Historiens : L’OAS est l’enfant naturel du régime colonial

Des chercheurs en histoires ont rappelé, ce mardi à Alger, que l’Organisation armée secrète (OAS) était une émanation du système colonial et non une réaction spontanée d’individus pour qui l’indépendance de l’Algérie était inconcevable.
Le chercheur en histoire Amar Belkhodja a affirmé, lors du forum d’El Moudjahid, que l’Organisation armée secrète (OAS), créée par des officiers français dissidents, n’a jamais accepté l’idée et la perspective d’une Algérie indépendante. Selon lui, l’OAS n’a pas été un phénomène de génération spontanée. «Les éléments de l’OAS sont d’anciens officiers supérieurs de l’armée française», a lancé Belkhodja qui  insisté sur l’importance de rattacher cette organisation terroriste au  régime  colonial. «Autrement, nous risquons  de passer à côté de la vraie nature du régime colonial, dont l’OAS est l’enfant naturel», a-t-il soutenu
De son côté, l’historien et chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc), Fouad Soufi, a estimé que l’OAS est «le dernier avatar et l’ultime forme de réaction de l’extrême droite qui croyait gérer toute la population européenne dans notre pays et exigeait le maintien de l’Algérie dans la France».  «On disait que la Méditerranée traverse la France comme la Seine traverse Paris. La France et l’Algérie formaient, disait-on, un seul pays», a-t-il rappelé. «Cependant, la réalité est tout autre, puisqu’une minorité européenne opposée à la vision de l’OAS  représentait une menace pour celle-ci. L’OAS avait fait taire ces populations par la violence avant de se tourner vers les Algériens qui furent assassinés», a-t-il expliqué
Soufi parlant des exactions de l’OAS à Oran a cité l’attentat à la voiture piégée commis, en plein mois de Ramadhan sur l’esplanade de M’dina Jdida (Tahtaha), qui s’est soldé par la mort de 80 personnes et des dizaines de blessés.  Il a évoqué également  l’incendie de la bibliothèque universitaire de la faculté d’Alger commis par l’OAS. Pour lui, «c’est un crime odieux, qui visait à priver les Algériens de savoir et une tentative de destruction de notre culture et de notre patrimoine».  Selon Soufi, l’OAS a tout fait pour que  les accords d’Evian ne se traduisent pas sur le terrain, mais ce fut, a-t-il assené, «un piteux échec ». «Au contraire, l’OAS n’a fait que renforcer l’attachement du peuple au FLN-ALN», a-t-il renchéri.
«Les moudjahidine ont fait face aux plans de l’OAS et traqué ses éléments», a poursuivi Soufi  qui a rappelé que  moudjahidine et fidayîn n’ont pas arrêté leur lutte contre les éléments de la sinistre organisation terroriste. Enfin, Soufi a rendu un hommage  aux fidayîn, en majorité des jeunes, qui se sont battus pour défendre Oran et ses alentours contre la furie de l’OAS.
Samira Sidhoum