Lyès Merabet, président syndicat des praticiens de la santé publique : «Le jeûne est une thérapie»
Entretien réalisé par Fatma Zohra Hakem
Le président du syndicat national des praticiens de la santé publique, Lyes Merabet, évoque les bienfaits du jeûne. En même temps, il met en gardesur les risques que courent notamment les diabétiques de type 1 et ceux qui souffrent de cardiopathie ou d’insuffisance rénale.
Le jeûne a-t-il des bienfaits sur la santé ?
Oui, c’est clair qu’il a des bienfaits et il est même pratiqué dans des pays non musulmans pour traiter certaines pathologies comme l’excès pondéral. Maisil faut savoir l’intelligence de faire une balance entre le jeûne comme traitement de certaines pathologies et l’impérieuse nécessité de l’équilibre pendant le mois sacré chez les patients atteints de pathologies lourdes, comme les cardiopathies, l’hypertension artérielle, et plus précisément l’insuffisance rénale ou les diabètes. Certaines de ces pathologies ne permettent pas de jeûner mais certains malades le fontau risquede leur vie et de leur santé. Cen’est pas normal, car la religion autorise les malades à ne pas se conformer à cette obligation religieuse. Je ne vois pas comment on peut mettre sa santé en danger.
Quels sont justement les risques chez ces malades ?
C’est au médecin traitant de décider en concertation avec le malade. De manière éclairée, il doit faire comprendre à celui-ci qu’il y a des risques en rapport avec l’abstinence. C’est qu’il y a des médicaments qui doivent être pris à une heure précise et dans des intervalles de temps réguliers qui ne peuvent pas être assurés quand le jeûne dure plus de 12 heures. Il y a enfin des maladies endocriniennes où il faut supplémenter les malades avec des hormones. Mais on ne peut pas le faire en période de jeûne.
Le diabétique de type 1 est-il le sujet qui court le plus risques pendant le Ramadhan ?
Tout à fait. Le risque chez lui est double : le premier est lié àl’hypoglycémie qui fait beaucoup de dégâts pendant le mois de Ramadhan chez le diabétique. Le deuxième concernel’hyperglycémie en cas d’écart de régime et d’un traitement mal institué durant le jeûne. Chez ces malades, des complications importantes et lourdes vont s’installer à moyen et à long terme et sont de plusieurs ordres qui touchent des organes nobles comme les reins, les yeux et les nerfs. Il en est ainsi de la rétinopathie, de la néphropathie et de la neuropathie diabétiques. Autrement dit, les diabétiques peuvent devenir aveugles du fait d’un déséquilibre de leur diabète. Beaucoup aboutissent aussi malheureusement à l’insuffisance rénale. Ces malades doivent savoir que le jeûne est à l’origine de complications directes à travers l’hypoglycémie surtout chez le diabétique de type 1 et des complications indirectes à long et à moyen terme qui sont vasculaires.
F. Z. H.