Commentaire : Contrer les situations de stress

Pandémie et crise ukrainienne ont remis au-devant de l’actualité la problématique de la sécurité alimentaire au niveau mondial, alors que l’on pensait que le monde avait clôt ce débat avec le recul de la famine et les avancées de l’économie mondialisée.

Chaque pays redécouvrait subitement ses vulnérabilités, d’autant plus criantes quand il s’agit des pays en développement, et s’est mis en situation d’échafauder des plans pour les réduire dans le plus proche avenir. Grâce à une politique proactive d’importations qui lui a permis de constituer des stocks de sécurité confortables, l’Algérie n’a pas été contrainte dans ses approvisionnements, d’autant plus que ses recettes en devises lui permettaient de s’adresser au marché international malgré la flambée des prix des denrées qu’elle ne produit pas suffisamment, notamment le blé, le lait, l’huile et le sucre, ainsi que des tarifs des transports. Outre cela, il y a lieu de mettre en relief les progrès de l’agriculture nationale qui a réussi à répondre à la demande de la population en de nombreux produits, même si le citoyen peut parfois légitimement se plaindre des hausses des prix et de sporadiques pénuries, qu’il est davantage à mettre sur les dysfonctionnements de la chaîne de distribution et d’opérations spéculatives d’affairistes amoraux, d’ailleurs largement exploités politiquement autant par des courants interdits que par ses rivaux et ennemis déclarés. L’Algérie dispose également d’un tissu de manufactures agroalimentaires solide et diversifié, ce qui constitue un atout important dans la stratégie du pays d’assurer sa sécurité alimentaire en lui donnant les moyens de transformer industriellement matières premières et surplus locaux de production, contribuant ainsi à enrichir les disponibilités et stocks sur le marché national. C’est tout ceci qui a d’ailleurs valu au pays de figurer en bon rang au classement de l’Indice mondial de sécurité alimentaire qui l’a, de plus, placé en tête des pays africains en 2021.
Il ne faut pas, cependant, omettre de signaler que les disponibilités alimentaires pour les denrées de base dépendent pour une large part des importations et donc de ses moyens de paiement extérieurs pour les acquérir. Cette facture pèse lourdement sur le budget de l’Etat, alors que le pays est en capacité de la réduire en boostant son agriculture. C’est dans cette optique que des efforts sont entrepris pour améliorer les rendements céréaliers et autres, développer la filière lait et jeter les jalons de la production de graines oléagineuses.
 L’Algérie a tout à gagner en implémentant cette politique de développement agricole : sur le plan financier en économisant sur sa facture d’importation, en offrant des possibilités de croissance à son industrie agroalimentaire. Celle-ci peut contribuer à la diversification de ses sources en devises fortes et à renforcer sa sécurité alimentaire pour faire face à toute situation de stress.
Ouali Mouterfi