Noureddine Benbraham, président de l’Observatoire national de la société civile : «Construire une société civile libre et active»
Dans cet entretien, le nouveau président de l’Observatoire national de la société civile (ONSC), Noureddine Benbraham, insiste sur le dialogue pour donner un nouveau souffle aux associations mais aussi pour asseoir les pratiques démocratiques et la citoyenneté.
Vous avez dernièrement été nommé en tant que nouveau président de l’Observatoire national de la société civile. Quelles sont vos missions et les premiers chantiers à mener?
Il s’agit d’élaborer une stratégie inclusive permettant à la société civile de jouer son rôle de plaidant et créateur de richesse au niveau national et international, que ce soit pour les acteurs résidents en Algérie ou la communauté nationale a l’étranger, ceci à travers d’abord l’organisation d’un dialogue national autour de l’élaboration de cette stratégie, basé sur 5 axes stratégiques prioritaires, à savoir l’amélioration de l’arsenal juridique encadrant la société civile, le développement des capacités et compétences de la société civile, le partenariat entre celle-ci et les pouvoirs publics au niveau central et local, le financement et le développement de la culture de projet associatif et le travail et la coopération internationale. A cet effet, nous avons ouvert ce dialogue, tenu dans la wilaya de Guelma le 31 janvier et le 1er février, à travers une rencontre-débat avec la société civile. Ensuite à travers la mise en place d’un programme national de développement de compétences de la société civile, en collaboration avec divers partenaires nationaux durant l’année 2023.
Justement quels sont les changements que vous envisagez d’apporter pour la concrétisation des objectifs de l’Observatoire?
Il s’agit de dynamiser le rôle du conseil et commissions de l’Observatoire autour des missions décrétées et mettre en œuvre des mécanismes assurant l’efficacité de l’Observatoire au niveau national ainsi que la collaboration avec les divers secteurs en relation directe avec la société civile. D’ailleurs, nous avons signé deux conventions-cadre avec le ministère de la Culture et des Arts et le ministère de l’Environnement et des Energies renouvelables favorisant ainsi la pratique démocratique et l’implication efficace des acteurs de la société civile dans les objectifs de développement national durable.
Dans ce sillage, comment comptez-vous contribuer à la promotion de la citoyenneté, de la pratique démocratique et des valeurs nationales ?
Il est nécessaire d’abord d’outiller les associations sur la pratique de la citoyenneté active, à travers des formations, des groupes de dialogue et de discussion mais aussi la collaboration avec les instances officielles en intégrant l’Observatoire dans les programmes et actions sectorielles locales, nationales et internationales. Aussi l’une des priorités de ce premier trimestre est d’inclure un module de pratique citoyenne dans les programmes de l’enseignement supérieur et éducatif afin d’inculquer les valeurs nationales et la pratique de la citoyenneté active dans le processus de formation de l’élite nationale.
Vous avez insisté sur la nécessité d’activer le Conseil national de la société civile. Qu’en est-il ?
Nous sommes engagés aujourd’hui après la confiance du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en ma personne afin de dynamiser l’Observatoire national de la société civile sur les missions qui lui sont conférées et la vision du chef de l’Etat, à savoir construire une société civile libre et active capable d’assumer sa responsabilité de plaidant face aux autorités et d’évaluer les politiques publiques au service du citoyen et de la nation tant au niveau national qu’international. Je pense que nous avons les compétences nécessaires à l’Observatoire ou en faisant appel aux chercheurs experts des domaines de la société civile pour réaliser cette volonté politique tant revendiquée par la société.
Quels sont vos moyens pour activer la contribution de la société civile dans l’exécution des objectifs du développement durable?
La deuxième priorité de la stratégie de l’Observatoire national de la société civile est le capacity building des acteurs de la société civile. Notre institution est dotée d’une commission consacrée à cela. En parallèle, dans le cadre de la pratique démocratique, une des plus importantes clauses des diverses conventions que nous avons signées et signerons dans les prochains jours est l’intégration de l’Observatoire dans les programmes de formation sectoriels consacrés à la société civile.
L’organe est composé en parité d’hommes et de femmes. Comment le travail s’effectue au quotidien ?
Il s’agit d’un conseil composé du président et de 50 membres, dans une démarche participative. Ces derniers sont organisés en un bureau (4 personnes élues) et de 6 commissions permanentes. Le bureau et le président ont la charge de donner les orientations stratégiques et d’assurer la réalisation des diverses actions proposées par les commissions. Le conseil de l’Observatoire est appelé a se rapprocher du citoyen au niveau national et de la communauté nationale à l’étranger afin de récolter leurs préoccupations, avis et recommandations dans les objectifs de développement tant local, national qu’international en coordination avec les autorités compétentes. L’Observatoire adresse au président de la République à la fin de chaque année un bilan sur ses activités mais surtout un rapport sur la situation de la société civile, son activité et les différents domaines de son intervention, en coordination avec les différents acteurs de la société civile, les administrations et les organismes concernés, en faisant notamment des propositions et recommandations pour le renforcement et la promotion de l’activité de la société civile.
L’Algérie mise sur les jeunes porteurs de projets et d’idées pour assurer le développement du pays. Quels sont, selon vous, les mécanismes qui peuvent faciliter ce processus ?
La jeunesse est l’un des piliers de la société civile en Algérie. Elle est un potentiel humain pouvant drainer des dynamiques très positives pour la société et à cet effet nous travaillerons en étroite collaboration avec le Conseil supérieur de la jeunesse afin de faire sortir le meilleur de notre jeunesse créatrice de richesse.
La société civile a pris de l’ampleur et de l’importance partout dans le monde. Comment comptez-vous faire pour inciter les associations nationales à s’intégrer dans ce mouvement?
Travailler sur l’essentiel et réaliser les objectifs de l’Observatoire national de la société civile, car l’Algérie est parmi les rares pays à avoir consacré un organe constitutionnel consultatif consacré à la promotion du rôle de la société civile. Nous avons un grand chantier pour accompagner les associations nationales à s’intégrer dans les divers organismes internationaux afin de plaider en faveur de l’Algérie.