Législatives 2021: Un regain d’intérêt inattendu

Effet inattendu. Malgré la pandémie et la crise sanitaire, la course à la députation suscite un réel engouement.

Le président de l’Autorité nationale indépendante des élections, Mohamed Charfi,a fait état d’un nombre important de formulaires de candidature retirés jusque-là par les prétendants aux élections législatives du 12 juin prochain. Qu’il s’agisse de partis politiques ou de postulants indépendants, l’engagement exprimé pour le prochain scrutin est inédit. S’agit-il d’une franche rupture avec les précédentes élections? Le politologue Mohamed Hassène Daouadji confirme ce regain d’intérêt pour la compétition électorale. «Ce n’est pas la première fois que l’Algérie fait face à une forte vague de candidatures. On a vu cela lors de l’élection présidentielle de 2019, mais pas à l’occasion des législatives. Le nombre de candidats a augmenté en raison des garanties données par la loi et l’Etat. Il existe des candidatures de qualité. Mais on retrouve aussi d’autres candidatures de partisans des anciennes pratiques. Ils sont candidats pour être candidats, sans pour autant avoir des ambitions claires et légitimes, encore moins des compétences nécessaires pour assumer pleinement cette lourde responsabilité», a-t-il fait remarquer. Daouadji a rappelé qu’en l’absence d’une culture électorale, il y aura toujours des candidatures farfelues qui émanent de gens qui n’ont aucune appartenance ou idéologie politiques. Il a affirmé qu’il est impossible d’évaluer ce phénomène avant la validation finale des dossiers de candidature.
Le tout se jouera sur la «qualité» des candidatures et leur capacité à porter les ambitions de l’Algérie nouvelle, a-t-il estimé. Cela ne  l’empêche d’estimer  que le fait de se porter candidat constitue «un bon signe», d’autant que beaucoup  d’algériens ne croyaient plus au verdict des urnes.
La probité d’abord
Du côté des partis politiques, l’effervescence se fait sentir aussi. Fatma-Zohra Zerouati, présidente du parti TAJ, a estimé que l’engouement exprimé pour la prochaine consultation électorale n’est pas un signe de bonne santé uniquement, mais un excellent indicateur qui dénote d’une « implication évidente » de l’Algérien. «On remarque aujourd’hui une jeunesse qui s’implique et qui est consciente de la place qu’elle doit assumer dans la sphère politique. C’est le changement par le citoyen qui prend forme. On voit la politique autrement. On comprend que rien ne se fera en restant chez soi ou dans les rues», estime-t-elle. Pour ce qui est des candidatures indépendantes, elle a expliqué qu’elles sont plus présentes en effet, car les jeunes ont compris qu’ils auront le soutien du président de la République et les aides de l’Etat pour pouvoir mener à bien leur campagne électorale. «C’est un appui de taille et un message fort envers la jeunesse», a-t-elle indiqué en faisant savoir que son parti vit au rythme d’un nouveau souffle, surtout que la loi exige que la liste soit confectionnée avec 30% d’universitaires. Ce qui signifie que la qualité des candidatures sera de mise automatiquement.
Le président du parti Jil Jadid, Soufiane Djilali, a, lui aussi, observé cet entrain  pour les législatives. «C’est un bon signe par rapport au climat général dans lequel l’action politique  s’est cantonnée jusqu’à présent. Pour le moment, ce sont des velléités de candidatures. Les listes seront encadrées par la parité homme-femme et le niveau universitaire des postulants », affirme-t-il. Est-ce que ces listes répondent aux exigences de la loi ou sont-elles justes des candidatures folkloriques ? Selon lui, c’est à l’ANIE  d’appliquer la loi.  « C’est aux partis politiques d’assumer la qualité de leurs candidats », ajoute-t-il, précisant que pour l’heure, ce sont des intentions de candidatures qui ne  signifient nullement que l’ensemble des participants seront candidats en fin de course.
Karima Alloun