Quel impact auront les arrêts répétitifs des cours sur le cheminement scolaire des enfants puisque ceux-ci accumulent du retard dans l’avancement des programmes, jamais terminés à temps.
Enseignant dans un CEM, Idir Ramdane affirme que ce nouvel arrêt aura une influence sur le moral et les motivations des élèves et des enseignants. Pour ce professeur de langue arabe, il est impossible de gérer cette situation, faute de temps et de moyens pédagogiques. «Il n’est pas possible d’envisager des heures supplémentaires pour essayer de rattraper le temps perdu. Ce n’est pas possible en raison du grand volume horaire et du long programme», explique-t-il. De ce fait, il estime que les élèves trouveront toutes les peines du monde à se remettre au travail et poursuivre sereinement les cours.
Enseignant du primaire, Nassim Meriem abonde dans le même sens. Il soutient que cette pause aura certainement des répercussions sur les élèves et perturbera le travail des enseignants. «C’est un arrêt qui n’arrange l’élève, qui doit être à jour», indique-t-il. Selon lui, il est impossible, par manque de temps, de rattraper le retard à la reprise. «Nous sommes contraints de continuer le programme», dit-il.
Le pédagogue Bachir Hakem estime que nous n’avons jamais tenu compte du rythme scolaire et de son impact sur l’élève. «Nous avons, lors du premier confinement, tronqué l’année scolaire d’un trimestre, et nous nous sommes jamais posé la question de son impact. Pendant ce temps, les cours particuliers se poursuivaient. Nous avons amputé l’année scolaire d’un trimestre et les taux de réussite au baccalauréat ont été les mêmes pendant deux années de suite», rappelle-t-il. Selon lui, les répercussions se ressentiront à l’Université, car les programmes n’ont pas été achevés et dans les meilleures conditions, suivant un rythme scolaire bien établi. «Nous avons jusqu’à ce jour un retard sur les programmes officiels de 10 jours pour le premier trimestre, et 10 autres jours maintenant», affirme-t-il.
Toutefois, il précise que ces retards accumulés pendant ces trois années et les années précédentes, lorsqu’on avait instauré le seuil des programmes, se sont ressentis sur le niveau des étudiants et de la formation. Enfin, le pédagogue met en avant l’urgence de lancer des reformes, notamment dans le palier secondaire. «Mieux vaut tard que jamais. Un cycle secondaire à quatre années permettra de rattraper les retards accumulés pendant cette pandémie», juge-t-il. Dans ce sillage, il estime nécessaire d’effectuer la réforme du bac en deux parties et de réaliser l’examen final de la quatrième année secondaire en trois jours avec uniquement les matières dites essentielles», souligne Bachir Hakem. Et de conclure: «Il faut revoir l’examen du baccalauréat, le rythme scolaire au niveau du secondaire et l’orientation.»