Polycliniques : A nouveau sur le qui-vive
La cote d’alerte est bel et bien atteinte avec le nombre de nouveaux cas confirmés de coronavirus qui ne cesse d’augmenter, de jour en jour, frôlant les 2.000 par jour. Une situation qui, sans doute, plongera les structures sanitaires dans un état de saturation et compliquera la prise en charge des personnes contaminées. C’est le cas des polycliniques de proximité qui ne désemplissent pas.
Force est de constater qu’entre le service médical à assurer et le respect du protocole sanitaire au sein des locaux, la mission du personnel soignant s’avère difficile. A l’établissement public de santé de proximité (EPSP) de Dely Brahim (Alger), dès l’entrée, l’agent de sécurité est contraint de faire le gendarme en rappelant aux patients qui se rendent à la polyclinique que le port du masque est obligatoire. A l’intérieur, ce sont deux personnes à l’accueil qui veillent au respect de la distanciation physique, en invitant les présents à s’éloigner les uns des autres. Toujours dans le cadre du protocole sanitaire, quelques bancs ont été évacués des halls d’attente, alors que ceux maintenus, espacés, peuvent accueillir seulement deux personnes.
«Nous avons essayé d’aménager les espaces pour accueillir les patients dans les conditions sanitaires requises et éviter que les polycliniques se transforment, en cette 4e vague, en lieu de transmission du virus par excellence», indique Samia, infirmière de son état. Pour ce qui est des cas reçus, la majorité consulte, précise-t-elle, pour soupçon de contamination à la Covid-19, dont les symptômes s’apparentent à ceux de la grippe saisonnière.
«Depuis ce rebond des cas de contamination, nous assistons chaque jour à un rush, alors que nous n’avons pas eu le temps de reprendre notre souffle. C’est épuisant, et il faut que les gens soient conscients de ce que subit le personnel soignant dans les établissements sanitaires. C’est la responsabilité de tous, autrement, nous risquons de revivre le cauchemar de l’été dernier», alerte-t-elle.
Du côté des patients, visiblement beaucoup font preuve de conscience et de vigilance, si ce n’est quelques cas de relâchement constatés ici et là. «La situation est inquiétante, et il nous appartient d’être très prudents en respectant les mesures préventives. Normalement, avec le temps, nous avons pu développer certains reflexes pour nous protéger et protéger les autres», indique Wahiba, une mère de famille qui accompagne sa fille pour une consultation.
Le personnel médical, étant en première ligne, ne lésine pas sur les efforts et répond à l’appel du devoir, malgré l’épuisement. Les médecins œuvrent à assurer le service et ne cessent de mettre en garde contre la dangerosité des variants du coronavirus. «Ça tue, prudence, prudence», martèlent-ils dans les salles de soins.
Aziza Mehdid
Zineb Khelifi, psychologue clinicienne : «Les distorsions cognitives sont à l’origine de la négligence»
Dans cet entretien, la psychologue clinicienne Zineb Khelifi rappelle que la majorité de nos concitoyens ont des distorsions cognitives qui se traduisent notamment par une sous-estimation et une dédramatisation des faits en faisant un lien entre l’épidémie et la situation socio-économique du pays.
Quelles sont les séquelles psychologiques que pourraient entraîner les différents variants du Covid-19 sur l’individu algérien ?
Tout d’abord, il faut comprendre que l’apparition de la pandémie a impacté à son début la psychologie de tous les individus, en prenant connaissance des taux de létalité du virus. Ainsi et avant de contracter le virus, le gens étaient déjà effrayés. Une fois la personne infectée, elle se met en tête qu’elle est sujette à la mort, ce qui provoque en elle une angoisse de mort durant sa maladie. Après la guérison, le malade pourrait souffrir d’autres troubles psychologiques à l’image d’un post-traumatisme, qui se traduit par les cauchemars et l’angoisse de mort revient avec acuité. Ce dernier est un trouble très dangereux voire synonyme d’une mort lente. D’ailleurs, beaucoup de gens ont succombé, durant la pandémie, à leur état psychologique dégradant.
Quelle prise en charge psychologique faut-il assurer aux personnes atteintes de la Covid-19 au sein des hôpitaux ?
La prise en charge au niveau des hôpitaux est d’une grande importance dans la mesure où la santé mentale de la personne est indissociable de sa santé physique. Nous avons déjà procédé à des séances de prise en charge des personnes non atteintes de la Covid-19, afin de leur expliquer de quoi il s’agit et quelles sont les différentes séquelles physiques et psychologiques qu’elles pourraient avoir en contractant le virus, notamment l’insomnie et la fatigue. C’est une sorte de préparation psychologique de la personne visant à atténuer la gravité de la maladie sur le plan psychologique. Et en pleine infection, le psychologue devrait intervenir en soumettant le patient à des techniques thérapeutiques pour l’aider à surmonter les troubles afférents à la Covid-19, telles que la relaxation et la méditation.