Ils méritent un hommage : Ces artistes qu’on oublie
Il est des artistes qui sont tombés dans l’oubli. Même les organisateurs de la Journée de l’artiste ne les rappellent pas au bon souvenir du public. Les chaînes de télévision les passent que rarement dans des émissions d’archives, ce qui est insuffisant. Voici quelques portraits d’artistes qui étaient au devant de la scène. Il y en a des dizaines d’autres qui méritent un hommage et qu’on passe plus souvent leurs productions à la télévision ou à la radio.
Karim Tahar : Il avait modernisé la chanson kabyle
Il mène une vie paisiblement dans son quartier d’El Biar et reste à ce jour méconnu du grand public. Khali Tahar avait comme nom d’artiste Karim Tahar. Il a réussi aussi bien dans le monde de l’art que du noble art puisqu’il était boxeur puis arbitre international. Il a connu des sommités dans les deux domaines, tels le compositeur Mohamed Abdelwahab et le grand boxeur Mohamed Ali. Il avait une voix merveilleuse et c’est lui qui avait créé le premier orchestre de jazz kabyle en 1948.En France, il avait été directeur de production à la RTF (radio) où il était chargé d’auditionner pour la première fois Enrico Macias. Il avait refusé son passage puisqu’il n’avait pas encore les qualités requises. Karim Tahar a enregistré plusieurs disques 45 tours à l’issue d’une très carrière exemplaire. Quelques-uns de ses amis comme Carima Aid ont pensé lui rendre hommage à Béjaïa.
Saïd Bestandji : Il a chanté à l’Opéra de Bologne
On est en 1966.SaïdBestandji qui avait comme pseudonyme Hassan Badri passe en direct sur les trois chaînes de télévision italiennes Rai. Il est seul sur scène et interprète trois chansons sans micro ni orchestre. Après une formation dans le répertoire andalou auprès de Cheikh Mahieddine Lakhal et des cours de solfège à Bab El Oued, l’artiste, qui était membre du PPA-MTLD, fut par les colons français recherché. En 1949, il part à Paris où il reprend les cours au conservatoire pour en sortir avec le diplôme de chef d’orchestre et chanteur d’opéra. Ses activités avec la Fédération de France du FLN le poussent à se retirer du monde de la chanson. Il rentre en Algérie et devient musicien puis chef d’orchestre à la RTA. Ensuite, il crée l’association Art et culture puis le studio Soleil. Il composera des centaines de musique, chantera partout et formera des générations de chanteurs et de musiciens. En 1973, le défunt président Houari Boumediene lui décerne la médaille d’Or de la RTA pour sa chanson Tedj Ezzine. L’enregistrement n’est plus passé à la télévision.
Badreddine Bouroubi : Star des années 194O
Il a nous quittés sans qu’aucun média n’annonce son décès. Lui, c’est Badreddine Bouroubi. Il était comédien, chanteur, compositeur et parolier, pianiste et virtuose de la guitare. Dans les années 194O, il faisait partie de la première troupe de jazz d’Algérie Reda Bey, fondée par Mahboub Stambouli. Il était parmi nos meilleurs chanteurs modernes aux côtés d’Abderrahmane Aziz et des chanteurs juifs notamment Lili Boniche et Salim H’lali. Côté théâtre, il était aussi parmi nos meilleurs comédiens. Après 1962, il travaillera à l’APC d’El Biar et comme cadre à la Sonatiba. En parallèle, il écrira des sketchs et des chansons. Il sera derrière les premiers succès de Hanane et Youcef Toutah. Lui aussi, était un artiste marginalisé et mérite le meilleur des hommages.
Tayeb Abou El Hassan : Le compère de Boubegra
Au camp de concentration de Paul Cazelles où il se trouvait avec d’autres artistes tel le musicien Rachid Berkani, il trouvait le moyen de jouer des sketchs avec son ami Hassan Hassani. L’artiste était un grand militant et plusieurs des attentats qui ont lieu entre le Square et El Hamma ont été l’œuvre de son groupe de Fidaiyine. Après l’indépendance, il se retrouve au TNA et jouera dans plusieurs pièces. En parallèle, il enregistrera des disques avec son compère Hassan Hassani notamment Boubegra Fettriciti et Boubegra Fetteyara. Il quittera le TNA avec Hassan Hassani, Kaci Ksentini, Amar Ouhadda, Hamid Nemri et Stambouli pour mettre sur pied la première troupe de théâtre privée, la TTP. Avec cette troupe, il sillonnera les villes d’Algérie. Il jouera avec Hassan Hassani dans des dizaines de sketchs et de pièces théâtrales. Il était connu pour son rôle de Hozzi. Tayeb Abou El Hassan était également chansonnier et avait enregistré quelques chansons comiques. Dommage qu’on l’ait également oublié.