L’Algérie suspend le traité de coopération avec l’Espagne : «Madrid, le grand perdant», estiment des politologues

L’Algérie a suspendu, mercredi dernier, le traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération conclu en 2002  avec l’Espagne. En outre, notre pays a décidé de geler ses échanges commerciaux avec le pays ibérique. Quelles conséquences économiques ? Quelle est la portée de cette mesure.

 

Professeur à la faculté des sciences économiques de l’Université Aboubakr-Belkaïd de Tlemcen, Chaïb Baghdad relève que dans toute rupture de coopération entre des Etats, des conséquences et des impacts sont à prévoir et chaque Etat cherche à calculer les pertes et les manques à gagner par cette démarche, surtout de la part de l’Etat qui a décidé cette démarche.
Et dans le cas de la rupture de l’accord de l’amitié entre l’Algérie et l’Espagne, «cela signifie que les relations commerciales vont être suspendues momentanément et peut-être provisoirement, mais avec des effets financiers assez conséquents pour les deux Etats, et la nécessité de rechercher d’autres partenaires économiques pour combler cela et garder le rythme des relations
économiques internationales», estime-t-il.
Il rappelle que l’Espagne est le 5e fournisseur et le 3e client de l’Algérie, et que les échanges commerciaux ont atteint, en 2019, près de 7 milliards de dollars, dont 3 milliards représentant les exportations algériennes vers ce pays composées principalement de gaz, ce qui constitue un marché économique assez important et crucial, surtout au niveau de la proximité et des bonnes relations diplomatiques entre les deux Etats.
«La rupture de cet accord vient à un moment crucial pour les deux Etats, du fait du contexte économique international marqué par cette guerre entre la Russie et l’Ukraine, notamment au niveau de la pression sur les livraisons internationales du pétrole et du gaz», souligne-t-il. Il ajoute que l’Espagne est alimentée en matière de gaz grâce à Medgaz qui provient de l’Algérie pour une capacité de plus de 10,5 milliards m3 après la cession du Grand Maghreb Europe, ce qui constitue une opportunité économique conséquente pour ce pays, car «bénéficiant de la proximité avec l’Algérie et des prix bien abordables», et de ce fait, «cette rupture de l’accord signifie clairement que l’Espagne est bien perdante dans cette affaire économique, car une partie de la consommation gazière sera suspendue et ça sera difficile de remplacer le gaz algérien par un autre fournisseur avec les mêmes conditions financières et avantages économiques», dit-il.

Une décision souveraine 
Le politologue et spécialiste en relations internationales Idriss Attia indique que Madrid assume sa responsabilité et ses prises de position volatiles par rapport à certaines questions, notamment son «revirement injustifiable» sur le conflit au Sahara occidental, une décision «gravissime» en violation de la légalité internationale. L’exepert prévoit même la «chute prochaine» du gouvernement de Pedro Sanchez. Selon lui, les députés de la Chambre des représentants espagnole (Parlement), les représentants des partis politiques fustigent la politique étrangère du dirigeant socialiste qui a eu des résultats désastreux.
Idriss Attia relève que l’Espagne tente de dresser l’Union européenne contre notre pays dans cette affaire. Toutefois, il estime que l’Algérie est souveraine dans ses positions et que les conventions qui lient notre pays aux autres pays de l’Union sont claires et équilibrées.
Amokrane H.