Salah Sahabi-Abed, directeur du Centre climatologique national : «Prendre des mesures pour faire face aux vagues de chaleur»
Le directeur du Centre climatologique national (CCN) de l’Office national de la météorologie, Salah Sahabi-Abed, avertit que les vagues de chaleur vont augmenter dans le futur sur le plan de l’intensité, de la durée et de la fréquence, en appelant plusieurs secteurs à s’y préparer, notamment celui de la santé et des ressources hydriques.
Quels sont les impacts de la canicule ?
La hausse des températures a des impacts tant sur l’humain que sur l’environnement. Sur le plan humain, ça génère de l’inconfort, du stress et des problèmes de santé. J’ai déjà publié une étude qui parle de la température physiologique équivalente, la température d’équilibre du corps humain en fonction de l’augmentation de la chaleur. Cette étude montre qu’avec une hausse de la température, il y a une augmentation proportionnelle de l’inconfort humain et de l’état de stress. Il y a lieu d’évoquer dans ce cadre l’impact de la hausse des températures sur les malades chroniques ainsi que sur les plus âgés. S’agissant de l’impact sur l’environnement, il y aura beaucoup plus de sécheresse, d’évaporation et le temps sera lourd.
Allons-nous souvent assister à ce genre de phénomène dans les années à venir ?
Il y a beaucoup d’études dans ce sens qui montrent qu’il y aura des vagues de chaleur, dont l’intensité, la durée et la fréquence seront en hausse. Toutes les études convergent sur une augmentation des températures à l’horizon 2030, 2050.
Quelles en seraient les conséquences sur l’environnement ?
S’agissant des conséquences sur l’environnement, on enregistrera beaucoup d’évaporation, un raccourcissement de la saison agricole, un déplacement des saisons avec un été qui aura lieu plus tôt que prévu, des hivers plus doux avec parfois de fortes pluies, et la répartition temporelle et même spatiale des précipitations pourrait aussi être affectée par ces changements climatiques. Il y a lieu de noter que la canicule génère plus d’évaporation. Autrement dit, le secteur des ressources hydriques doit être en mesure de produire davantage d’eau, pour combler le manque de pluies et l’importante consommation durant les journées caniculaires. La démographie va augmenter à l’horizon 2030, ce qui implique la nécessité de prendre des mesures en matière d’approvisionnement en eau, que ce soit pour l’agriculture ou pour les besoins domestiques.
Quels sont les moyens de prévention pour faire face aux canicules ?
Il faut inciter plusieurs secteurs à prendre les dispositions nécessaires. L’un des secteurs qui doit s’y préparer est celui de la santé, car on va enregistrer de plus en plus de situations de stress et de chaleur et des phénomènes extrêmes, tels des vents de sable importants, comme celui enregistré le 15 mars dernier dans la région de l’Oranie, où on fait état d’une multitude de cas d’insuffisance respiratoire. C’est un problème de santé qui risque de surgir et se répéter. Ce qui devrait inciter le ministère de la Santé à prendre les dispositions nécessaires pour pallier ce problème dans le futur. En ce sens qu’il y aura, au niveau des établissements de santé, des cas d’admission de malades pour cause de chaleur. Il faut se rappeler la vague de chaleur de 2003 en France qui avait fait 15.000 morts.