Elle fait partie du patrimoine de la ville :La blouza oranaise à l’honneur

La blouza oranaise, tunique traditionnelle et authentique de la ville, est à l’honneur au Musée Ahmed-Zabana. La salle d’ethnographie du musée consacre désormais un espace spécial à ses visiteurs de marque, attendus à l’occasion des Jeux méditerranéens 2022 qu’Oran s’apprête à accueillir dans moins d’une semaine.
Plus qu’une tenue traditionnelle portée lors de grandes occasions par les femmes oranaises, il s’agit en effet d’un legs culturel et identitaire qui fait partie du patrimoine immatériel de la population locale. Mme Mesli Nouria, couturière de mère en fille, qui s’est actuellement spécialisée en confection de costumes traditionnels algériens en miniature, la blouza oranaise constitue à ce jour une pièce maîtresse dans le trousseau de la mariée oranaise. Elle est composée d’un empiècement (sdar), joint par plissage ou par élastique au bas de la robe, appelé «jlal», avec des manches généralement courtes, sauf pour les femmes âgées où l’on utilise des manches plus longues en dentelles, appelées «kmem», qui dépassent de peu les coudes, explique-t-elle. Si pour les blouzas destinées aux femmes âgées, on utilise le plus souvent des tissus sobres, de couleurs plutôt claires, généralement du blanc, pour les femmes plus jeunes, c’est plutôt les couleurs prononcées qui sont privilégiées, avec des tissus beaucoup plus chargés en perles, paillettes et strass, selon la circonstance.
La blouza a évolué à travers le temps, mais elle garde quand même une caractéristique
de base : ses tissus sont lourds et tombants tout en étant fins. Pour ce qui est des prix, ils sont définis par le choix des tissus que l’on utilise. Des tissus dont les plus chers peuvent coûter jusqu’à 10.000 dinars le mètre. La charge des ornements qu’on choisit peut également porter le prix d’une blouza jusqu’à 140.000 dinars. Dès sa création, que les spécialistes font remonter au début du siècle dernier, la blouza oranaise a tout de suite été adoptée dans plusieurs wilayas du pays, particulièrement dans l’Ouest algérien, affirme Mme Mesli. Un succès dû, certes, à sa beauté au goût des femmes de l’époque, mais aussi parce qu’elle convient parfaitement aux mœurs conservatrices de la population. Elle est longue, elle est ample, et au fil du temps, chaque région se l’est un peu plus appropriée en l’adaptant aux goûts et aux tendances du moment. Par exemple à Oran, on a presque toujours préféré quand ça brille de mille feux, d’où l’usage généreux des perles et autres paillettes et strass. Ce qui n’est pas du tout le cas à Tlemcen, souligne-t-elle, où on préfère en revanche des empiècements plus discrets.
 Yahia Benaïssa