Dr Salah Laouar, président du Syndicat des médecins de santé publique : «Les services de contrôle de l’hygiène doivent sévir»

Entretien réalisé par : Fatma-Zohra Hakem

Le président du Syndicat national des médecins généralistes de santé publique (SNMGSP), Dr Salah Laouar, stigmatise le manque d’hygiène et la vente des produits à même le sol, à l’origine, selon lui, des toxi-infections, appelant les services de contrôle à sévir.

Les intoxications alimentaires sont-elles en recrudescence durant le mois de Ramadhan ?
Nous ne disposons pas de statistiques et de données pour affirmer cela, mais les toxi-infections alimentaires ne sont pas anodines et doivent être prises au sérieux. Durant le mois de Ramadhan, il y a cependant un risque important de développement des toxi-infections alimentaires puisqu’une multitude de produits sont proposés aux consommateurs et vendus à même le sol. Quand on voit des jus proposés dans des sachets en plastique et préparés dans des conditions d’hygiène déplorables, il y a de quoi s’inquiéter. Il y a aussi certains marchés de volaille clandestins où il n’y a pas de contrôle. Cela présente bien évidemment un risque.
Quelles sont les causes des toxi-infections alimentaires ?
Elles viennent du manque de respect de la chaîne de froid, de l’absence d’hygiène, des mauvaises conditions de conservation, de la fabrication non contrôlée des produits dans des lieux clandestins.

Que conseillez-vous à nos concitoyens pour éviter les toxi-infections ?
Nous interpellons nos concitoyens pour qu’ils restent vigilants quant à l’achat des produits exposés à même le sol ou dans des camionnettes. Il est recommandé d’acheter les denrées alimentaires dans les magasins en vérifiant toujours la date de péremption et les conditions de stockage de ces produits. Car, par moments, des marchandises sont exposées au soleil alors qu’elle ne le devraient pas. Ce qui altère leur qualité et provoquent une pullulation microbienne. S’agissant de la viande, qu’elle soit blanche ou rouge, il est recommandé de ne pas acheter ces produits quand ils sont vendus dehors, exposés à l’air et à la poussière.

Quid des services de contrôle de l’hygiène ?
Les services de contrôle doivent sévir et c’est leur rôle de veiller à la protection de la santé des citoyens. Ces services sont habilités à contrôler les restaurants et les commerces et doivent jouer un rôle central. Durant toute l’année, ces services doivent effectuer des contrôles et plus particulièrement durant les fêtes, les célébrations (Mouloud et Achoura) et le Ramadhan, puisqu’il est question d’une affluence importante des citoyens vers les marchés et d’une augmentation de la consommation. Les services de contrôle de la qualité doivent impérativement vérifier les conditions de stockage des produits et le respect de la chaîne de froid. Et souvent, dans les commerces,beaucoup de produitsne sont pas conservées. Ce sont des marchandises censées être mises dans le réfrigérateur alors que les commerçants les placent dans l’arrière boutique.
Ce sont des pratiques qu’il faut combattre. Il y a aussi une tendance chez certains commerçants à vendre des produits périmés. Les produits périmés, surtout quandil s’agit de conserves, peuvent être à l’origine d’intoxications alimentaires mortelles. Il ne faut pas banaliser les toxi-infections qui peuvent être graves et engager le pronostic vital d’une personne.
 F.-Z.H.