«Mes Transhumances» d’Aomar Khennouf : Un roman autobiographique

Le roman raconte l’histoire vraie d’un jeune ingénieur fraichement diplômé auquel furent confiées des missions et des responsabilités trop lourdes pour son âge.
Une histoire racontée par son auteur, Aomar Khennouf, lors d’une rencontre littéraire, à l’École d’arts Crescendo, autour de son premier livre intitulé «Mes transhumances», publié aux éditions Les Presses du Chélif.
Aomar Khennouf est né et grandi à Alger. Il est diplômé de l’Institut national de formation en bâtiment (Inforba) et ancien cadre dirigeant dans bon nombre d’entreprises nationales. Il voulait raconter son histoire, sans que ça fasse autobiographique. Il se dit plus à l’aise avec le roman. En 245 pages, Khennouf raconte la vie d’un jeune homme nommé «Weiss», dans les années 1970, qui finit sa formation professionnelle pour devenir chef de projet. Le personnage balance entre histoire d’amour impossible, vie professionnelle et découverte de soi.
L’auteur fait partie de ceux qui dépeignent la réalité en recourant à l’ironie et à l’absurde. Il écrit que contrairement à ceux qui sont venus à la littérature dans l’urgence, lui, a emprunté un autre chemin. Celui de la subversion à travers le ludique, l’ironie et la dérision.
Le roman est d’une grande finesse. Selon les participants à la rencontre, AomarKhennouf appartient aux dignes héritiers des écrivains, romanciers et poètes qui peuvent donner à la littérature algérienne ses lettres de noblesse et pourront la propulser au firmament sur une orbite universelle.
Un roman captivant, notamment à travers la fascination qu’exerce la temporalité sur l’histoire. Et qu’il arrive superbement à décrire, à écrire et à communiquer aux lecteurs. L’envoûtement est garanti dès les premières lignes, dès les premières pages. Une histoire dans un monde où le réel et l’irréel se diluent l’un dans l’autre. Un monde où les héros de l’auteur sont captifs de cet univers et prisonniers de leurs propres destins. Au fur et à mesure que le récit se déroule, on frissonne aux sensations de chaud, de froid, des peurs, et des états d’âmes des personnages. Une dimension aussi temporel qu’intemporel.
Aomar Khennouf avait écrit, pendant longtemps, des vers de poésie. Il se laissa berner par les mots sur ce roman réaliste qui prend forme durant les «belles années». «En 1970, génération de l’indépendance, nous sentions une grande responsabilité. Même jeune, nous étions matures et savions croquer la vie à pleine dents. Développement économique, industriel et culturel, c’était le boom», raconte l’écrivain. Il raconte également les anecdotes de son passé, les rencontres qu’il a pu faire, notamment avec des Moudjahidine, et les notes qu’il a prise tout au long de sa vie, le menant sur la voie de cette première édition.
Le romancier évoque également la quête de soi. «Weiss», le personnage principal de l’histoire, retourne à Djebel Babour, sur les auteurs de Sétif. «En particulier, devant la maison familiale, trouvée en ruine. Weiss ramasse une petite pierre qu’il met dans sa poche, comme pour emporter avec lui son chez-lui d’autrefois», raconte l’auteur. Il a également ajouté à son récit de nombreux événements qui ont marqué sa carrière dans plus d’une région du pays, et ce, dans les années soixante-dix, au début des années quatre-vingt. Khennouf a parlé d’un récit d’amour contradictoire entre un l’homme marxiste et une femme très pieuse qui se fréquentent au cours de l’histoire, considérant que le pouvoir de l’amour et de l’amitié était le raffinement de la vie humaine.
Walid Souahi