Education routière en milieu scolaire : Une démarche positive, selon les parents d’élèves

L’intégration de l’éducation routière en milieu scolaire en vertu du décret exécutif 23-98 suscite la satisfaction des acteurs concernés. Spécialistes, enseignants et associations des parents d’élèves se disent favorables à la décision qui pourrait changer la donne de la sécurité routière, puisque l’on place l’enfant, l’adulte de demain, au cœur de la stratégie nationale de la lutte contre le phénomène des accidents de la route. Quant aux contenus et à la méthode de la mise en place de son enseignement, les avis diffèrent.
L’association nationale des parents d’élèves, se dit satisfaite de la décision du gouvernement qui sert l’intérêt général et celui des élèves en particulier.
Selon un membre de son bureau national, Rabah Abchiche, «une telle démarche nécessite la coopération de tous les acteurs à savoir la famille, l’école et la société».  «L’association doit être présente et impliquée dans cette entreprise éducative au vu de ses propositions en la matière et qui tiennent compte de la réalité du terrain», insiste-t-il.
Interrogé sur les suggestions de l’association, Abchiche fait savoir que sa vision s’articule autour des cours pédagogiques et des spots publicitaires diffusés sur plusieurs supports médiatiques tels que la radio et la télévision. Il recommande aussi des prospectus et affiches de sensibilisation, des chants à réciter pour inciter l’élève à être plus vigilant sur la route.
Le  président de l’Organisation nationale des parents d’élèves, Ali Benzina, soutient que «l’éducation routière devrait se faire selon des étapes à même de permettre à l’élève de comprendre l’ampleur du danger auquel il est exposé au quotidien et ses conséquences».
Benzina s’attarde sur l’importance des comportements qu’il faudrait adopter pour une sécurité routière générale. Ainsi, le président de l’Onpe évoque l’écoute des parents d’élèves, primordiale, lors de l’élaboration du programme afin de faire sortir un enseignement qui répond à une demande de la société et réduire la gravité des accidents de la route.
Pour sa part, le spécialiste de la sécurité routière M’hamed Kouach voit dans l’introduction de l’éducation routière à l’école plus qu’une nécessité, rappelant que «cela existait en 1987, sans pour autant être appliqué».
«L’enfant d’aujourd’hui est le conducteur et l’usager de l’espace routier de demain.  L’éducation dès le jeune âge reste aussi  gravée dans la mémoire et le comportement», dit-il.
Le spécialise voit que l’éducation routière devrait tenir compte de plusieurs facteurs. Il préconise, dans ce sens, que son enseignement ne se fasse pas à travers une matière à part entière. Mais via des cours en fonction des niveaux et des cycles. «À titre d’exemple, pour le palier primaire, on peut l’intégrer à travers des activités d’expression orale et écrite dans l’éducation civile. Pour les paliers moyen et secondaire, on peut l’insérer dans les cours généraux des différentes matières à même d’inculquer aux futures générations la culture de la sécurité routière et les comportements civiques», suggère-t-il.
De même qu’il voit essentiel d’introduire l’usage quotidien de l’espace routier dans des activités culturelles et artistiques telles que le théâtre, le dessin et le chant. «Il est important aussi de prévoir un journal d’informations qui s’intéresse à l’activité scolaire et aux accidents de la route touchant le milieu scolaire», ajoute-t-il.
Concernant enfin l’utilisation des nouvelles technologies pour le signalement des accidents de la route, le Dr Kouach salue ce moyen qui  implique les élèves dans le sauvetage de vies humaines.
A. Mehdid
Meziane Meriane, ancien syndicaliste et enseignant à la retraite : « L’intégration de l’éducation routière doit être confiée à des spécialistes »

Dans cet entretien, Meziane Meriane, essaie d’apporter un éclairage sur l’introduction de l’éducation routière en milieu scolaire. Selon lui, il faut partir de différentes approches et piocher dans le programme de l’éducation à la citoyenneté pour réussir. Des cours conçus en fonction des cycles scolaires sont aussi de mise insiste t-il 
Le gouvernement entend introduire l’éducation routière en milieu scolaire. Que pensez-vous d’une telle  décision ?
Comme dit l’adage prévenir vaut mieux  que guérir. L’enfant est l’adulte de demain et sera appelé à conduire un véhicule et au vu du nombre important des accidents mortels dans notre pays, prendre en charge l’éducation de l’enfant, dès son jeune âge,  ne peut être que bénéfique. Le respect du code de la route fait partie de l’éducation à la citoyenneté, apprendre à l’enfant le respect des lois de la république, ses droits et ceux des autres, se protéger et protéger autrui. En un mot, apprendre à l’enfant que le vivre- ensemble nécessite des règles préétablies et leur respect absolu. Pour ce qui est de son introduction en milieu scolaire, sera un fardeau de plus pour l’enfant et  requiert l’utilisation de procédés éducatifs basés sur des projections.
Comment le programme de cet enseignement pourrait-il se concevoir sur le plan théorique et quels sont les paramètres psychologiques dont il faut compte pour  minimiser la mise en danger chez l’enfant ?
Concevoir un programme scolaire doit répondre à des paramètres bien déterminés. Il faut se poser  la question sur les  objectifs qu’on veut-on atteindre
L’objectif visé ici est clair à savoir de lutter contre le phénomène des accidents de la circulation mais  quel programme doit-on mettre en application. Là on  doit se référer et piocher dans le programme de l’éducation à la citoyenneté à savoir le respect des lois, dont la signalisation routière. Je pense qu’il faut partir de l’élaboration de différentes approches en fonction de l’âge de l’enfant. L’élève du primaire ne peut pas recevoir des théories que peut assimiler plus facilement l’élève du collège ou un lycéen. La conception et l’intégration d’un tel enseignement doit être confiée à des spécialistes en sciences de l’éducation. On doit organiser le contenu  du programme en une série de thème et  projets.
En plus des cours théoriques, vous avez proposé des projections ou des activités pédagogiques pratiques, comment peuvent-elles  se décliner dans  les trois paliers ?
Faire des projections permettra d’accrocher plus facilement  l’enfant et rendre le cours plus intéressant. Cela pourra répondre à l’objectif pédagogique visé à savoir capter l’intérêt de l’enfant et son envie d’apprendre. Des projections suivies des débats et en présence d’un élément de la protection civile, d’un médecin en contact avec des victimes des accidents de la route pourrait être aussi instructif. Je suis sûr qu’au bout de quelques séances une prise de conscience commencera à se cristalliser. L’enfant demandera à son père de  se méfier des excès de vitesse car il y va de leur vie et de  celle des autres.
En tout cas, il s’agit de prendre des décisions stratégiques et comment l’interconnecter avec l’environnement de l’enfant, les leçons doivent être enseignées afin de faire comprendre l’ampleur de ce désastre qui est les accidents de la route.
Les parents d’élèves doivent-ils être impliqués dans cet enseignement ?
Il faut impliquer les parents d’élèves dans l’extrapolation de ce qui est enseigné à l’école et le   comportement de leur progéniture  à l’extérieur. Il leur appartient de donner l’exemple et  d’accompagner les enfants dans l’application des orientations données durant les cours, telles que le respect de la signalisation. Si l‘on réussit  à atteindre les objectifs visés à travers l’introduction de l’éducation routière, cela changera complètement la vision de la société sur le  respect des lois. il faut qu’on réalise que lorsqu’on enfreint le code de la route et  qu’on est verbalisé, ce n’est pas l’agent de l’ordre public qui nous a pénalisé. On paie plutôt le non-respect de la loi.
A. M.