Rabah Aoudjit, chercheur à l’institut national de la recherche agronomique d’Algérie : «L’agriculture moderne cause des dégâts»
Plus de 87% des principales cultures vivrières ont besoin de pollinisateurs dont la disparition peut provoquer l’extinction de plantes qui en dépendent. Pour Rabah Aoudjit, chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique d’Algérie (INRAA), «la perte des pollinisateurs induit une baisse d’environ 90% du rendement de la pastèque, de la courgette, du kiwi et de la citrouille».
Dans le cadre d’un projet de coopération entre l’INRAA et le Centre international de recherche agricole dans les zones arides (Icarda), l’Algérie a bénéficié d’un programme de sauvegarde des insectes. Le projet «conservation de la diversité des pollinisateurs pour améliorer la résilience aux changements climatiques» a vu sa première phase démarrer en 2017 pour une durée de 3 ans. Ilse poursuivra dans6 pays dont la Tunisie, la Jordanie, la Palestine, l’Égypte et la Turquie.
Approche agro-écologique et socio-économique, il est l’une des solutions pour l’amélioration des rendements des cultures et le renforcement de résilience de celles-ci aux changements climatiques. «Sur le plan de l’adaptabilité à ces derniers, la pollinisation croisée améliore la diversité génétique dépendante des pollinisateurs», lance t-il.
S’agissant des causes de disparition d’espèces d’insectes pollinisateurs sauvages et domestiques, le chercheur évoque en premier la modernisation des pratiques agricoles. «Les pollinisateurs n’y trouvent pas du pollen du nectar ni de sites de nidification durant toute l’année», relève-t-il.
Pour y remédier, notre interlocuteur recommande l’utilisation des pesticides au lever ou au coucher du soleil où il y a moins d’envol d’insectes pollinisateurs.
Pour prévenir le danger de leur disparition, il propose également l’alternative qui consiste «à réaliser des aménagements de champs lampe et l’amélioration des habitats utiles en général et pollinisateurs en particulier». «Elle consiste en l’occupation de 25% de la surface du champ de plantes attractives ayant une floraison échelonnée et 75% de la superficie doit être réservée à la culture principale», explique-t-il. « L’évaluation de l’efficience des aménagements des habitats des insectes utiles est réalisable grâce à des champs de contrôle composés de la culture principale», ajoute-t-il.
En Algérie, les experts du projet ont choisi trois cultures principales dépendantes de la pollinisation. Il s’agit de celles de la courgette, des fèves et des tomates.
Les essais sont entrepris dans la région de Touggourt où une équipe de chercheurs et techniciens dirigée par le Dr Dahliz, entomologiste principal, est à pied d’œuvre.
Les résultats attendus sont liés à la diversité et à une présence élevée de pollinisateurs, à la réduction du nombre d’insectes ravageurs. Enfin, la production de fruits homogènes et calibrés sera plus importante.