Dépenses excessives durant le Ramadhan : Se séparer de ses bijoux
Des pères de famille n’arrivent pas à joindre les deux bouts à cause de la flambée des prix et de l’inflation galopante. Durant le mois sacré et l’exigence de bien nourrir les membres de la famille, des femmes, qui n’ont pas un revenu pour aider à surmonter cette période difficile recourent à la vente de leurs bijoux.
Pour desserrer l’étau des frais du Ramadhan et ensuite des vêtements neufs de l’Aid EL Fitr, nombreuses sont les ménagères qui se rendent chez les bijoutiers pour se séparer de leurs bijoux en or. La mort dans l’âme, ces femmes en difficulté financière vendent des bijoux en or qui ont une valeur sentimentale plus que commerciale. Mais la fin justifie les moyens. Ces joyaux sont souvent un legs d’une mère défunte, un cadeau d’un père aimant ou la dot du mariage. Pour d’autres, c’est le fruit d’économies investies dans l’or.
Interrogé, un bijoutier à Al Mohammadia, à Alger, sur le cas de femmes qui viennent lui vendre leurs bijoux, il répond que ces cas interviennent dans des situations rudes auxquelles sont confrontées certaines familles, notamment lors de la préparation d’une fête de mariage, d’un voyage à l’étranger pour s’y installer, du mois sacré ou de l’Aid. «La majorité de nos concitoyens n’arrivent plus à vivre de leurs salaires ou revenus. Pour ceux qui ont de la chance, des proches les aident comme les parents ou les frères et sœurs. Mais dans le pire des cas, les femmes, pour la majorité des épouses ou des veuves, vendent leurs bijoux, une bague, une chaîne… pour assurer de quoi subvenir aux besoins de leurs familles», explique notre interlocuteur, qui est dans la joaillerie depuis plus de 30 ans. Cette pratique est connue depuis des lustres. Des femmes achètent des bijoux en or pour se constituer un patrimoine qu’elles offrent à leur fille mariée ou comme ornement lors des fêtes et célébrations. Dans la rue Larbi Ben M’hidi, des jeunes accostent des gens qui veulent vendre leur or.
«Des femmes se rapprochent de nous discrètement pour montrer un bijou à vendre. Les bijoutiers nous aident à vérifier et peser l’objet et y mettre un prix. En ces jours de Ramadhan, cette pratique se multiplie à cause de la cherté des produits alimentaires et la difficulté de terminer le mois », estime Mohamed, qui est toujours à l’affût de la « casse ». Un autre marché de bijoux non légal se fait au vu et au su du public et des autorités. Des femmes amassées dans un petit jardin, à quelques mètres de la station du métro des Fusillés, à Alger, vendent et achètent des bijoux. Des jeunes tout autour de ces « vendeuses » font les gardes du corps et rabattent des éventuels acheteurs ou vendeurs. « Vous avez du casse », la phrase codifiée qui signifie aux passants le possibilité d’y vendre. Accostée, une dame, la soixantaine, ne veut rien dévoiler de ce commerce illégal qui s’effectue depuis des décennies dans cette placette. « Je n’ai rien à vous dire. Si vous avez un objet à vendre, je prends sinon j’ai aucune information à partager avec vous », dit-elle, tout en tournant le regard.