Dans un entretien à Al Jazeera : Le président Tebboune réaffirme les positions de l’Algérie
Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a affirmé que la question du Sahara occidental était une affaire de pure décolonisation, soulignant que « l’Algérie qui milite pour la liberté des peuples soutient le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination ».
Dans une interview accordée à la chaîne qatarie « Al-Jazeera », diffusée ce mercredi, le Président Tebboune a affirmé que la question du Sahara occidental était une affaire de pure décolonisation, inscrite au niveau de la Commission de décolonisation à l’ONU. « Nous avons milité en sa faveur et nous continuons à militer pour la liberté des peuples. Nous soutenons le droit du peuple sahraoui au référendum et nous soutenons son choix, quel qu’il soit », a-t-il déclaré. L’ouverture de consulats dans les territoires sahraouis occupés relève du « folklore diplomatique », a-t-il dit, rappelant « le grand nombre de pays qui reconnaissent la République sahraouie, un des membre fondateur de l’Union africaine ».
Evoquant les surenchères et les mystifications autour de la position algérienne à l’égard de la question sahraouie, le président de la République a indiqué que le gouvernement espagnol de Franco avait proposé le Sahara occidental à l’Algérie en 1964, proposition rejetée à l’époque par le regretté Président Ahmed Ben Bella.
Sur un possible changement de la position algérienne vis-à-vis de l’Espagne en cas de changement de gouvernement dans ce pays, le Président Tebboune a soutenu que « les propos du chef du gouvernement Pedro Sanchez (concernant le Sahara occidental) ne seront plus de mise en cas de changement de gouvernement espagnol », estimant que « ce qu’il a fait est injuste envers le peuple sahraoui et constitue une violation des us internationaux et du Droit international ».
Le président de la République a tenu à rassurer le peuple espagnol sur la continuité de son approvisionnement en gaz naturel. « Le gaz bénéficie au peuple et non à Sanchez. Il y a même eu une augmentation des approvisionnements car nous pensons à l’avenir des peuples », a-t-il expliqué.
Pour le Président Tebboune, le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité et vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell a tenté une médiation en vue de trouver une solution à la crise entre l’Algérie et l’Espagne.
« Néanmoins, je lui ai expliqué qu’il était difficile pour Sanchez de revenir politiquement sur sa décision », a-t-il indiqué avant d’ajouter qu’il était attendu que l’Espagne prenne « une position similaire à celle de l’UE et Borrell s’est montré compréhensif à l’égard de notre position ». Le Président Tebboune estime que le gouvernement espagnol « a violé » le Traité de bon voisinage et de coopération qui le liait à l’Algérie », soulignant que l’Espagne reste un Etat ami ayant avec l’Algérie une relation » très bonne, qui n’a pas changé avec les institutions espagnoles, le peuple et le palais royal ».
Le président de la République a, en outre, relevé que « le gouvernement espagnol feint d’ignorer qu’il est la puissance administrante du Sahara occidental, ce qu’atteste le droit international et les us internationaux », indiquant que l’Espagne était censée être neutre, « mais a été impartiale du fait d’agissements secrets qui ne la déchargent pas de sa responsabilité ». Le Président Tebboune a affirmé que le roi d’Espagne, les ministres du gouvernement et même le Parlement espagnol n’étaient pas au courant de la position de Sanchez, que nous considérons comme « position individuelle et difficile à gérer ».
Pour le président de la République, les échanges commerciaux avec l’Espagne ne se sont pas interrompus, relevant même l’existence de certains contrats commerciaux toujours en vigueur entre les privés, même si les échanges ont « sensiblement baissé, les opérateurs algériens ayant été affectés au même titre que l’Etat algérien par l’attitude espagnole qui n’a pas été à la hauteur de la confiance et de l’amitié qui nous unissaient ».
Le Président Tebboune a dit, par ailleurs, « regretter que les relations algéro-marocaines en soient arrivées à ce stade entre deux pays voisins » soulignant que les relations entre les deux pays sont arrivées à « un point de non-retour » et que la position algérienne était une « réaction ».
Algérie-Italie : Des relations fondées sur une amitié profonde et transparente
Evoquant les relations avec l’Italie, le Chef de l’Etat a affirmé qu’elles étaient « stratégiques, historiques et très solides, remontant à l’époque de la Guerre de libération », relevant que l’accord sur l’énergie avec l’Italie « couvre l’électricité, le gaz et l’hydrogène, et nous œuvrons à le mettre en œuvre en coopération avec l’Europe ».
Concernant la crise en Ukraine, le Président Tebboune a indiqué que « l’Algérie est habilitée à jouer un rôle de médiation dans la crise ukrainienne, l’Algérie étant parmi les rares pays à jouir de la crédibilité nécessaire pour s’acquitter de cette mission », ajoutant que « ma visite en Russie est toujours d’actualité et aura lieu le mois de mai sur invitation du président russe ».
Les relations entre l’Algérie et la France «évoluent en dents de scie»
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé que les relations entre l’Algérie et la France «sont ordinaires», et «évoluent en dents de scie à certaines périodes», précisant que le retour de l’ambassadeur d’Algérie à Paris «n’est pas à exclure».
«Les relations avec la France sont ordinaires et évoluent souvent en dents de scie, au vu d’un passé douloureux de 132 ans de colonisation», a précisé le président de la République dans une interview accordée à la chaîne qatarie «Al Jazeera», diffusée hier. La période coloniale était marquée par des «faits très tragiques», a rappelé le président Tebboune, soulignant que le peuple algérien «est attaché à sa mémoire et à son Histoire, auxquelles il n’est pas prêt à renoncer, de par son souci de garder en mémoire toutes les étapes par lesquelles il est passé». En réponse à une question sur un éventuel retour de l’ambassadeur d’Algérie à Paris pour reprendre ses fonctions, le président de la République a indiqué que ce retour «n’est pas à exclure», compte tenu de la forte communauté algérienne établie en France et de la nécessité d’«assurer les missions consulaires» pour la prise en charge de ses préoccupations.
Le Président Tebboune a évoqué la cause palestinienne qu’il a qualifiée de « cause centrale » et de « question quasi interne en Algérie ».
L’Algérie n’abandonnera jamais la Tunisie, cible d’un complot
Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a affirmé que l’Algérie « n’abandonnera jamais la Tunisie », cible d’un complot ourdi par plusieurs parties, et apporte son soutien au président tunisien, M. Kaïs Saïed, élu par son peuple.
« Nous n’abandonnerons pas la Tunisie, n’en déplaise à certaines parties », a déclaré le Président Tebboune dans une interview accordée à la chaîne « Al Jazeera » diffusée mercredi.
S’exprimant sur les liens unissant l’Algérie et la Tunisie, pays frère, le président de la République a évoqué l’existence d’un complot ourdi contre la Tunisie par plusieurs parties, précisant que « les choses se sont compliquées davantage après l’accueil réservé par la Tunisie au président de la République arabe sahraouie démocratique, Brahim Ghali ».
L’Algérie apporte son soutien au président Kaïs Saïed, car étant « le symbole que le peuple a élu » et non un président « imposé ou installé suite à un coup d’Etat », a précisé le président de la République, soulignant par la même que « l’Algérie ne s’immisce pas dans les affaires internes de la Tunisie ».
Parler de prétendues restrictions aux libertés en Algérie, procède de tentatives de déstabilisation
M. Abdelmadjid Tebboune a affirmé que les prétendues restrictions aux libertés et aux médias en Algérie avancées à chaque fois par certaines parties « sont intimement liées aux tentatives de déstabilisation » du pays.
Le Président Tebboune a indiqué que les prétendues restrictions aux libertés avancées, à chaque fois, par certaines parties « sont intimement liées aux tentatives de déstabilisation de l’Algérie », ciblée « tous les quatre ou cinq ans par ce qui est communément connu sous l’appellation de +soft power+, à travers l’exploitation d’individus, soutenus depuis l’étranger ».
Le président de la République a rappelé que l’Algérie comptait « 8500 journalistes, 180 quotidiens et 20 chaînes de télévision privées, en sus d’autres médias », soutenant que l’Etat « n’a jamais imposé de restrictions à leur encontre ». Relevant que ces médias « critiquent l’Etat », le Chef de l’Etat a indiqué que « les critiques sont les bienvenues à travers la proposition d’idées alternatives et de plans économiques différents de ceux adoptés par le gouvernement ».
Cependant, « les insultes et la défense des intérêts étrangers ainsi que la perception de fonds étrangers est chose inacceptable », a souligné le Président Tebboune.
Par ailleurs, le président de la République a critiqué les rapports erronés de l’Organisation Amnesty international contre l’Algérie, appelant cette ONG à diriger ses efforts pour dévoiler les exactions commises contre les enfants palestiniens emprisonnés dans les geôles de l’entité sioniste.