Commentaire : Matière grise

Les examens de fin d’année est toujours une importante étape du parcours scolaire pour les élèves et leurs parents. Ils couronnent des mois d’efforts et des années de travail, d’attention et de sacrifices divers, avec l’espoir d’atteindre l’objectif, la réussite tant attendue.

Avant cela, les uns et les autres passeront par des moments de stress, de doute, d’inquiétude, peut-être de déception, et de joie enfin pour la plupart. Pour les pouvoirs publics aussi, c’est une opération des plus importantes dans la vie du pays. Un budget conséquent est alloué pour son bon déroulement. La mobilisation de l’administration, du corps de l’éducation, des services de sécurité est à son comble pendant plusieurs semaines. Il est impératif que l’organisation soit parfaite, que les examens soient techniquement irréprochables, que la triche soit bannie, que les corrections se fassent dans les délais et les résultats communiqués ne souffrent d’aucune contestation.
La complexité de l’opération n’est pas toujours apparente, mais il faut avoir à l’esprit qu’entre l’examen de sixième et le bac en passant par le BEM, ce sont plus de deux millions de candidats qui doivent être pris en charge, sans omettre toutes les personnes qui officient à leur bonne exécution. C’est tout aussi important pour la nation et sa longue marche vers le progrès. Ces examens, c’est le signe du blé qui lève et l’augure d’années encore plus fécondes dans l’avenir proche. Car, qu’est-ce qui fait la force d’une nation ? Par leurs modestes dimensions, ou parce que dépourvus de richesses naturelles, il est des pays qui ne semblaient voués qu’à la stérilité et ne promettaient que vie de misère aux générations successives de leurs populations. Pourtant, ils sont parmi les plus riches et les plus puissants de la planète, supplantant des contrées dotées de toutes les qualités naturelles qui garantissent, normalement, la prospérité aux peuples qui y vivent. Mais voilà, la véritable richesse des nations, c’est la matière grise, c’est la ressource humaine quand celle-ci est suffisamment valorisée, c’est à dire instruite, formée, qualifiée, innovante, créative, dynamique et ambitieuse.
La jeunesse tend naturellement aux dépassements de toutes sortes, mais elle ne peut concrétiser ses aspirations que si elle est suffisamment encouragée, soutenue. Brimée et timorée, la force qui est en elle devient énergie négative. L’Algérie a tellement investi dans sa jeunesse qu’il serait criminel de gâcher son formidable potentiel. Les rivages auxquels aspire atteindre l’Algérie nouvelle ne seront à sa portée qu’après accomplissement de toutes les tâches qui lui incombent dans le processus de valorisation de sa ressource démographique.
 Ouali Mouterfi