La souffrance silencieuse des autistes à Tizi Ouzou :
Une psychologue qui a requis l’anonymat ne cache pas sa colère: «On ne doit pas considérer l’autisme comme un handicap, encore moins une honte et un fardeau pour les parents.»
En marge de la journée portes-ouvertes sur l’autisme organisée par l’EHS de psychiatrie «Fernane-Hanafi» d’Oued Aïssi, elle estime qu’il est grand temps que l’autisme soit une spécialité et non une branche de la psychiatrie pour avoir de meilleurs résultats en matière de thérapie «qui passe par une prise en charge précoce». Toutefois, elle déplore le manque de moyens humains. Justement côté prise en charge, elle insiste sur la nécessité de permettre aux enfants de devenir, une fois adultes, autonomes pour ne pas émarger au budget de la DASS. Dans ce sillage, elle regrette que peu de rencontres praticiens-parents soient organisées. «Nos écrits adressés à la Direction de la santé où sont recensées toutes ces carences sont restés lettre-morte», déplore-t-elle. Le constat est partagé par Salah Meradi, secrétaire- général de la Fédération nationale des associations des parents d’enfants inadaptés mentaux. Pour lui, l’insertion professionnelle des personnes inadaptées est possible avec un accompagnement par un personnel spécialisé qui peut permettre une meilleure socialisation. Il relève que la grande difficulté se pose à l’âge de la majorité car durant l’enfance, les autistes sont pris en charge dans des structures». Kahina Hedjar, directrice de l’établissement s’est attardée sur le besoin en personnel spécialisé. Ahmed père d’un enfant autiste s’est étalé, de son côté, sur les difficultés de vivre avec un enfant qui souffre d’autisme. «On a du mal à cerner son état qui passe, sans transition de la joie à la mélancolie», dit-il. Habiba mère d’une fille autiste déplore le regard des autres et le comportement des gens. «A l’école, l’enfant est stigmatisé et souvent marginalisé», lâche t-elle. D’autres parents qui ont évoqué d’autres aspects de cette souffrance silencieuse ont qualifié le soutien des pouvoirs publics d’insuffisant notamment en matière de transport des enfants du domicile aux centres d’accueil. Certains d’entre eux n’ont pas manqué de dénoncer des pratiques du secteur privé s’agissant surtout des prix. Enfin, selon le premier responsable du service de psycho-pédiatrie, le Dr Adane, «sur 7.000 dossiers d’enfants traités à leur niveau 4 sur 10 sont autistes, soit un taux de 40%».
Rachid Hammoutène