Les enjeux du nouveau dispositif : Mission difficile mais pas impossible

Le gouvernement est décidé de revoir sa copie quant à la politique des subventions généralisées, à même de mettre en place un nouveau dispositif basé sur le ciblage des catégories qui y sont éligibles. Comment définir ces catégories ? Quelles sont les modalités à adopter pour effectuer les transferts ? L’économiste Ahmed Souahlia essaie d’apporter un éclairage sur la faisabilité du dispositif de compensation monétaire à élaborer et les pistes plausibles en la matière.

L’économiste tient à préciser que la subvention se décline en deux types, les biens et les services. Pour les services, consistant en l’éducation, la santé et le logement, l’Etat souligne le maintien du soutien social. Tandis que la subvention directe destinée aux biens, on en trouve les biens, dont l’Etat détient l’exclusivité de fourniture, comme l’électricité, le gaz, le carburant et l’eau. A contrario, des produits alimentaires de large consommation se trouvent au cœur de la nouvelle orientation du soutien social, explique-t-il.
Par ailleurs, le spécialiste relève que l’enjeu du dispositif de subventions est autour des modalités de versement des transferts à mettre en place. «La révision de la politique du soutien n’a jamais fait l’objet d’une contestation. Ce sont plutôt les modalités de versement des transferts qui ont suscité une vive polémique et des appréhensions au Parlement, lors du débat sur la loi de finances 2022», indique-t-il.
L’expert voit que plusieurs pistes sont plausibles pour la mise en œuvre du dispositif de compensation monétaire, citant à titre d’exemple le versement direct des transferts dans les salaires ou encore la mise en place de cartes spéciales pour les bénéficières. L’autre grand défi réside dans le recensement de toutes les familles et personnes concernées par les subventions. «L’élaboration du nouveau dispositif devrait tenir en compte la situation socioéconomique des citoyens. Les salariés au revenu faible, les cas sociaux, les invalides et autres catégories. Et pour cerner toutes ces catégories, l’Etat doit mobiliser l’ensemble de ses organismes et services au niveau des APC. La mission n’est pas facile, mais elle n’est pas impossible non plus», précise-t-il.
Ce sont les points essentiels et des pistes qu’il faudrait, recommande-t-il, débattre en profondeur, lors des assises de la commission nationale, censée être mise sur pied la fin du mois prochain. D’où l’importance, poursuit-il, d’associer quatre parties incontournables : le gouvernement, l’instance législative, les spécialistes et universitaires et les partenaires sociaux (partis politiques, syndicats et associations).
Cependant, l’économiste rappelle que l’engagement de l’Etat à maintenir le soutien social est indiscutable. L’objectif de la révision de la politique de soutien est, dit-il, de concrétiser une justice sociale à travers une distribution équitable des richesses. «Près de17 milliards de dollars de subventions profitent aussi aux couches nanties au détriment de celles au revenu faible. C’est un chiffre faramineux, donc autant savoir l’orienter de manière rationnelle», estime le spécialiste. Elle vise également à optimiser les dépenses publiques, mais aussi et surtout à rationaliser la consommation individuelle, conclut-il.
A. Mehdid