Produits alimentaires: Les prix s’envolent
Les prix des produits de large consommation connaissent une hausse à tendance progressive au niveau de la majorité des supérettes, des marchés et des grandes surfaces commerciales. Retombés de la pandémie du Covid-19, spéculation commerciale ou crise économique, les raisons restent floues pour les consommateurs algériens, qui se disent ruinés depuis quelques mois et qui s’attendent à passer une année difficile.
Dès le début de l’année, des hausses vertigineuses sur les prix mettent à mal le portefeuille des petites bourses et les classes moyennes, qui peinent à joindre les deux bouts. Sur les étals, deux produits en particulier sont au cœur des controverses; les pâtes alimentaires et les légumes secs qui ont connu une hausse allant de 10 à 20 DA par produit. Au niveau de la grande surface «Ardis», les prix de ces deux produits de large consommation sont exorbitants. Les pois chiches sont affichés à 220 DA, les haricots secs à 330 DA, les lentilles à 250 DA et les pois cassés à 120 DA. Les pâtes, quant à elles, oscillent entre 65 DA pour les spaghettis jusqu’à 90 DA pour le couscous. Du côté des fruits et légumes, les prix donnent le tournis. La pomme de terre affichée à 70 DA le kilogramme semble ne pas trouver sa clientèle. L’haricot vert est proposé à 300 DA, les petits pois à 250 DA, les fèves sont vendues à 150 DA et la courgette, elle, est affichée à 100 DA. Le chou-fleur et la laitue sont également au même prix. Les poivrons et le piment sont cédés à 130 DA tandis que les carottes, les navets, le fenouil et l’artichaut se sont alignés sur le prix de 80 DA le kilo. Il est à noter que le niveau de vie des ménages à faibles revenus dépend directement des produits de large consommation qui y consacrent la majeure partie de leurs revenus notamment pour des aliments indispensables tels que la tomate, vendue à 90 dinars ou encore l’oignon affiché à de 80 dinars. Pour ce qui est des fruits, les prix ont également augmenté dans l’ensemble. La banane est proposée à 260 dinars le kilogramme. La pomme de production locale et la grenade sont vendues à 180 dinars. Les dattes, elles, sont proposées entre 300 et 650 dinars selon la variété, tandis que l’orange est à 150 dinars. Les consommateurs que nous avons rencontrés sur les lieux se disent inquiets. Abdelkader, chef de famille et salarié dans une entreprise, assure que ses revenus ne suffisent plus à couvrir ses besoins. «Je ne fais pas de folie dans les marchés. Habituellement, c’est un kilogramme de chaque légume pour les courses d’une semaine, et encore ! Cela suffit pour ruiner mon portefeuille», nous confia-t-il. Selon lui, ces derniers mois, les prix ont tellement été revus à la hausse, qu’il ne peut plus se permettre de faire des courses comme à l’accoutumée. «Nous sommes venus dans cette grande surface commerciale pour tenter de trouver des prix bas. A Près d’un mois du Ramadhan, nous pensions faire quelques réserves avant que les prix ne soient inabordables», a-t-il ajouté. Il est accompagné de sa femme, poussant un chariot à moitié vide, ne comptant que quelques paquets de semouline et de pates. Son épouse estime que le budget pour s’approvisionner en produits nécessaires pour la préparation d’un plat courant avoisinerait les 500 DA. Selon elle, le couffin est chèrement payé pour garantir à la famille une alimentation de base. «Les légumes secs, qui étaient le recours pour les petites bourses de s’alimenter, sont désormais hors de portée, même pour les ménages à revenus moyens. La situation est alarmante», s’affole-t-elle.
Maigres chariots
Un autre interlocuteur nous confie son désarroi. Accompagné de sa petite famille, il pensait trouver quelques soldes et réductions pour remplir son chariot. Il n’en est guère le cas et les prix, constate-t-il, ont été revus à la hausse. «Habituellement, à l’approche du mois de Ramadhan, les supermarchés proposent des promotions sur les produits qui se conservent longtemps, notamment les pâtes, l’huile ou encore les produits d’entretien ménager. Cette année, les étals sont vides, les prix sont chers et nous sommes livrés à nous-même», nous lance-t-il. Karim Laroussi se présente comme étant un citoyen lambda, tentant de s’en sortir avec un salaire moyen et une famille de 4 personnes à nourrir. «La situation a commencé à se dégrader bien avant la pandémie. Les prix sont de plus en plus chers et on nous assure que ce n’est que passager, mais c’est faux. Le constat amer est là ! Nous n’arrivons même plus à remplir notre couffin», s’emporte le quadragénaire. Selon lui, la pandémie n’a fait que mettre à nue certaines pratiques. «Les commerçants privilégient l’enrichissement et ne pensent qu’à faire des bénéfices. Les pouvoirs publics ne régulent pas assez le marché et laissent les commerçants imposer leur diktat et le consommateur subit, depuis déjà quelques années, les retombées d’une politique commerciale désorientée», a-t-il énuméré. Pour Laroussi, il faudra placer le consommateur au cœur des débats, étant le premier concerné par les politiques engagées dans ce sens. «Il faudra imposer une régulation plus pointue et rigoureuse sur les prix et contrôler les commerçants véreux. Nous avons constaté l’ampleur du contrôle durant les heures de confinement. Pourquoi cela ne se fait-il donc pas pour les prix?», s’interroge-t-il. Il espère toutefois que les autorités dépêchent une politique commerciale plus axée sur la préservation du pouvoir d’achat du consommateur par cette conjoncture exceptionnelle. «La Covid-19 est l’épée de Damoclès. Ses retombées sont imprévisibles et nous ignorons encore quels seront ses impacts futurs. Pour l’instant, la flambée des prix semble bien partie pour durer, il faudra seulement changer notre manière de consommer et d’adopter de nouveaux comportements, comme cela a été avec nombre de nos habitudes depuis l’année dernière», a-t-il conclu. W. S.