Belkacem Achite publie un second livre : Portrait d’une génération
Belkacem Achite est un nom qui ne doit pas dire grand-chose à grand monde. Longtemps discret, ce haut fonctionnaire au ministère du travail et des affaires sociales puis à la Cour des comptes a pris sa retraite en 2009. Son second livre, ou il mêle souvenirs personnels et faits d’histoire vient de paraitre.
En 1963, le fils de Taourit Mimoun – Beni Yenni venait d’avoir presque 16 ans et la guerre s’achevait dans un mélange de soulagement et d’inquiétude. Tantôt sur le mode lyrique qui révèle un talent littéraire tantôt se limitant au strict témoignage, il nous replonge dans cette période ou le pays était promis à des lendemains meilleurs. « En ces premières semaines de l’automne 1963, l’espoir –sinon le rêve- habitaient tous les jeunes. Un rien créait un brin de bonheur ou de plaisir » écrit t-il – P154.
Après quatre années au collège des pères blancs d’Ait Larbaa, dont il rappelle au passage l’histoire et les noms prestigieux de quelques élèves comme Smail Mahroug ou Mohamed Arkoun , l’adolescent s’apprêtait à entrer au collège de Tizi Ouzou ou sa famille venait de s’installer . C’est cette année la, celle « d’une paix belle et fragile » ou débute son récit qui se termine avec l’arrivée de Chadli au pouvoir.
Une période exaltante et troublée d’une vingtaine d’années qu’il ne restitue pas comme un militant qui noircirait ou blanchirait le tableau. Il s’agit plutôt d’un travail mémoriel ou se devine le souci d’être objectif, d’évoquer ce qui n’allait pas mais aussi les ambitions d’une génération qui a bénéficié d’un enseignement de bonne qualité et celles d’un pays, qui sans être une démocratie libérale n’était pas une affreuse dictature. C’était du temps note t-il « ou l’attrait de l’émigration et de l’installation à l’étranger procédaient davantage de résolutions personnelles qu’elle ne dérivait, comme ce sera le cas bien plus tard, d’un besoin de quête ‘un avenir sans perspective sur le sol de la patrie », P 332
Il parle de beaucoup de choses qu’il a vues et de personnes qu’il a côtoyées. On le retrouve lors des meetings qui en septembre 1963 fut annoncé la naissance du FFS, des débats autour de la charte nationale de 1976. Il décrit la vie à l’université d’Alger traversée par divers courants, le service national qu’il passa à l’Académie interarmes de Cherchell dans la même classe que … Khieredine Ameyar puis à l’Ita de Mosta. Tout est relaté dans un style fluide avec parfois des pointes de truculence dans un ouvrage qui est aussi une plongée dans l’histoire du village natal de Mouloud Mammeri dont il décrit les mutations. De nombreux personnages défilent, Ait Ahmed mais aussi Boumediene, Bouteflika, Castro, Boumaza. Ce qui fait l’intérêt de ce livre est dans l’imbrication entre des événements qui relève d’un ordre personnel avec d’autres qui restitue une histoire de portée locale ou nationale. « Nous étions l’avenir » se lit avec beaucoup de plaisir et d’intérêt car l’itinéraire de l’auteur par beaucoup d’aspects recoupe celui de toute une génération.
R Hammoudi
« Nous étions l’avenir » 366 pages Casbah Editions 1000 DA