal, par exemple, la concurrence est très rude entre les banques internationales où elles sont nombreuses», souligne-t-il. Les banques nationales, estime-t-il, ne peuvent faire face à ces dernières que si elles développent leurs services et proposent des produits aussi compétitifs que les autres banques étrangères. «Ça sera, sinon, un échec. Il ne s’agit pas juste d’ouvrir des filiales bancaires à l’international, mais aussi de créer des agences qui soient de haute qualité et concurrentielles», conclut-il.
Farida Belkhiri