Pouvoir d’achat : Production et salaires font bon ménage

«Nous œuvrons, dans la mesure du possible et de manière progressive, à augmenter le pouvoir d’achat du citoyen», a déclaré le président de la République lors de son entrevue périodique avec les représentants de la presse nationale.

Outre l’instauration de l’allocation chômage, il a évoqué la diminution de l’IRG, l’augmentation du point indiciaire dans les salaires des fonctionnaires et des pensions de retraite. Toutes ces mesures ont pour objectif l’augmentation du pouvoir d’achat des ménages, a fait remarquer le chef de l’Etat, avant d’annoncer une augmentation des salaires et de l’allocation chômage d’ici à la fin de l’année. Il reste à savoir si ces augmentations sont à même de juguler le processus inflationniste que subit actuellement l’économie nationale. Selon l’expert en économie Kamel Kheffache, «il fallait prendre des mesures pour améliorer le pouvoir d’achat face à la hausse généralisée des prix qui s’est amorcée depuis 2021». «Ces augmentations pourraient, toutefois, perdre leur effet correctif si les prix continuent leur tendance haussière», prévient-il, tout en suggérant d’«agir sur d’autres leviers pour estomper l’impact de la crise économique sur certaines couches sociales et assurer la cohérence du tissu social». Pour lui, «il ne suffit pas de revaloriser les salaires pour améliorer le pouvoir d’achat des ménages et lutter efficacement contre les fragilités sociales», soulignant «la nécessité d’accompagner cette mesure par l’amélioration de la production nationale». Dans le secteur économique, poursuit-il, «les chefs d’entreprises n’augmentent les salaires que lorsqu’il ya une contrepartie en termes de productivité, de vente et de bénéfices. L’augmentation des salaires a un coût qui peut impacter négativement les résultats de l’entreprises dans un contexte économique aussi difficile que concurrentiel». «La hausse des salaires serait même insoutenable par certaines entreprises qui sont seulement à 40% de leurs capacités. Elles ne peuvent, par conséquent, dégager une valeur ajoutée importante pour pouvoir toucher aux salaires», précise Kheffache. Il explique, dans le détail, que «dans le cas où l’on n’arrive pas à maîtriser l’ensemble des paramètres qui contribuent à la formation des prix, les mesures prises en faveur des salariés n’auront pas les résultats escomptés. Il ne faut pas oublier qu’il existe sur le marché des produits qui sont importés et qui ne peuvent, en aucun cas,  échapper à l’inflation internationale».
Devant, aujourd’hui, la vulnérabilité de l’économie nationale et la hausse des prix qui ne cesse d’évoluer à l’international, l’économiste estime nécessaire de «définir le pouvoir d’achat par rapport à un panier du revenu moyen pour pouvoir répondre aux besoins quotidiens de certaines catégories sociales». Il appelle aussi à «revoir notre modèle de consommation, afin d’arriver à une gestion rationnelle des ménages». Selon lui, «l’Etat intervient pour réajuster les salaires. Mais c’est aux consommateurs d’apprendre à rationnaliser leurs achats et éviter le gaspillage devenu un phénomène social, environnemental et économique». «Il concerne, d’ailleurs, tous les types d’aliments, notamment les produits à base de blé où il a été remarqué une surconsommation», affirme-t-il. Il salue, dans ce sillage, «la décision des pouvoir publics de revoir le mécanisme des subventions qui devrait bientôt être dirigé vers les personnes et non vers les produits».
Assia Boucetta