Description d’un quartier À Derb, «Ouled Lahlal» se vit
Qui de nous ne se souvient pas de la fameuse série «Ouled Lahlal», dont le lieu de tournage
a été le quartier populaire dit Derb à Oran. La spontanéité et le franc-parler des gens de ce quartier, mis en exergue dans la série télévisée précitée, n’est en réalité qu’une seconde nature. C’est du moins ce qui se constate lors d’une escapade effectuée entre les vieilles ruelles de ce qui, jadis, s’appelait «Derb lihoud», devenu aujourd’hui une destination incontournable pour les visiteurs d’El Bahia. Un peu d’histoire et d’étymologie est de mise avant d’entamer l’échappée dans cet abyssal pâté. Houari, un Oranais versé dans l’histoire de la ville, fait savoir que l’origine étymologique de la dénomination Derb tient de l’arabe classique, signifiant le quartier des Juifs. Les vieilles bâtisses, dans un état de délabrement avancé, remontent au début du XXe siècle. Durant l’époque coloniale, il était le quartier des pieds noirs et des Juifs. Réputé pour être l’un des plus chauds quartiers d’Oran, Derb se transforme la nuit en fief de «bandits». Pour le visiter, il vaut mieux s’y rendre la journée et rester sur ses gardes. De la place d’Armes, on monte la rue de la Révolution. C’est le contraste total entre les vestiges de l’habitat précaire, constituant Derb et les somptueuses bâtisses entourant cette célèbre place publique, à savoir l’Hôtel de ville abritant le siège de l’APC d’Oran et l’Opéra, actuellement Théâtre régional Abdelkader-Alloula. Selon toute vraisemblance, le textile est l’activité commerciale la plus dominante. Certains en font un métier hérité de père en fils. Les marchands des beaux tissus scintillants en dentelle, de provenance indienne, semblent avoir pignon sur rue.
«Les couturières s’orientent vers ces magasins pour s’approvisionner en tissus et mercerie»,
lance Houari. Ça en dit long sur la magnificence de la «blouza oranaise», tenue traditionnelle qu’affectionnent les femmes de cette ville et d’ailleurs. Les échoppes et les charrettes des marchands des fruits et légumes font partie du quotidien précaire du Derb. La «radjla» de ses jeunes aussi. C’est d’ailleurs ce qui laisse comprendre le comportement honnête d’un vendeur de légumes, qui courait derrière une cliente pour lui remettre son sac d’emplettes oublié sur son étalage. Certaines parties du quartier sont vides.
Leurs habitants sinistrés ont été relogés.
D’autres immeubles devront être, carrément, démolis, estime Houari, car ils constituent un danger public, d’autant plus que d’autres personnes, venues de tous bords, n’hésitent pas à les squatter. «C’est une partie d’Oran qui va disparaître», nuance-t-il. Agglutinés au pied des immeubles vides, les habitants ne quittent pas leur quartier natal. Un lien fort les unit à ce pâté vétuste. En haut, un bain maure fait l’angle, donnant sur des bidonvilles. Brouhaha, vociférations, querelles et vols, s’entremêlent à la sympathie et la générosité, chez … ouled lahlal.
A. M.